L’imposteur, ennemi intérieur - La Semaine Vétérinaire n° 2064 du 31/01/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2064 du 31/01/2025

EDITO

Auteur(s) : Marine Neveux

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L'imposteur. Ce mot prend une résonance singulière alors que l’actualité mondiale nous sert des doses de chaos bien corsées, où le spectacle s'impose, accompagné de sourires carnassiers, de certitudes inébranlables, maîtres de l'illusion et de l'arrogance.

À l’inverse de potentiels imposteurs qui monopolisent les projecteurs, il en est un autre, plus discret et insidieux : celui qui peut habiter les esprits de nombre de professionnels. Cette petite voix qui murmure qu’ils ne sont jamais assez compétents, jamais assez dignes, porte un nom : le syndrome de l’imposteur, ou illégitimité conditionnelle.

Chez les vétérinaires, ce phénomène est commun1. Face à un métier exigeant, beaucoup doutent d’eux-mêmes, convaincus, malgré leurs réussites, que leur succès repose davantage sur la chance ou sur l’indulgence des autres que sur leurs compétences.

S’en dégager est indispensable pour s’épanouir pleinement dans la vie professionnelle2. Heureusement, plusieurs étapes permettent d’évoluer vers une légitimité conditionnelle. La philosophie stoïcienne, avec sa sagesse intemporelle, rappelle une vérité libératrice : ce ne sont pas les faits qui nous troublent, mais la représentation que nous nous en faisons. Ces jugements catastrophistes, ces évaluations implacables que l’on applique à soi-même sont ce que les stoïciens appelaient des upolepsis. En apprenant à reconnaître ces distorsions mentales, il est possible de se libérer peu à peu du prisme dysfonctionnel qui alimente ce sentiment d’illégitimité. Reconsidérer les faits, accepter l’imperfection, renoncer à des standards impossibles : voilà comment désamorcer l’autocritique et retrouver confiance.

Et si vous croisez un véritable imposteur, rappelez-vous : douter n’est pas un signe de faiblesse, mais une marque d’humilité. Les vétérinaires, par leur engagement envers les soins aux animaux et la santé publique, démontrent qu’ils sont tout sauf des imposteurs.

  • 1. Thèse de doctorat vétérinaire de Marie Enfedaque, de l’École nationale vétérinaire de Toulouse, intitulée « Le syndrome de l’imposteur chez les étudiants des écoles vétérinaires françaises ».
  • 2. À lire, le dossier de ce numéro en pages 34 à 39.