Santé publique
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Ségolène Minster
Lors d'une session Écoantibio organisée au congrès de l'Afvac, Jean-Yves Madec, directeur du Résapath1, a fait le point sur la résistance aux antibiotiques chez les chiens et les chats. La vigilance est de mise en matière de transmission d'infections nosocomiales.
La profession vétérinaire a obtenu de très bons résultats concernant la baisse du tonnage d’antibiotiques consommés. En 2023, 276 tonnes l'ont été en canine : les formes utilisées ont été à 82 % orales, à 6 % injectables et à 12 % topiques. Si l'on prend en compte l’ALEA2, les formes orales représentaient 75,1 % de l’exposition aux antibiotiques et les injectables, 24,4 %. L’exposition a baissé de 48 % pour l’ensemble des espèces par rapport à 2011, mais celle des animaux de compagnie aurait augmenté au cours des dernières années. Le plan Écoantibio 3 prévoit de nouveaux objectifs de réduction d’usage en médecine canine (-15 % en 5 ans), ainsi que l’incitation à utiliser l’amoxicilline seule (sans acide clavulanique). Des aides existent pour affiner ses choix de prescription (voir encadré).
Les profils de résistance en 2023
« La résistance aux antibiotiques critiques est dernière nous », a indiqué Jean-Yves Madec, même si des problèmes persistent en dermatologie. Les 30 296 antibiogrammes issus de chiens collectés par le Résapath ont permis d’établir des profils de résistance. Pour Escherichia coli, entre 2021 et 2023, la résistance au ceftiofur est en baisse dans les infections de la peau (de 23 à 13 %), dans les otites (de 8 à 2 %) et stables dans les pathologies urinaires (3 à 4 %). La résistance à l’amoxicilline associé ou pas à l’acide clavulanique est en net recul dans les pathologies urinaires et les otites. En revanche, 78 % des Staphylococcus aureus et de 82 à 86 % des Staphylococcus pseudintermedius sont résistants à la pénicilline G.
Côté chats, trois fois moins d’antibiogrammes ont été reçus (10 987). La résistance d’E. coli aux antibiotiques critiques est faible et stable, et celle à l’amoxicilline (avec ou sans acide clavulanique) est en net recul. Les Staphylocoques aureus résistants à la méticilline (SARM) sont en baisse, toutes pathologies confondues. Pour les staphylocoques à coagulase positive, 24 % des souches sont résistantes aux macrolides, 14 % à la lincomycine et 9 % aux fluoroquinolones.
Les infections nosocomiales, un risque à prendre en compte
Le Résapath observe depuis cinq ans l’émergence d’entérobactérales résistantes aux carbapénèmes (plus de 20 souches par an), alors même que ces antibiotiques sont interdits chez l’animal. Cela concerne principalement Klebsiella pneumoniae. Les souches sont issues de chiens et de chats ; le gène responsable est principalement le plasmide OXA-48. Des épidémies intrahospitalières de bactéries résistantes ont aussi été constatées, ainsi que des transmissions de plasmides de résistance entre chiens dans l’espace public, par l’intermédiaire de leurs déjections. Le conférencier a donc appelé à la vigilance concernant la maîtrise des voies de transmission de bactéries résistantes ou de plasmides de résistance en contexte de soin et en dehors.
Des outils pour mieux prescrire
- Vet Antibio Dimension est un dispositif de formation au bon usage des antibiotiques. Ce jeu en ligne a été développé par les écoles vétérinaires, l’Afvac, la SNGTC et l’Avef, dans le cadre du plan Écoantibio 2. https://vetantibio.com/
- Antibio.ref est un réseau de référents en antibiothérapie, qui ont des compétences en infectiologie et travaillent sous la responsabilité d’un collège d’experts. Le site permet aux vétérinaires de poser des questions sur les stratégies de diagnostic et de traitement. Les référents diffusent des données adaptées au contexte local et assurent un lien avec les médecins référents régionaux et les autorités de santé locales.