Le conseil en élevage doit-il être assuré par le praticien ou par un consultant ? - La Semaine Vétérinaire n° 2060 du 13/12/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2060 du 13/12/2024

Expression 

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Chantal Béraud

Les éleveurs ont parfois besoin de conseils d'experts. Pour répondre à cette demande, les vétérinaires peuvent travailler « main dans la main » avec les techniciens para-agricoles, ou préférer acquérir des compétences par la formation continue. Qui peut accompagner au mieux les hommes et les femmes dans la conduite de leur élevage ?

Edwige Bornot (A 93)   

Praticienne mixte à Venaray-les-Laumes (Côte-d’Or)

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Privilégier le vétérinaire traitant

Notre profession étant très individualiste, on a parfois opposé les vétérinaires conseil et les vétérinaires praticiens. Certains cabinets d’audit, ou de conseil en médecines alternatives, font en outre parfois de « l’anti-véto praticien ». Pour moi, l’idéal est que ce soit le même vétérinaire qui assure à la fois le conseil, l’accompagnement et le soin individuel, pour le bien-être de l’animal comme celui de l’éleveur. Lequel bénéficie ainsi d’un suivi et d’une vitesse de réponse zootechnique optimaux. Son vétérinaire traitant est en mesure de l'alerter rapidement sur la fréquence de certaines maladies dans l’élevage. C’est l’intérêt du bilan sanitaire d’élevage, mais c’est surtout celui du passage régulier du vétérinaire dans l’exploitation… Le praticien a des contacts réguliers avec les techniciens, les nutritionnistes et les ingénieurs qui interviennent sur l'exploitation. Cette interdisciplinarité lui permet d'optimiser ses propres conseils. Aujourd’hui, le plus gros facteur limitant cette façon de travailler est celui du temps, avec le problème du recrutement de jeunes vétérinaires.

Jocelyn Amiot (L 04)

Vice-président du GTV BFC (Bourgogne-Franche-Comté)

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De la formation continue pour mieux faire

À la clinique, nous travaillons beaucoup avec les intervenants techniques habituels d’une ferme, en évitant si possible de tenir des discours différents. Avec des limites : le praticien doit toujours pouvoir dire si lesdits conseils sont « bons » ou « mauvais ». Il est par exemple hors de question de laisser la nutrition aux seules mains des techniciens ! Toutefois, pour toujours mieux faire, le vétérinaire doit, dans le cadre de sa formation continue, accroître ses connaissances en matière de nutrition, de bien-être animal, de zootechnie, mais aussi de santé animale (gestion du parasitisme, etc.). Voici un exemple concret d’application : avec le groupement de défense sanitaire, nous avons récemment accompagné un agriculteur (et son constructeur) dans la conception d’un bâtiment d’hivernage. Nous l’avons tous encouragé à aller dans notre sens. Aujourd’hui, dans un espace plus aéré, plus lumineux, avec une moindre densité d’animaux, ses vaches ne se battent plus entre elles et nous pouvons travailler parmi elles avec un danger bien moindre. L’incidence des maladies est également fortement diminuée. 

Caroline Oulhen (N 11)

Consultante et formatrice indépendante d’Atout Élevage

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J’aide parfois à resserrer les liens !

Durant mes neuf années d’exercice au sein d’une entreprise de conseil en élevage, j'ai toujours demandé aux agriculteurs si je pouvais informer leur vétérinaire de ma venue. Avec leur accord, je leur envoyais le compte rendu de ma visite… Ce qui a parfois créé de jolies « réussites ». Par exemple, après une visite pour des génisses avec des troubles respiratoires, j’ai averti le vétérinaire traitant que l’éleveur était d’accord pour avoir recours à la fois à des médecines complémentaires et à des analyses pour déterminer le ou les agents pathogènes, avant de passer à une vaccination. Cette problématique n’avait pas été abordée auparavant. Suite à ce travail collaboratif, la situation s’est rapidement améliorée pour les génisses. Actuellement, alors que j'ai fondé ma propre activité, je travaille pour des éleveurs ou des organismes para-agricoles. Parallèlement, je me lance aussi dans la formation pour les vétérinaires. Car ils sont les acteurs incontournables de tout élevage…