Que pensez-vous de la visite sanitaire obligatoire en élevage ?

Ex-praticien mixte à Melle (Deux-Sèvres), retraité en 2024

Pour le maintien du lien vétérinaire-éleveur

Concernant la prévention ou le repérage précoce des maladies, nous avons bien sûr tous peur que l'une d'elles ne vienne un jour décimer nos cheptels. C’est pourquoi l’État, le monde agricole et l’industrie agroalimentaire veulent absolument conserver un maillage vétérinaire. Les éleveurs en sont conscients et acceptent donc la visite sanitaire obligatoire (VSO) gratuite. Rapidement, le cabinet en a profité pour faire en complément (avant la VSO) une « visite prescription/délivrance » pour la vente des médicaments sans examen clinique préalable. Notre logiciel informatique calculait alors les coûts et les pertes de l’élevage, améliorant ainsi notre suivi du troupeau. Cela devenait donc plus intéressant pour les deux parties et optimisait la facturation pour le cabinet et pour l’agriculteur. Néanmoins, il me paraît fondamental qu’il subsiste au moins une rencontre annuelle entre l’éleveur et son vétérinaire. À chaque praticien d’imaginer comment aborder la VSO et de quelle manière la compléter pour en faire un moment d’échange important.

Praticien mixte à dominante rurale (Rhône)

Changer de support pédagogique !

La VSO, on ne nous en avait pas trop parlé à l’école vétérinaire, me semble-t-il. D’après ce que j’en ai, pour l’heure, expérimenté, j’ai le sentiment que les éleveurs la vivent souvent comme une formalité administrative, en s’y intéressant plus ou moins selon ses thèmes. Par exemple, ils semblent très intéressés par le parasitisme mais nettement moins par la question du bien-être animal. Et si la VSO a bien des objectifs louables, n’avoir pour son déroulement qu’un bout de papier comme support n’est en revanche pas assez pédagogique. C’est pourquoi beaucoup de praticiens essaient d’y mettre un peu « d’épices » ! Ainsi, pour traiter du parasitisme, on peut montrer à l’éleveur des photos de lésions du foie, d’animaux au pâturage ou encore de coproscopies, et l’inviter à réagir aux images. Oui, je pense que l’outil pédagogique même de la VSO devrait être revu en profondeur, pour, dans l'idéal, transformer celle-ci en une rencontre importante. Qui serait attendue avec impatience par l’éleveur comme par le praticien !

Présidente de la SNGTV¹, vétérinaire mixte en Bourgogne

La SNGTV travaille sur ces sujets

Sur commande de la DGAL², trois VSO biennales vont commencer en ce début d'année pour les petits ruminants, les porcs et en équine. Elles comporteront une partie commune et novatrice sur l'approche One Health et une partie spécifique plus classique. Les échanges autour de OH se feront grâce à une animation de type escape game. Les travaux ne sont pas achevés, ces VSO devant encore être présentées aux organisations professionnelles agricoles et autres organisation professionnelles vétérinaires. Quant à l’expérimentation VSO bovine, elle aura pour mission de répondre aux objectifs fixés par la Loi santé animale (LSA). Elle portera sur la surveillance et la prévention des maladies, avec le souhait de créer un baromètre de l’élevage et de dégager des pistes d’amélioration concrètes. La première campagne devrait avoir lieu de septembre 2025 à avril 2026, sur 60 % des élevages bovins. Les questionnaires seront présentés et saisis depuis l’outil Calypso et devront permettre de s’adapter au cas de chaque élevage. L’analyse des visites et des questionnaires de satisfaction qui s’ensuivra sera capitale pour l’avenir des VSO.

• 1. SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.
  2. DGAL : Direction générale de l’alimentation.