EDITO
Auteur(s) : Marine Neveux
Les vœux de l’Ordre sont toujours un moment fort et essentiel pour notre profession. En ce début de mois de janvier, notre président a su, une fois de plus, trouver le ton juste. Un ton vif, réfléchi, sans concession, loin d’une grande ronde de formules choisies.
Nous savons tous, par expérience, que les bilans dressés au commencement de chaque année mettent souvent en évidence un écart entre les attentes affichées et l’indocilité du réel. Ainsi, le président de l’Ordre n’est pas venu, notamment auprès de la représentante du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, avec une liste de courses. Une telle liste peut rapidement devenir un piège : celui d’être identique à l’année passée ou de consigner des désirs comme si l’avenir pouvait tout exaucer. Pragmatique, il s'est muni d'un agenda. Prendre rendez-vous pour construire, patiemment, pour rebâtir ?
Notre profession n’est-elle pas une magnifique mais fragile cathédrale, menacée de s’effriter en silence ? Les vétérinaires, ces vaillants soldats, fantassins du soin de l’animal et de la santé publique, mènent une bataille discrète, loin des pancartes et des défilés. Ils ne manifestent pas : ils s’adaptent. La discrétion est une grandeur, mais l’abnégation pourrait bien devenir une tragédie. Éleveurs, prenez garde : un vétérinaire, c’est une espèce rare et précieuse, un « bien commun ».
Ce sont des défis posés à la profession, celui des assises du sanitaire à venir, ce charme d'un format bien français où l’on aime le mouvement, voire le théâtre à la destination floue. Et puis, ces projets qui sédimentent dans les limbes des arcanes du pouvoir. La délégation d’actes vétérinaires, dissoute par une dissolution. La télémédecine vétérinaire, coincée quelque part entre un décret et un désaccord. Le déraillement de la réflexion sur le contrat de suivi sanitaire permanent des élevages.
Faire le bilan d’une année, c’est aussi mettre en lumière de petites merveilles, comme Calypsovet, qui n’aurait sans doute pas déplu à un architecte de cathédrales. La vaccination contre l’IAHP ? Un succès ! Et demain ? Le réseau d’épidémiosurveillance pour animaux de compagnie. On sait encore rêver grand, même en zigzaguant sur les chemins tortueux. La cathédrale reste en partie à rebâtir. Mais un bon chantier, c’est une promesse.