« Notre mode d’exercice va perdurer » - La Semaine Vétérinaire n° 2065 du 07/02/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2065 du 07/02/2025

Vie de la profession

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Propos recueillis par Michaella Moradel

Jacques Bonin (L92) a récemment succédé à Émeric Lemarignier (Liège 07) à la tête du Syndicat des groupes d’établissements vétérinaires (Syngev). Phase post-conciliation, représentativité, délégation d’actes, pénurie de vétérinaires, permanence et continuité des soins, il évoque les enjeux et priorités de son mandat.

L’épineux dossier de la conciliation est-il derrière vous ?

Ce sujet est derrière nous. Tous les groupes du Syndicat des groupes d’établissements vétérinaires (Syngev) sont en phase avec la doctrine du Conseil d’État. Il nous reste toutefois deux sujets à traiter avec l’Ordre et le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) : le service de clientèle et les liens d’intérêts. Ces points sont extrêmement importants. Il est nécessaire de les définir et de trouver un accord avec l’ensemble des parties prenantes afin de ne pas générer de nouveaux conflits.

Êtes-vous désormais identifié comme interlocuteur par les différents acteurs, notamment le ministère de l’Agriculture ?

Nous sommes aujourd’hui reconnus comme un mode d’exercice qui va perdurer. Le ministère de l’Agriculture considère que nous existons au sein de la filière vétérinaire. Donc oui, il y a eu un véritable changement. Nous sommes d’ailleurs de plus en plus impliqués dans les discussions qui concernent la profession.

Quelle est votre première feuille de route pour les mois à venir ?

Il est essentiel que nous soyons un organe représentatif de la profession. Pour cela, nous comptons collaborer davantage avec l’Ordre, le SNVEL et d’autres organisations professionnelles. Nos membres ont défini une liste de sujets prioritaires pour l’année 2025 : la représentativité du syndicat, la délégation d’actes, la permanence et la continuité des soins, la formation et la pénurie de vétérinaires. S’agissant de la délégation d’actes, nous comptons être force de propositions et soutenons l’évolution des textes.

Avez-vous des projets de communication ?

Nous formons nos équipes à communiquer sur la qualité des soins. L’offre technique a tellement progressé ces dernières années, notamment l’apparition des centres hospitaliers vétérinaires (CHV) et des spécialistes, que nous devons expliquer le coût des soins. Par ailleurs, nous souhaitons nous rapprocher des écoles nationales vétérinaires. Il est indispensable que les étudiants sachent ce qui se passe sur le marché. Nous devons par exemple leur proposer une immersion dans le monde professionnel avec des stages tutorés et des formations post-école sur une période d’un an ou de deux ans.

Quels sont les avantages de travailler pour un groupe ?

Le travail en équipe est un aspect intéressant. Nous investissons dans la formation, aussi bien sur l’aspect scientifique que managérial. Notre stratégie de développement offre un potentiel de carrière différent. Nous proposons une flexibilité dans l’organisation individuelle et favorisons la mobilité nationale et internationale. L’un des avantages majeurs des groupes, c’est aussi leur capacité d’investissement : dans la majorité des cas, une clinique ayant rejoint un réseau bénéficie de nouveaux moyens pour se moderniser et se développer, ce qui est un véritable atout pour l’équipe en place. Enfin, un autre aspect important, c’est la prise en charge des tâches administratives, comptables et informatiques. Les groupes permettent aux vétérinaires de leur libérer du temps afin de se concentrer sur leur cœur de métier.

La liberté de prescription y est-elle préservée ?

La liberté de prescription est un absolu. Les molécules disponibles sur le marché doivent être accessibles au vétérinaire, qui prescrit librement selon les cas qu’il rencontre. Mais cela n’empêche pas d’avoir des fournisseurs préférentiels, notamment quand il existe plus d’une dizaine de génériques de la même molécule. Par ailleurs, le premier poste de coûts dans une clinique est la masse salariale, le consommable et l’achat de médicaments arrivent bien après, ce n’est donc pas ces deux éléments qui font le succès d’une entreprise.

Comment voyez-vous la profession pour l’année à venir ?

Il y a une corrélation forte entre l’indice de confiance des ménages et la demande de soins vétérinaires pour les animaux de compagnie. Les indicateurs économiques ne sont pas favorables pour 2025. Cela impactera le marché de la santé animale. Au-delà du contexte économique, l’enjeu est aussi de continuer à garantir un accès aux soins vétérinaires partout en France. Le maillage territorial et l’attractivité du métier sont des chantiers majeurs, notamment dans certaines zones dépourvues d’offres de soin.

Le Syngev souhaite travailler collectivement à l’amélioration des conditions d’exercice et de l’organisation des soins. La délégation de certains actes aux auxiliaires spécialisés vétérinaire (ASV) est une avancée prometteuse : elle permettra de libérer du temps médical, mieux répartir la charge de travail et renforcer l’attractivité du métier. En parallèle, former et accompagner les nouvelles générations est un axe prioritaire : il faut diversifier les voies d’accès, renforcer l’appareil de formation en France et valoriser l’ensemble des métiers pour fidéliser nos talents. Cela passe par une meilleure reconnaissance des compétences et des conditions d’exercice plus attractives.

Quelles sont vos préoccupations pour 2025 ?

Tout d’abord, nous souhaitons que cette fin de conciliation se déroule dans les meilleures conditions. Par ailleurs, la pénurie de vétérinaires ainsi que la permanence et la continuité des soins restent des préoccupations majeures. Nous aborderons aussi la hausse du montant de la cotisation ordinale, en particulier le nouveau mode de calcul de la cotisation société.

À propos du Syngev


Créé en 2021, le Syngev est l’association représentative des groupes d’établissements vétérinaires et de leurs collaborateurs, en France. Ses membres sont Argos Vétérinaire, AniCura, IVC Evidensia, Mon Véto, Qovetia, VetPartners, le réseau de Corinne Armand et Univet. Ils regroupent plus de 960 cliniques et centres hospitaliers vétérinaires sur tout le territoire. Lors de son assemblée générale du 19 novembre 2024, le Syngev a élu Jacques Bonin (L 92), président, également à la tête d’AniCura France ; Christophe Farah, vice-président, directeur général d’IVC Evidensia France ; Vincent Parez (L 88), trésorier, directeur général VetPartners France, et Émeric Lemarignier (Liège 07), secrétaire, président et fondateur d’Argos Vétérinaire.