FORMATION CANINE
Auteur(s) : Par Gwénaël Outters, Lorenza Richard et Amandine Violé
L’observation des signes cliniques visibles à l'œil nu ou au microscope a été le thème fil rouge des rencontres, où divers aspects de la pratique ont été abordés.
S’il est impossible de résumer l’ensemble des conférences qui se sont tenues pendant le congrès, voici quelques morceaux choisis.
L’analyse d’urine, retour aux fondamentaux
La bandelette urinaire est un outil peu spécifique pour la recherche d’une protéinurie (48 % chez le chien, 11 % chez le chat). Un examen positif doit motiver la réalisation d’un rapport créatine/protéine urinaire. Le culot urinaire fait quant à lui partie du bilan urinaire et devrait être systématiquement effectué : c’est un outil facile à mettre en œuvre et riche en informations. Il doit cependant être effectué rapidement après le prélèvement, puis conservé et manipulé correctement sous peine d’artefact (au maximum 24 heures à 4° C – centrifugation, 5 minutes à 1500 tours/min). Il inclut un examen frais d’une goutte entre lame et lamelle et la réalisation d’une coloration.
Des prélèvements cytologiques à optimiser
La cytologie constitue un outil diagnostique de premier choix pour l’évaluation de nombreuses lésions solides. Toutefois, sa justesse repose sur la représentativité de l’échantillon, elle-même dépendante de sa qualité. Un prélèvement à l’aiguille fine requiert l’utilisation d’une aiguille de 21 à 25 G montée sur une seringue de 2 à 10 ml. La technique sans aspiration offre une meilleure préservation des cellules et un moindre risque de contamination sanguine. La ponction avec aspiration est à envisager pour le prélèvement de cellules qui exfolient peu. La technique en impression permet l’identification de micro-organismes (bactéries, levures, hyphes). La recherche d’un étalement en couche monocellulaire est primordiale. Par ailleurs, l'importance de fournir au laboratoire concerné une feuille d’analyses remplie de manière exhaustive (identification complète du patient et du propriétaire, anamnèse, description précise de la lésion, méthode de prélèvement, examens complémentaires) a été rappelée. De ces informations dépend la pertinence du rapport cytologique final.
Sous-médicalisation des fractures dentaires
Les carnivores domestiques sont 25 % à présenter au moins une fracture dentaire. Leur prise en charge est motivée par la douleur et l’infection qu’elles sont susceptibles de générer. Cette infection peut s’étendre dans les cavités naturelles de la face. Le soin repose sur l’avulsion dentaire ou sur un traitement conservateur par pulpectomie canalaire, par exemple, si les conditions le permettent. Cet accompagnement nécessite une instrumentation particulière (appareil de radiologie, unité dentaire, limes et matériaux), des procédures longues et une technicité dont la courbe d’apprentissage est plutôt lente.
La stomatite ulcéreuse chronique canine, quant à elle, se caractérise par des lésions ulcéreuses, diffuses, parfois nécrotiques sur les muqueuses orales en regard des couronnes dentaires. Il s’agit d’une affection particulièrement douloureuse, à l’origine encore floue (maladie dysimmunitaire locale), dont la confirmation est histologique : infiltrat lymphoplasmocytaire non spécifique. L'extraction des dents en regard des ulcères permet leur cicatrisation.
Toujours dans le domaine de la dentisterie, la résorption dentaire est une affection dont l’origine reste indéterminée. On estime que 25 à 30 % des félins seraient touchés, une proportion qui augmente avec l’âge. En consultation spécialisée, 60 à 70 % des animaux présentent des lésions de résorption dentaire. Il s’agit d’une affection douloureuse dans tous les stades évolutifs, sauf le dernier, lorsque la dent a perdu toute sa substance dentaire. La radiographie permet d’identifier et de localiser les lésions pour pouvoir entreprendre sereinement le soin en fonction de la présence ou non de la racine dentaire.
Comment détecter une cardiomégalie chez le chien
L’échocardiographie est le « gold standard » pour mettre en évidence une cardiopathie. La radiographie est toutefois un examen d’intérêt pour détecter une cardiomégalie associée ou non à des signes d’insuffisance cardiaque gauche et/ou droite. Celle-ci doit être suspectée si le diamètre crânio-caudal de la silhouette cardiaque sur une vue de profil droit apparaît supérieur à 3,5 espaces intercostaux. Une attention particulière doit être portée à la race et au morphotype de l’animal : la taille du cœur est ainsi fréquemment surestimée chez les petits chiens brévilignes et sous-estimée chez les chiens de grande race longilignes. Différentes méthodes quantitatives d’évaluation de la taille de la silhouette cardiaque et de l’atrium gauche existent : l’indice de Buchanan (VHS), le Vertebral Left Atrial Size (VLAS) et le Radiographic Left Atrial Dimension (RLAD). Le VHS doit être compris entre 9,7 +/- 0,5 et peut être proche de 11 chez des chiens brévilignes. Supérieur à 11,7, il indique avec une grande certitude une dilatation atriale gauche.
Efficacité de l’acide ursodésoxycholique en hépatologie
Les cholécystites simples répondent à une antibiothérapie probabiliste (amoxicilline, acide clavulanique) dont la durée ne fait pas consensus (entre 2 et 4 semaines). L’acide ursodésoxycholique (10 à 15 mg/j, per os), outre son action cholérétique, est immunomodulateur et antifibrotique local ; il est recommandé dans de nombreuses affections hépato-biliaires. Plus l'animal sera peu symptomatique, meilleur sera le pronostic de la chirurgie de la vésicule biliaire.
Identifier la séquence d’une agression, point fort des vétérinaires
La menace d’un animal, chien ou chat, est une agression dont il ne faut jamais minimiser ni l’importance ni la signification. Il faut toujours revenir à la séquence et identifier le contexte, la motivation et les différentes phases. « Ce travail technique, débarrassé des émotions, est la force du vétérinaire, il permet l’évaluation de la dangerosité, et la prévention par la sensibilisation des propriétaires », a souligné Nicolas Massal.
De multiples tests disponibles pour la fonction rénale
Considérant l’exploration de la fonction rénale, un seul marqueur ne sert à rien, une vision globale est à privilégier : un marqueur ne prend sa signification qu’au milieu des autres. L’intégrité de la fonction rénale est évaluée par une analyse d’urine, un dosage de l’urémie, de la créatininémie et de la SDMA (marqueur précoce). À cela peut s’ajouter un dosage du RPCU (rapport créatinine/protéines urinaires), une mesure de la pression artérielle, un ionogramme. Le FGF-24 est un marqueur utilisable, uniquement chez le chat, dans la gestion précoce de l’insuffisance rénale, avant que le phosphore ne soit augmenté. La cystatine B est un marqueur lésionnel. Il s’agit d’une protéine présente dans les cellules tubulaires rénales qui est libérée quand les cellules sont abîmées. Elle signe une lésion active.
L’œil rouge n’est pas toujours synonyme de conjonctivite
Un œil rouge s’inscrit dans une démarche diagnostique et nécessite une sémiologie rigoureuse. L’examen de près et sous lumière vive (transilluminateur) donne des informations fondamentales. Des tests simples sont utilisés tels que celui de la néosynéphrine pour distinguer une hyperhémie conjonctivale d’une hyperhémie sclérale.
Les examens à privilégier si présence d'un corps étranger
La radiographie est le premier outil à utiliser dans la recherche d'un corps étranger migrant : des lésions dans les champs pulmonaires sont visibles si celui-ci a été inhalé. Ensuite, l’échographie sera la meilleure technique pour rechercher et retirer un corps étranger de type épillet ; elle doit être faite le plus tôt possible, avant tout traitement antibiotique et toute exploration chirurgicale. Le scanner est l’outil idéal pour délimiter une zone à explorer et rechercher les corps étrangers de type bois.
Anesthésie gazeuse, rappel des bonnes pratiques
Les bonnes pratiques en anesthésie volatile ont été rappelées : choix d’un circuit adapté à l’animal, réalisation de tests d’étanchéité, réglage du débit du gaz vecteur et gestion des effluents, afin de protéger l’animal, mais aussi l’environnement et le personnel, de la toxicité des médicaments hypnotiques, et pour limiter les coûts. Une étude de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) révèle que les cartouches se révèleraient peu performantes pour l’absorption de l’isoflurane émis lors d’une anesthésie gazeuse ; cependant, d’autres travaux doivent confirmer ces premiers résultats, en testant tous les matériaux et la façon dont la cartouche est présentée.