Société et politique
ANALYSE GENERALE
Auteur(s) : Par Jean-Paul Delhom
Inaugurée le 4 février, la Maison de l’animal se veut un espace de sensibilisation, de dialogue et de soins dédié à la cause animale à Paris. Un projet pour repenser notre cohabitation avec les animaux en ville et promouvoir une approche humaniste et écologique.
La Maison de l’animal, située au chai de Bercy à Paris, a été inaugurée le 4 février 2025, en présence de la maire de la capitale, Anne Hidalgo. Elle vise à sensibiliser le public à la cause animale à travers diverses activités pédagogiques et des espaces de dialogue et de débats. Elle propose également un accès aux soins pour les animaux en difficulté.
Un espace dédié à la sensibilisation et aux soins
Anne Hidalgo a souligné l’importance «du monde associatif dédié à<0x00A0>la cause animale», mais aussi au dialogue entre les associations et les élus «qui a<0x00A0>conduit à<0x00A0>l’engagement d’ouvrir cette maison». Et de poursuivre en rendant hommage à Roger Madec, conseiller de Paris, décédé en décembre 2024, «qui a<0x00A0>beaucoup inspiré la délibération ayant conduit au texte signé par la mairie de Paris pour l’ouverture de cette maison». Elle a<0x00A0>mis en avant Corine<0x00A0>Pelluchon, philosophe, qui dans ses écrits « ne cloisonne pas la question des droits des animaux et ceux des humains» et estime que «la part d’humanité qui est en nous se voit aussi quand on prête attention aux plus fragiles». Ce lieu, nous dit la Maire de Paris, «vise à sensibiliser et favoriser la cohabitation entre humains et animaux en ville» ; un lieu «dans lequel on va se retrouver, car l’animal permet le contact et le mieux vivre ensemble».
Une approche humaniste et écologique
La philosophe Corine Pelluchon a souligné les avancées de la Ville sur la condition animale et rappelé l’importance d’une approche humaniste et écologique. « La question du rapport aux animaux s’installe au cœur de la ville et définit une certaine manière de penser ». La politisation de la question animale s’inscrit dans un projet de société en dépassant les préjugés. L’organisation de l’espace, en oubliant les animaux, sans partage, est un projet anthropocentriste où « le point de vue de l’humain serait le seul pouvant apporter des valeurs ». La politique actuelle d’Anne Hidalgo tente d’aider les humains à « trouver un équilibre entre leurs besoins et ceux des animaux ». C’est une zoopolitique. Jennifer Wolch a conceptualisé en 1998 cette théorie, Zoopolis, qui repense les relations entre animaux et humains. Il faut penser, nous dit Corine Pelluchon, une politique urbaine qui prendrait en compte le fait que « Les animaux partagent notre espace et ont aussi des intérêts à préserver ». Et d'ajouter : « Le problème n’est pas de savoir uniquement quelle place nous faisons aux animaux dans nos villes mais aussi quelle place nous leur faisons dans nos vies ».
« L’écologie n’est pas seulement une lutte contre le réchauffement climatique, la pollution, l’érosion de la biodiversité, mais doit être pensée comme sagesse de notre habitation de la terre et notre cohabitation avec les autres humains et non humains. Elle a une dimension sociale (organisation du travail et des ressources), mais aussi une dimension existentielle, mentale, subjective car elle atteste la manière dont nous pensons notre rapport aux autres et notre place dans notre communauté dont l’histoire nous oblige ».
« La maltraitance animale révèle notre indifférence au mal, notre facilité à ne pas voir ce que nous savons ». Il s’agit « d’un enjeu civilisationnel car la souffrance animale est l’expression d’une transgression». « La violence aux animaux reflète notre difficulté à ne pas accepter notre part animale », explique la philosophe.
Faire de la place aux animaux « sera une révolution écologique mais aussi une révolution dans les fondements du droit » et l’on pourra modifier l’article 4 de la déclaration des droits de l’homme où la limite de ma liberté ne sera pas seulement de ne pas nuire à un autre humain.
Un engagement associatif
Plusieurs associations ayant leur place dans la Maison de l’animal ont été mises à l’honneur.
Katia Renard, présidente de l’association Solidarité Peuple Animal et ex-rédactrice en chef de 30 millions d’amis, se réjouit de la création de la Maison de l’animal au cœur de la ville pour permettre d’accompagner tous les acteurs publics et privés engagés dans la défense des droits des animaux et en particulier la lutte contre les abandons. La création de cette maison est indispensable pour faire passer les messages des très nombreuses associations et promouvoir leur travail.
Pour Jean-François Courreau, président de Faune Alfort, « toutes les associations de défense des animaux se trouveront dans cette maison comme chez elles ». Faune Alfort existe pour défendre les plus vulnérables en milieu hospitalier mais « nous savons que cette ville accueille une incroyable diversité adaptée à une condition qu’on leur a imposée » et les Parisiens sont invités à la découvrir grâce aux manifestations qui seront organisées dans cette endroit.
Pour Véronique Rigal, présidente de Vétérinaire pour tous, « la solidarité est plus facile à porter si elle est partagée ». « Vétérinaire pour tous est une association qui accompagne les propriétaires démunis en les aidant à conserver la santé de leur animal », « par une action collective et répartie sur tout le territoire ». Son objectif est de « lutter contre la souffrance animale, le renoncement aux soins et les abandons, et préserver le lien entre l’animal et son foyer ».