Suivre son bon sens - La Semaine Vétérinaire n° 2060 du 13/12/2024
La Semaine Vétérinaire n° 2060 du 13/12/2024

EDITO

Auteur(s) : Valentine Chamard

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À l’heure où l’intelligence artificielle devient un assistant du praticien, le thème du dernier congrès de l’Afvac1, « Alors, regarde ! », a remis à sa juste place le sens clinique. « Regarder, observer, repérer, focaliser son regard, c’est la base du travail d’un bon imageur, d’un bon dermatologue, d’un bon chirurgien, d’un bon interniste, d’un bon ophtalmologue, d’un bon pathologiste, d’un bon comportementaliste… c’est donc la mission d’un bon vétérinaire généraliste, qui doit endosser toutes ces fonctions », résume Hélène Gallois-Bride, présidente du conseil scientifique. Une vision partagée par Jean-Luc Cadoré, qui estime que « nous devons redonner toute la légitimité et la nécessaire prééminence à l’examen clinique et à la démarche diagnostique. Nous ne devons pas fonder nos espoirs sur la seule instrumentalisation : on soigne des animaux malades, pas des résultats d’analyses complémentaires »2. Avis également émis par une consœur à l’issue du congrès, qui regrette l'existence d'une médecine à deux vitesses. « Le congrès de l’Afvac est une formidable source de connaissance produite par nos spécialistes […]. Ils nous apportent des informations et des avancées sur des techniques, des protocoles diagnostiques et thérapeutiques issus de la science, de leur science, de la science transatlantique et mondiale. Notre monde vétérinaire doit maintenant être régi par l’evidence-based medicine […], relève-t-elle. Le vétérinaire généraliste réussit à soigner 95 % des animaux qui ne verront jamais un CHV, un centre de référé ou une école vétérinaire. Il rencontre lors de ce congrès les avancées scientifiques issues des spécialistes et peut parfois s’en étonner […] [Mais] l’evidence-based medicine ne présenterait-elle pas un biais de population de recrutement ? Pourquoi les résultats de nos spécialistes sont-ils si éloignés de ceux que nous semblons percevoir sur le terrain des vétérinaires généralistes ? D’autre part, les recherches cloisonnées par chaque groupe d’étude ne mériteraient-elles pas une vision transdisciplinaire pour s’accorder sur les besoins de nos animaux ? Ne serait-il pas pertinent d’envisager la création d’un Groupe d’études de vétérinaires généralistes (GEVG), représentant la majorité des vétérinaires, travaillant sur des populations de référence “tout venant”. Ce groupe ne pourrait-il pas être aidé par les laboratoires pour financer des recherches sur les thèmes que le vétérinaire généraliste consulte quotidiennement : la pullicose, la diarrhée, la cystite, l’otite externe, etc. afin de disposer de chiffres reflétant la réalité de la profession généraliste ? »

  • 1. Voir notre cahier spécial pages 15 à 33.