Agir en entreprise durable et responsable

La France a émis 623 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2022. Pour le secteur de la santé, ce sont 49 millions de tonnes de CO2éq, soit 8 % des émissions nationales, ce qui correspond à son poids dans l’économie. L’empreinte carbone évalue le niveau d’émissions de gaz à effet de serre (GES) imputables à une activité. D’après les données de The Shift Project, think tank qui s’intéresse à la transition énergétique de l’économie, en santé humaine, 50 % de l’empreinte carbone est due aux achats de médicaments et de dispositifs médicaux, 9 % au transport des usagers et des visiteurs. Décarboner le secteur nécessite d’agir en priorité sur ces deux postes.

Stratégies bas carbone applicables

Caroline Bégule a créé l’entreprise RSE Made Easy afin d’aider les sociétés à mettre en place une démarche RSE en leur sein. Elle a rappelé que dans l’optique de neutralité carbone en 2050, l’objectif est de réduire de 80 % les émissions de GES d’ici là, ce qui aurait correspondu à une diminution de 5 % par an à mettre en œuvre à partir de 2020. Par analogie avec la santé humaine, notre consœur a suggéré plusieurs stratégies de réduction des émissions applicables aux achats de médicaments vétérinaires. Il convient ainsi :

- d'appliquer l’écoprescription, c'est-à-dire choisir le médicament qui, à efficacité égale, aura le moins d’impact négatif sur l’environnement. Pour cela, Caroline Bégule conseille de questionner les fournisseurs ;

- de raisonner la prescription des antiparasitaires externes et internes, des antibiotiques et autres médicaments ;

- de diminuer le gaspillage des médicaments non utilisés (MNU). Ce phénomène représente 40 % des médicaments en médecine humaine ; le chiffre est probablement moindre en médecine vétérinaire.

Et pour les dispositifs médicaux, elle recommande également l’écoprescription (choisir celui qui a le moins d’impact négatif), de réduire l’usage, de réutiliser et réparer lorsque cela est possible. À noter qu’en santé humaine, à côté des mesures de décarbonation, The Shift Project a conçu un plan de prévention, de promotion de la santé et du juste soin, une clé pour des soins plus sobres en carbone.

Une clinique vétérinaire en chemin vers l’écoresponsabilité

Vincent Pirson et ses associés ont décidé d’engager une réflexion RSE dans le cadre de la création récente de leur clinique de référé exclusif. La structure étant située sur une technopole, elle bénéficie de la mutualisation de services au niveau énergétique, par exemple un d'une alimentation par panneaux photovoltaïques en autoconsommation collective. L’électricité est produite en circuit court, à moins de dix kilomètres de la clinique. Les salariés reçoivent une aide pour l’achat d'un vélo électrique, de transports collectifs de proximité, et ont à leur disposition des bornes de recharge pour les véhicules électriques. Afin de réduire ses déchets volumineux, la clinique a cherché à stériliser le matériel sans sac, dans des boîtes métalliques. Les associés expérimentent des solutions et les retiennent ou pas, selon leur faisabilité et leur cohérence globale. Un processus chronophage, mais qui en vaut la peine selon le conférencier, avec, à la clef, un meilleur engagement des équipes et la satisfaction d’exercer son métier en cohérence avec ses valeurs écologiques.

Retrouvez notre interview de Vincent Pirson enregistrée lors du congrès de l’Afvac.