Enrichir l’environnement pendant la gestation de la truie  - La Semaine Vétérinaire n° 2061 du 10/01/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2061 du 10/01/2025

REVUE DE PRESSE 

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Tanit HalfonTanit Halfon

Article rédigé d’après le rapport du Centre européen de référence pour le bien-être des porcs d’élevage (EURCAW-Pigs) intitulé « Enrichment materials for sows during pregnancy », Schubbert A., et coll., février 2024.

Article rédigé d’après le rapport du Centre européen de référence pour le bien-être des porcs d’élevage (EURCAW-Pigs) intitulé « Nest building materials for sows during farrowing », Pedersen L.J., et coll., mai 2024.

Salle maternité

Les truies ont des besoins particuliers en matière d’alimentation et d’exploration : en milieu semi-naturel, elles consacrent chaque jour de 40 à 70 % de leur temps à trouver de quoi manger. De plus, en élevage, un comportement exploratoire distinct de la recherche de la nourriture est aussi observé. Si ces besoins généraux sont bien énoncés dans la directive européenne 2008/120/CE du Conseil, en pratique, comment faire ? Il convient de privilégier des matériaux permettant aux truies à la fois de s’alimenter et d’explorer leur espace, comme l’ensilage. À cette période, elles sont en effet souvent restreintes dans leur alimentation pour éviter la prise de poids, avec un à deux repas par jour, ce qui ne les rassasie pas, et peut les mener jusqu’à la stéréotypie. Les fibres alimentaires préviennent aussi les ulcères gastriques. Les truies préfèrent les fourrages grossiers avec une faible teneur en matière sèche et NDF (neutral detergent fiber), et une forte teneur en protéines brutes. L’alimentation ad libitum en fourrage grossier combiné à un aliment concentré est recommandée. En systèmes alternatifs, jusqu’à 25 % d’ensilage peut être mis dans l'alimentation, sans conséquences sur les performances. Pour les objets, les truies préfèrent les cordes aux objets en caoutchouc, bois et plastique, parce que destructibles. De fait, les animaux ont toujours l’impression d’avoir des objets nouveaux, ce qui stimule leur intérêt. De manière générale, le matériel d’enrichissement doit rester attractif, ajouté régulièrement et en quantités suffisantes pour que toutes les truies puissent y accéder simultanément. Les objets devraient a minima être présentés à hauteur du sol, puisque les porcs ont l’habitude de chercher la nourriture avec leur museau. L’utilisation de distributeurs est possible. En systèmes alternatifs, il vaut mieux privilégier l’extérieur pour distribuer les fourrages grossiers.

Comportement

La truie a besoin de faire un nid pendant la mise bas

Le comportement de nidification des truies est un besoin naturel, cadré par la directive 2008/120/CE du Conseil. Dans un milieu semi-naturel, la truie commence la construction de son nid un à deux jours avant la mise bas. Une bonne nidification permet de réduire l’activité pendant la parturition et donc les écrasements, de stimuler la montée du lait et d'augmenter la croissance et la survie des porcelets. En élevage, il est possible d’apporter un minimum de matériaux pour satisfaire en partie ce besoin. Dans les systèmes avec cages de mise bas, on peut déposer de la paille dans un casier, fixer des matériaux type cordes ou sacs de jute à l’avant de l’enclos, ou fournir très régulièrement de la sciure de bois pendant la journée de nidification. Cela semble contribuer à faire baisser le stress et la frustration. Ajouter des journaux peut aussi aider. De manière générale, le type et la répartition du matériel doivent être bien étudiés et adaptés au sol. Les systèmes sans confinement offrent plus de liberté aux truies pour le comportement de nidification. On peut y apporter de la paille en abondance (15-20 kg) avant la naissance, ce qui favorise la nidification tout comme son arrêt plus précoce. La paille en quantité suffisante semble associée à moins de blessures de surface pour les porcelets, une meilleure croissance, une réduction de la durée de mise bas et moins de porcelets mort-nés.