Le bilan 2023 du dispositif Oscar est paru - La Semaine Vétérinaire n° 2061 du 10/01/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2061 du 10/01/2025

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ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : Par Clothilde Barde

Comme chaque année, des experts de la plateforme nationale d'épidémiosurveillance en santé animale ont publié les résultats obtenus1 dans le cadre des travaux menés par le groupe de suivi "Observatoire et suivi des causes d’avortements chez les ruminants" (Oscar).

« Quatre nouveaux départements ont intégré le dispositif Oscar [Observatoire et suivi des causes d'avortements chez les ruminants, NDLR] en 2023 pour une ou plusieurs espèces de ruminants domestiques (bovins, ovins, caprins), soit 30 départements au total », ont indiqué les experts de la plateforme nationale d'épidémiosurveillance en santé animalel (ESA) dans une publication du 26 novembre 20241. Toutefois, seuls 27 départements ont saisi des données jugées conformes sur la plateforme mise en ligne du 1er janvier au 31 décembre 2023. Ce dispositif, qui suit une démarche nationale harmonisée, a pour objectif d’améliorer les connaissances des causes infectieuses des avortements des ruminants dans les élevages français, pour orienter au mieux la prévention et la lutte contre celles-ci. Il peut être proposé à tout cheptel confronté à une série abortive, que ces avortements soient rapprochés dans le temps (pour les bovins : 2 avortements ou plus en 30 jours ou moins ; pour les ovins et caprins : 3 avortements ou plus en 7 jours ou moins) ou plus espacés (pour les bovins : 3 avortements ou plus en 9 mois quelle que soit la taille du cheptel ; pour les ovins et caprins : évaluation sur le lot de reproduction et sur une durée de 3 mois).

Des résultats qui évoluent peu

D'après les données collectées en 2023, il semblerait que, parmi les maladies recherchées systématiquement en ateliers de bovins, la néosporose soit, comme les années précédentes, la cause infectieuse la plus fréquemment retrouvée (15,7 % des séries abortives investiguées). De plus, cette maladie est plus souvent rencontrée en élevages de bovins laitiers (17,2 %) qu’en élevages de bovins allaitants (10,1 %), ce qui correspond aux données de la littérature2 et à celles produites par les acteurs de terrain. Par ailleurs, parmi les maladies à recherche facultative, et rapporté au nombre de diagnostics entrepris, l’ehrlichiose est la cause infectieuse la plus communément rencontrée (18,2 %) chez les bovins. En élevages d'ovins et de caprins, la toxoplasmose est la cause infectieuse la plus fréquente (35,1 % et 18,3 %) dans les maladies recherchées systématiquement et, parmi les maladies à recherche facultative et rapporté au nombre de diagnostics entrepris, la salmonellose est la cause infectieuse la plus couramment rencontrée (16 % et 6,2 % ). Comme en 2022, la toxoplasmose est donc la cause infectieuse la plus régulièrement retrouvée en élevages d'ovins et de caprins. Après avoir diminué en 2022 par rapport aux deux années précédentes, elle retrouve un niveau plus élevé en 2023 en élevages ovins et se stabilise en élevages caprins.

Vers une meilleure prévention des avortements

Comme le rappellent les experts de l'ESA, l’application des protocoles nationaux harmonisés dans les départements engagés dans le dispositif Oscar contribue à améliorer le diagnostic différentiel des maladies abortives infectieuses ainsi que les connaissances concernant celles-ci, ce qui permet notamment de mieux cibler l’usage des antimicrobiens et de mettre en place des moyens de maîtrise pertinents tant d’un point de vue individuel pour l’éleveur que d'un point de vue collectif. Toutefois, selon eux, « même si l’analyse épidémiologique des dossiers enregistrés permet de dresser un certain nombre de constats, il est nécessaire d’être très prudent dans l’interprétation de ces résultats qui ne sont pas extrapolables à la France entière et restent uniquement descriptifs, en raison de l’absence d’échantillon représentatif (surveillance événementielle volontaire) et de l’hétérogénéité entre départements ». De plus, pour renforcer l’adhésion des éleveurs, des groupements de défense sanitaire (GDS), des vétérinaires et des laboratoires au dispositif Oscar, quelques évolutions sont prévues. Il s'agit de réviser les pathogènes de première et seconde intentions recherchés afin de suivre les évolutions de circulation de pathogènes (notamment les maladies émergentes). De plus, les protocoles et les grilles d’interprétation devront être optimisés pour intégrer les avancées récentes afin d'obtenir des diagnostics plus ciblés et plus complets. Enfin, il est prévu d'optimiser les coûts et la logistique pour rendre le dispositif économiquement viable. « La mise en œuvre de cette feuille de route contribuera à renforcer la pertinence et l’efficacité d’Oscar, en assurant une surveillance continue et adaptée des causes d'avortement. Elle fera l’objet d’une priorisation en 2025 », ont conclu les experts de l'ESA.

Quelques chiffres

Pour les bovins, l’analyse des données a porté sur 1176 séries abortives réparties dans 22 départements.

Pour les ovins, l’analyse des données a porté sur 273 séries abortives réparties dans 19 départements.

Chez les caprins, l’analyse des données a porté sur 137 séries abortives réparties dans 16 départements. 

Chez les bovins, parmi les 1176 dossiers analysés, 77,5 % concernaient des élevages laitiers, 16,8 %, des élevages allaitants, et 3,7 %, des élevages mixtes. 

Pour les ovins, parmi les 273 dossiers analysés, 47,6 % concernaient des élevages laitiers, 39,9 %, des élevages allaitants, et 0,7 %, des élevages mixtes.

Pour les caprins, parmi les 137 dossiers analysés, 92 % concernaient des élevages laitiers et 5,1 %, des élevages allaitants.

  • 2. Reichel MP, Alejandra Ayanegui-Alcerrecera M, Gondim LF, et al.. What is the global economic impact of neosporoa caninum in cattle – the billion dollar question. Int J parasitol 2013; 43:133-42 ; Mc Allister. Diagnosis and control of bovine neosporosis. Vet clin food anim 32 (2016) 443-463.