Parasitologie
ANALYSE MIXTE
Auteur(s) : Par Matthieu Pinson
Une étude présentée lors du dernier salon Space montre que les élevages plein air de poules pondeuses sont davantage porteurs de parasites. Le traitement régulier est le principal levier du contrôle parasitaire.
La dernière édition du Salon international de l'élevage (Space), qui s'est tenue à Rennes du 17 au 19 septembre 2024, a donné lieu à la présentation de divers projets de recherche sur les maladies aviaires. Parmi eux, le portage parasitaire dans les élevages plein air. La pression helminthique y est sous-estimée, ont mis en lumière Léa Ottman, chargée de mission en santé animale à l'Institut technique de l'aviculture (Itavi), et Jean-Michel Répérant, ingénieur de recherche à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Un constat qui découle du suivi, sur une période de quatre années, de 171 élevages, dont 106 de poules pondeuses, et 65 de poulets de chair.
Les helminthes ont été recherchés sur au moins 4 volailles, par une méthode de tamisage (voir plus bas). Résultat, 93 % des élevages de poules pondeuses étaient porteurs d’au moins 1 parasite (74 % pour Ascaridia, 88 % pour Heterakis, 43 % pour Raillieina et 9 % pour Capillaria). Les exploitations de poulets de chair étaient 46 % à être porteurs d’ascaris ou de Heterakis. Les nématodes ont été de loin les vers parasites les plus retrouvés. Une diversité de portage entre les individus d’un même élevage a également été mise en évidence, confirmant la nécessité de prélever a minima 4 volailles par analyse.
Le tamisage détecte plus d’élevages positifs
Selon cette étude, la coproscopie, soit la méthode classique de recherche de vers, n’est pas la plus appropriée. Bien que peu coûteuse et rapide à réaliser, elle ne permet toutefois pas de mesurer la charge parasitaire individuelle. De plus, elle nécessite d’avoir des prélèvements comptant un minimum d'œufs (seuil 50 œufs/g de selles) ; cette quantité n’est pas corrélée au nombre de vers. Dans le cas de prélèvements environnementaux, le risque de mettre en évidence des œufs de vers non parasites existe. Sans oublier la difficulté de diagnose : certains œufs ont des morphologies semblables, tels les ascaris et les hétérakis, ce qui crée parfois des confusions. Dans ce contexte, une autre méthode de recherche d’helminthes a été développée, celle dite de tamisage. Elle consiste en un examen direct des intestins suivi de tamisages successifs du contenu digestif et d'une observation sur fond noir. Une technique qui met en évidence les grands vers (avec dénombrement possible), mais aussi les plus petits (Heterakis ou Capillaria, par exemple). Dans cette étude, une coproscopie a été réalisée parallèlement à la méthode par tamisage dans 9 élevages. Parmi les 7 élevages positifs au tamisage, seul 1 a également été positif en coproscopie, ce qui indique que la méthode de tamisage possède un seuil de détection plus faible et facilite la caractérisation des vers.
Un effet négligeable de l’aménagement des parcours
Le haut niveau de portage en poules pondeuses est en partie expliqué par le délai entre le prélèvement et l'administration du vermifuge. Pour la majorité des prélèvements, ce délai était en effet supérieur à la période prépatente des parasites. De plus, il a été démontré que le nombre d’helminthes par individu était positivement corrélé à ce délai. Autrement dit, plus le délai entre deux traitements est long, plus la charge parasitaire augmente. La régularité des traitements vermifuges en volailles plein air se révèle donc primordiale dans la gestion du parasitisme intestinal. L’impact du parcours a aussi été évalué. Il n'y avait pas d'incidence sur la charge parasitaire, quelle que soit sa nature (forestiers, diversifiés, nus, etc.). L’hypothèse est que les volailles se contaminent surtout en bâtiments. Pour conclure, c’est donc le traitement régulier qui constitue le principal levier pour réduire les charges parasitaires, et pas l’aménagement du parcours.