Exposition commerciale
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Laurent Masson, Gwénaël Outters, Anne-Claire Gagnon, Marine Neveux et Valentine Chamard
Entre nouveautés médicales et progrès technologiques, préoccupations environnementales et meilleures pratiques pour la fin de vie animale, les exposants de cette édition lyonnaise ont mis en lumière les aspirations du secteur vétérinaire et les nombreux défis qu’il se doit de relever.
Les 136 exposants ont bénéficié d’une belle et grande zone d’exposition de plus de 5000 m², lieu de passage entre les salles de conférences, ce qui leur a offert une bonne visibilité. Boerhinger Ingelheim, Hill’s, MSD, Royal Canin, Santé Vet et Virbac étaient les partenaires majeurs de cette édition 2024. Entourés de tous les autres exposants, ils ont su, comme toujours, rendre ce moment confraternel, convivial et festif. Morceaux choisis de stands qui ont attiré l’attention de la rédaction.
Les nouveautés en pharmacie et en matériel
Boehringer Ingelheim a présenté son nouveau vaccin contre la leptospirose, Eurican L4, qui prévient la mortalité et les signes cliniques pour 4 sérogroupes dès 2 semaines après la seconde injection de primovaccination. Le traitement des signes cliniques de la leishmaniose développé par Virbac, la miltéfosine, traverse les Pyrénées et est désormais disponible en France au même prix d’achat. La maladie de Cushing sera à l’honneur en 2025 avec la sortie de 3 nouvelles présentations de trilostane pour une prescription plus adaptée au poids de l’animal : d’une part, une forme en comprimés quadrisécables chez Virbac et Dechra, et d’autre part, une forme buvable chez Axience.
Du côté du matériel, pour une meilleure prise en charge en orthopédie, une plateforme d’analyse posturale est disponible chez Companion Animal Health. La société FAS propose des aménagements pratiques en intégrant sur son matériel de radiologie des portants pour les tabliers de plomb et une toise calculant automatiquement les constantes.
Des formes galéniques innovantes
La pharmacie Delpech propose des préparations magistrales, notamment à destination des vétérinaires, grâce à son service Delpech Vet. Leur stand a permis de découvrir des formes galéniques utiles et pratiques comme les stylos transdermiques (application du médicament à l’intérieur du pavillon auriculaire) et les pâtes orales. La pharmacie est également capable de composer des préparations aux goûts adaptés aux préférences animales : poulet, foie, bacon, agneau, crevette, cerise, banane, caramel notamment. Enfin, la pharmacie a pu présenter sa belle nouveauté pour les vétérinaires et les chats, le GS-441524, disponible en pâte orale ou suspension buvable pour le traitement de la péritonite infectieuse féline (renseignements sur le site Internet pharmaciedelpech.fr).
La révolution de l’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle (IA) se fait de plus en plus présente dans la pratique des vétérinaires. Toujours chez FAS, le système PicoxIA est inclus dans le logiciel pour une analyse dès l’acquisition sans manipulation supplémentaire. Si la réalisation et la lecture d’un culot urinaire, d’un frottis sanguin, d’un calque auriculaire, d’une ponction de masse, d’une coproscopie font partie des qualités de tout vétérinaire, elles représentent des étapes contraignantes et chronophages. Des machines libèrent désormais le praticien de contraintes de manipulation et/ou de lecture, ce qui lui permet de consacrer davantage de temps aux propriétaires. Elles délivrent en une dizaine de minutes un compte rendu imagé à destination des propriétaires. Zoetis étoffe ainsi l’offre du Vetscan Imagyst en proposant la cytologie urinaire, sanguine, dermatologique et la coprologie par l’IA pour un coût d’environ 11 € par analyse et un résultat en 10 minutes environ. La cytologie non sanguine sur lames (maximum de 4) est envoyée en lecture vers des experts pathologistes, avec un résultat en 3 heures, et facturée 50 €. Chez Idexx, l’analyseur cellulaire inVue Dx devrait arriver dans les premières cliniques mi-2025. Sa particularité sera d’obtenir des résultats de cytologie sanguine et auriculaire sans étalement sur lame, pour un coût d’environ 15 € par analyse (hors mise à disposition du matériel). L’analyse de cytoponctions sera la troisième fonction à venir en 2025.
Un tournant du côté des réseaux ?
Ces dernières années, les congressistes ne pouvaient pas ignorer le développement des réseaux de cliniques vétérinaires en France. L’année 2024 semble marquer un tournant avec des stands plus modestes, une absence des partenaires majeurs, a minima une présence discrète par le biais de « vétérinaire et ASV-sandwichs » au sein des allées… À l’inverse, les membres du Syndicat des structures et établissements vétérinaires indépendants de France (SSEVIF) affichaient fièrement leur autonomie avec leur stand. De son côté, Emergence montre son extension avec une offre allant de la régulation téléphonique aux consultations d’urgence à domicile ou dans les maisons des urgences. Autre concept : le réseau de structure consacré à la médecine féline, Mon Chat & Moi, offre l’occasion de participer à son développement sans apport financier personnel, mais avec une « vraie » rémunération dès l’ouverture, sans garde, ni astreinte.
Un « parcours green »
L’écoresponsabilité se ressent au cœur de la profession – en particulier au sein de l’Afvac, dont le siège s’engage dans une démarche écoresponsable –, dans l’organisation des formations et la diffusion des recommandations scientifiques. Un « parcours green » était ainsi proposé, en partenariat avec MP Labo (et sa mousse nettoyante Physiovet sans rinçage, dont le flacon est entièrement recyclable) et Centravet. La centrale s’engage en effet, comme Hill’s, en partenariat avec Animo Impact en lançant la première filière de collecte et de valorisation de sacs de petfood vides en clinique vétérinaire. Ce projet a reçu cette année le prix de l’Innovation vétérinaire, catégorie Matériels, produits et services à usage des propriétaires ou de la relation vétérinaire-propriétaire. Parallèlement, Plast-To-Be propose aux cliniques un programme de recyclage des déchets plastiques : une fois collectés dans les Eco-Box, ils sont triés par catégorie de matières, puis valorisés en granules pour fabriquer des objets en plastique recyclé. Un catalogue de références sera mis à la disposition des clients vétérinaires en 2025, comme des arbres à chat ou des tire-tiques. Une dernière solution : utiliser ses capsules d’injectables pour en faire une œuvre originale comme celles réalisées par notre confrère Philippe Crigel (voir photo). L’action du collectif DD+Vet (qui réunit Dômes Pharma, MSD, Hill’s, Alcyon, Anima Care, Sevetys et VetFamily) était aussi présente sur les stands. Son objectif ? « Aider les professionnels du milieu vétérinaire à se questionner sur leur impact environnemental et les accompagner dans une transition écologique. »
Une meilleure prise en charge de la fin de vie
De plus en plus de propriétaires souhaitent un service funéraire en cas de décès de leur animal de compagnie, mais seulement 4% se disent accompagnés par les équipes vétérinaires lors de ce moment. Les sociétés AnimaCare, Esthima et Seleste se sont développées sur l’ensemble du territoire. Elles ont constaté que près de 80 % des détenteurs souhaitent une crémation avec restitution des cendres, avec un taux plus important chez les propriétaires équins, et que près de la moitié veulent organiser une cérémonie hommage avant la crémation. Le funéraire animalier se développe, notamment avec la jeune entreprise Solâme, qui s'est donné pour mission de sublimer les liens entre l'animal en fin de vie et sa famille. Notre consœur Marie Cibot (N 12) propose des accompagnements avec des entretiens en visioconférence de 45 minutes (aide à la prise de décision, aide au deuil) et des euthanasies à domicile. Solâme forme aussi les vétérinaires et les ASV pour acquérir les compétences nécessaires à un soutien professionnel et bienveillant à cette étape délicate de la fin de vie.
Vetoquinol soutient le 3677
À l’occasion d’une conférence de presse le 22 novembre, Loïc Dombreval (A91), ancien député et confrère engagé, a présenté les premiers résultats du numéro d’urgence de signalement de la maltraitance animale, le 3677, qui a reçu le soutien du laboratoire Vetoquinol. Cette initiative vise à mieux comprendre et à combattre les cas de maltraitance animale en France. « Faire ensemble plus de bien, plus de soins », a rappelé Ingrid Morize (Vetoquinol), qui a mis en avant l’engagement collectif nécessaire. L’entreprise a travaillé en étroite collaboration avec les centrales d’achat pour assurer la visibilité de ce dispositif par une campagne d’affichage. Les délégués ont d'ailleurs sollicité une réimpression des supports, preuve de l’intérêt croissant pour cette cause. Loïc Dombreval a salué le rôle central de Vetoquinol dans ce projet, soulignant « le courage de l’entreprise d’engager sa réputation pour cette initiative essentielle ». Il a également rappelé les racines partagées entre la protection animale et la vocation vétérinaire : deux « gènes communs » les unissent. « Nous avons besoin de vétérinaires, et encore plus de vétérinaires ambassadeurs du CNPA », a-t-il déclaré, insistant sur le rôle crucial des professionnels sur le terrain. Après son lancement en juin 2024, le 36 77 a reçu 22 000 appels en seulement trois mois, avec un taux de réponse de 90 %. En moyenne, le service traite entre 5 et 20 signalements sérieux par jour.
Tiphaine Ragueneau, praticienne et navigatrice, soutenue par Vetoptim
Vetoptim a souhaité mettre à l’honneur Tiphaine Ragueneau (N 18), vétérinaire à Rosporden près de Port-la-Forêt (Finistère) et navigatrice. Notre jeune consœur a découvert la voile sportive pendant ses études à Nantes. Depuis, sa passion pour ce sport de haut niveau, dans lequel elle s’investit avec talent, ne s’est pas démentie. Après une participation à plusieurs régates en équipage, au circuit Figaro en double, à la Transat Jacques Vabre 2023 (course en duo en Class 40 du Havre jusqu’à Fort-de-France), elle a été sélectionnée cette année parmi 120 candidates internationales pour former un équipage féminin d’excellence de 7 navigatrices sur un multicoque de 50 pieds, afin de participer aux courses renommées de la classe Ocean Fifty. Aujourd’hui, Tiphaine vise la Solitaire du Figaro grâce à un bateau qu’elle vient d’acheter (en partie grâce à l’aide de quelques sponsors du monde vétérinaire et à un gros emprunt). De quoi assurer la relève de Jean-Pierre Dick (A91)!
La clinique des erreurs
Pour la deuxième année consécutive, le concept de la clinique des erreurs, co-élaboré par l’Afvac et la Prévention médicale, a été renouvelé au sein de l’exposition commerciale. Pour cette nouvelle édition, l’atelier se présentait sous la forme d’un bloc de chirurgie. Une dizaine de participants par session (vétérinaires, étudiants vétérinaires ou ASV) étaient amenés à trouver des erreurs ou à identifier des risques, liés à l’anesthésie et à la chirurgie. Un temps d’échange, entre les protagonistes et des vétérinaires de l’Afvac, donnait lieu ensuite à un point sur les risques identifiés pour le patient et le personnel, mais aussi pour l’environnement. La discussion a permis d’aborder par exemple l’importance de la surveillance anesthésique et les conséquences d’un surdosage en gaz anesthésiant (hypoventilation, hypotension, hypothermie, voire arrêt cardiorespiratoire). En fin de session, un QR Code mis à la disposition des participants ouvrait l'accès à des informations détaillées sur certaines des erreurs en anesthésie présentes dans la salle, élaborées par les membres du Groupe d’étude en anesthésie et analgésie (GEAA).
Reprise d'activité et formation chez IVC Evidensia
« Nous abordons l’avenir avec sérénité. » Après une année intense marquée par des discussions avec l’Ordre, qui a conduit à la mise en conformité des statuts et des sociétés d’IVC Evidensia, Patrick Govart, son directeur général France, annonce la relance des activités du groupe. Parmi les priorités figurent les acquisitions stratégiques visant à renforcer le maillage territorial, ainsi que la permanence et la continuité des soins. Un autre axe de développement central est la formation des équipes, quelle que soit leur fonction. La société a mis en place une « académie » offrant un accompagnement personnalisé à l’ensemble des collaborateurs. Dans ce cadre, un tour de France, organisé dans les cliniques du réseau (10 dates), se concentre sur cinq thématiques médicales, avec des formats mixtes (vétérinaires et ASV) pour « créer une synergie au sein des équipes », explique Moïse Jarry, responsable des formations. Les besoins spécifiques des collaborateurs sont également pris en compte pour permettre à chacun de développer ses compétences, qu’il s’agisse de se perfectionner en médecine générale, de se spécialiser ou encore d’acquérir des savoir-faire pointus à l’étranger grâce à un soutien financier. En parallèle des sessions en présentiel, une large offre de formation e-learning, accessible gratuitement à tous les collaborateurs, est disponible. Ces formations se déroulent sur le temps de travail. Enfin, la Graduate Academy vise à accompagner les jeunes diplômés dans leurs premiers pas en clinique et vise à lutter contre le syndrome de l’imposteur. Ce programme, d’une durée de 2 ans, comprend 7 semaines de formation théorique et de travaux pratiques couvrant l’ensemble des disciplines médicales et 2 semaines de stage pratique en chirurgie et en imagerie, effectuées dans une clinique différente de leur lieu d’exercice. Chaque participant est suivi par un vétérinaire (« coach ») de sa structure et bénéficie d’une évaluation semestrielle, assurant un accompagnement personnalisé et adapté à ses besoins.
Prix de l’innovation vétérinaire : le palmarès 2024
Pour la 7e année, l’Afvac a organisé les prix de l’Innovation vétérinaire avec le soutien du Syndicat de l’industrie de la santé animale (SIMV) et de la Fédération des fabricants d’aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers (FACCO). Leur objectif est de valoriser les entreprises créatrices d’innovations dans le domaine de la santé et du bien-être des animaux de compagnie et de les promouvoir auprès des praticiens, qui sont invitésà participer au vote pendant le congrès.
-Le Grand Prix de l'Innovation vétérinaire 2024, qui récompense la solution jugée la plus innovante dans les cinq catégories, est la nouvelle filière de collecte et de valorisation de sacs de petfood vides en clinique vétérinaire lancée par Animo Impact, Hill’s et Centravet. Son objectif est de recycler 5 fois plus de plastique que la poubelle jaune.
-Le Prix de l’innovation vétérinaire dans la catégorie médicaments vétérinaires est attribué à Senvelgo (Boehringer Ingelheim), première solution buvable permettant la prise en charge des chats diabétiques non insulinodépendants.
-Dans la catégorie aliments, le gagnant est l’aliment Gastrointestinal Hydrolysed Protein de Royal Canin, indiqué pour les entéropathies chroniques du chat.
-Du côté du matériel et des services, le lauréat est Vcheck M10, de Kitvia, un analyseur qui permet de réaliser des analyses PCR directement à la clinique en seulement 1 heure, et en 1 seule étape (extraction et amplification de l'ADN automatisés), jusqu'à 8 cibles.
-Quant aux « solutions numériques métier », Sign.Vet de Vetolution remporte le prix de cette catégorie. Il s’agit d’une solution de signature électronique pour les vétérinaires, qui simplifie et sécurise la signature de tous les documents professionnels : ordonnances, certificats, contrats de soin, etc.