Assises du sanitaire animal: vers des «contrats sanitaires de filière»? - La Semaine Vétérinaire n° 2066 du 14/02/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2066 du 14/02/2025

Politique

ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : Par Marine Neveux

Les Assises du sanitaire animal ont commencé le 30 janvier 2025 au ministère de l'Agriculture. La feuille de route est déployée avec, notamment, des «<0x2009>contrats sanitaires de filières<0x2009>» en perspective. Les enjeux de la rurale sont de taille.

Le lancement des Assises du sanitaire animal, organisées au Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a rassemblé les acteurs du secteur le 30 janvier 2025. Dès ce mois de février, des ateliers transversaux prendront le relais afin d’élaborer «un socle commun ciblant notamment l’amélioration de la gouvernance de l’organisation sanitaire au niveau national», précise le ministère. Ce cadre de travail servira de base aux filières pour bâtir leurs contrats sanitaires. Plusieurs groupes de travail sont constitués: «porc», «volailles» et «ruminants».

Le verdict de ces assises est attendu au printemps avec la publication d’une feuille de route lors du Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CNOPSAV). L’objectif? Une signature des premiers contrats d’ici fin 2025 et un déploiement généralisé au plus tard en 2026.

Un système sanitaire sous pression face aux nouvelles menaces

Réformé il y a 15 ans à l’issue des États généraux du sanitaire*, le système de surveillance et de gestion des maladies animales fait face à de nouveaux défis. Les épizooties continuent de sévir, en particulier les maladies à transmission vectorielle comme la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie hémorragique épizootique (MHE), mais aussi l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Autres menaces sous haute surveillance : le risque d’introduction de la peste porcine africaine, ainsi que la récente émergence de la fièvre aphteuse en Allemagne. Autant de signaux d’alerte qui rappellent l’urgence de renforcer la gouvernance sanitaire nationale.

Dans son discours d’introduction de ces assises, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, invite ainsi à s’interroger aujourd’hui sur le modèle sanitaire et son adaptation à la multiplication des attaques virales. En ces temps de dérèglement climatique et d’amplification des échanges mondiaux qui rendent l’avenir incertain, le risque zoonotique est plus prégnant. «C’est avec une démarche globale et systémique de la santé que nous serons à même de répondre au mieux aux enjeux zoonotiques. Et la résilience sanitaire de nos élevages fait partie intégrante de cet objectif majeur de santé publique», a insisté la ministre, avant de souligner le succès de la mobilisation des acteurs pour l’IAHP et la campagne de vaccination.

La rurale en question

Ces assises sont lancées à<0x00A0>quelques semaines de l’ouverture du Salon international de l’Agriculture (SIA) à<0x00A0>Paris. Elles relancent les réflexions autour du maillage territorial de la profession, un enjeu d’avenir majeur pour garantir la santé animale, la santé publique et la sécurité sanitaire des denrées alimentaires. La question n’est pas nouvelle, mais la problématique est plurielle. Et implique beaucoup de facettes : rendre le métier en rural attractif va de pair avec l’attractivité du territoire (zone d’emploi, d’éducation, de loisirs, de commerce, etc.)

L’Ordre des vétérinaires s’attache actuellement à mettre en place une cartographie de la permanence et de la continuité des soins via la plateforme informatique. Identifier les zones de tension actuelles, mais aussi en amont, est un enjeu. Matthieu Mourou, conseiller national de l’Ordre, le rappelait déjà l’an passé au SIA à<0x00A0>l’occasion d’une interview donnée à<0x00A0>La<0x00A0>Semaine Vétérinaire**. En outre, la cellule nationale de surveillance et de maintien au maillage vétérinaire, le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV), UMR Bioepar d’Oniris VetAgroBio Nantes et Chambres d’agriculture France ont organisé un webinaire à<0x00A0>destination des vétérinaires, le 29 janvier 2025, sur la forfaitisation et l’attractivité de cette pratique. L’objectif est de replacer le cadre et l’origine de la démarche de la cellule de surveillance et de maintien au sujet de la forfaitisation.

Les vétérinaires, un bien public

Lors de la présentation de ses vœux début janvier, Jacques Guérin, président du CNOV, a souligné le risque du «délitement constant et progressif de la présence des vétérinaires au service de l’élevage et de la santé publique dans les territoires ruraux. L’exercice de leur métier est devenu difficilement supportable et il ne peut plus être exercé dans des standards de qualité conforme aux besoins des animaux, à leur bien-être, aux attentes de leurs détenteurs et de la santé publique». De poursuivre, face à la représentante de,la ministre: «Si les éleveurs veulent des vétérinaires, ils doivent en prendre soin, au sens qu’ils représentent un bien commun, un service à la dimension privée et publique dont il faut prendre soin».

À suivre donc ces assises, comme le lait sur le feu!

La profession vétérinaire présente

Les Assises du sanitaire animal accueillent plusieurs représentants de la profession vétérinaire. Y<0x00A0>participent notamment l’Association des directeurs et cadres de laboratoires publics vétérinaires d’analyses (Adilva), l’Association française des laboratoires d’analyses de biologie vétérinaire (AFLABV), l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV), la Fédération des syndicats vétérinaires français (FSVF), les Groupements de défense sanitaire (GDS France), le Syndicat de l’industrie du médicament et diagnostic vétérinaires (SIMV), la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) et le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL).

  • * Les États généraux du sanitaire s’étaient terminés par la remise, en avril 2010, d’un rapport commun et d’un autre pour chaque groupe de travail thématique (groupe 1 : Acteurs et gouvernance en santé animale ; groupe 2 : Outils, méthodes et stratégies en santé animale ; groupe 3 : Santé des végétaux ; groupe 4:  Financement, mutualisation).
  • ** Vidéo disponible sur youtube.com/watch?v=l9f7wh-AUEA&t=3s