Médicament
ANALYSE CANINE
Auteur(s) : Par Sarah André
La surveillance des événements relatifs aux médicaments vétérinaires s'est invitée cette année au congrès de l'Afvac. Comparatif entre antiparasitaires, effets secondaires du fluralaner, édition d'un manuel des prescriptions… autant de sujets et de rencontres qui ont retenu notre attention.
Quatre conférences ont été consacrées à la pharmacovigilance vétérinaire lors de cette édition. Les participants ont ainsi pu prendre connaissance d'une comparaison d'antiparasitaires en spot on combo et non combo chez le chat, des effets secondaires relevés pour le fluralaner, d'un travail de thèse qui a abouti à la conception d'un manuel de pharamacovigilance, et enfin des actualités récentes sur le sujet.
Analyse comparative des antiparasitaires en spot on
Sandrine Rougier (A 98), experte en pharmacovigilance à l’Anses-ANMV a, dans un premier temps, présenté un comparatif des effets indésirables des antiparasitaires en spot on chez le chat, notamment entre les formulations « combo » à base d’isoxazolines et leurs équivalents seuls, dans le but de mettre en évidence d’éventuelles différences en matière d’innocuité. Ce point a fait l’objet d’une étude rétrospective des déclarations d’événements indésirables liés à l'utilisation d'antiparasitaires en spot on chez les chats en France par l’Anses-ANMV. Les données concernent la période qui s'étend de 2019 à 2023. Les trois présentations combinées choisies sont les suivantes : fluralaner/moxidectine, sélamectine/sarolaner, émodepside et praziquantel/tigolaner1. Elles ont été comparées aux présentations « solo » suivantes : fluralaner, sélamectine et émodepside/praziquantel. En conclusion de cette étude, l’Anses-ANMV a noté que « les résultats obtenus indiquent que les médicaments en spot-on à base d'isoxazolines combinées à d'autres molécules antiparasitaires ne semblent pas causer de réactions plus graves ou plus fréquentes que leurs équivalents non combinés chez le chat ». Quant aux cas graves, la proportion est similaire voire inférieure pour les formulations combinées. Concernant le profil des chats affectés, aucune sensibilité raciale n’a été identifiée, si ce n’est que la race maine coon semble plus à risque de réagir avec des médicaments contenant du fluranaler ou l'association émodepside/praziquantel, une sensibilité pouvant potentiellement être liée à la mutation MDR1 (multidrug resistance 1).
Deux travaux de thèse
Le thème de la pharmacovigilance a irrigué les thèses respectives de Flavie Vanderhaeghe (L 24) et de Nicolas Lohmann (N 23). Flavie Vanderhaeghe a exposé la deuxième partie de son travail sur les effets secondaires du fluralaner chez les carnivores domestiques d'après les cas de pharmacovigilance française, notamment suite au « bad buzz » dont cette molécule avait fait l’objet sur Internet. Avec cette étude rétrospective, portant sur plus de 1 200 cas de pharmacovigilance française rapportés entre 2014 et 2022, notre jeune consœur a démontré que les signes cliniques majoritaires après administration de comprimés chez le chien sont des troubles digestifs (vomissements, diarrhée) et de l’anorexie. Viennent ensuite des troubles systémiques (abattement, dépression) et neurologiques (tremblements, crises d’épilepsie, ataxie). Ces derniers se déclarent en grande majorité dans les 24 heures suivant l’ingestion. Pour la forme spot on, des troubles systémiques (abattement) et digestifs (vomissements, hypersalivation, diarrhée) sont rapportés chez le chien tandis que chez le chat, des troubles cutanés au point d’application sont aussi signalés. Ces travaux montrent que la fréquence d’apparition d’effets indésirables est très rare pour cette molécule.
Nicolas Lohmann a, lui, présenté son travail de thèse sur la création d’un outil pédagogique et pratique pour une meilleure prescription des médicaments vétérinaires. Il existe déjà un manuel de pharmacovigilance en médecine humaine, ce qui n’est pas le cas en médecine vétérinaire. Son travail a donc consisté à élaborer un tel document sur la base des 552 résumés des caractéristiques des produits (RCP) disponibles chez les chiens et les chats en France qui comprennent 15 classes thérapeutiques différentes. Ces RCP ont été classés en quatre parties quant à la pharmacovigilance : substances actives présentes, profil général des effets indésirables, contre-indications générales et précautions d’utilisation, et enfin interactions médicamenteuses. Notre confrère a précisé que : « ce manuel intègre des éléments pédagogiques visant à encourager une culture de vigilance et de sécurité parmi les vétérinaires. Il comprend des guides pratiques pour la déclaration des effets indésirables, ainsi que des exemples concrets de problématiques en lien avec la pharmacovigilance, tirés de la pratique quotidienne, tels que le manque d’efficacité vaccinale ou bien encore l’impact environnemental des médicaments antiparasitaires ».
Une actualité riche en informations
Sandrine Rougier a une nouvelle fois pris la parole pour rendre compte de l'actualité 2024 quant à la pharmacovigilance chez les animaux de compagnie. Elle a rappelé que « son objectif principal est la génération précoce d’hypothèses ou de signaux relatifs aux effets indésirables des médicaments ». Les suites des divers signaux émis en 2023 et les signaux suivis en 2024 ont ainsi été énoncés selon les molécules concernées. Certains signaux font effectivement suite à la mise à jour des résumés des caractéristiques des produits (RCP). Les praticiens sont encouragés à continuer de déclarer des effets indésirables à l’Anses-ANMV2 pour contribuer à l’amélioration des connaissances sur les médicaments vétérinaires.