Immunité et stress oxydant chez la vache laitière - La Semaine Vétérinaire n° 2068 du 28/02/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2068 du 28/02/2025

Métabolisme

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Clothilde Barde

Article rédigé d’après la conférence donnée par Olivier Crenn, vétérinaire à la clinique vétérinaire Sud Mayenne, lors de la journée technique du GTV Bourgogne Franche-Comté qui s’est déroulée le 17 octobre 2024 à Beaune (Côte-d’Or).

Au moment du vêlage, les vaches subissent de nombreux processus inflammatoires souvent physiologiques (expulsion du placenta, involution utérine, début de lactation, etc.) et parfois pathologiques (infections mammaires, maladies métaboliques, etc.). À<0x00A0>cette occasion, le métabolisme de l’animal augmente, ce qui accentue également la production de radicaux libres (ROS, pour reactive oxygen species). Il s’agit de fragments obtenus par scission d’une molécule, composés d’un électron non apparié qui leur confère une grande réactivité chimique. Pour se stabiliser, ils captent ou cèdent un électron à<0x00A0>d’autres molécules, entraînant une réaction en chaîne appelée oxydation. Or le stress oxydant est un déséquilibre entre la production de radicaux libres et la capacité de l’organisme à<0x00A0>les éliminer ou à<0x00A0>les contrôler. C’est pourquoi, bien que nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme, la production de radicaux libres doit être régulée par des systèmes de défense antioxydants.

Une baisse d’immunité lors des périodes de transition

Chez les vaches, une étude de 2013* a<0x00A0>permis de montrer que l’incidence et la gravité des maladies sont plus élevées pendant les périodes de transition, lorsque les fonctions immunitaires sont affaiblies. Une mobilisation intense des lipides est<0x00A0>alors associée à<0x00A0>la présence de maladies métaboliques et infectieuses. De plus, l’augmentation significative de la production des acides gras non estérifiés (AGNE) du plasma conduit alors à<0x00A0>un stress oxydatif et à<0x00A0>la présence de réponses inflammatoires incontrôlées. D’ailleurs, en cas de maladies métaboliques et infectieuses au moment du vêlage, une réponse inflammatoire dysfonctionnelle est présente. Afin d’améliorer ces réactions du système immunitaire et de réduire les pertes économiques associées aux troubles de santé pendant la période de transition, les stratégies d’intervention consistent à<0x00A0>diminuer la mobilisation des lipides. Pour cela, il convient de veiller à<0x00A0>atténuer le stress social (réintégration au troupeau, jeûne après vêlage) ainsi que le stress thermique. De plus, l’ingestion doit être maximisée pour développer le rumen au tarissement, mais aussi pour un bon démarrage en lactation et pour limiter les maladies du péripartum (métrites, troubles métaboliques). En pratique, le partenariat entre éleveur, vétérinaire et nutritionniste est essentiel pour un meilleur suivi de prévention et de gestion des données d’élevage.

Des examens complémentaires pertinents

Pour mesurer le stress oxydant des animaux, le contrôle de la calcémie peut être intéressant en raison de la réduction physiologique de l’alimentation en période de vêlage et des besoins importants de calcium en début de lactation. Simple à<0x00A0>utiliser lors des préparations aux vêlages ainsi que sur les vaches en lactation, le pH urinaire est un bon indicateur du bilan alimentaire cation-anion (BACA), du niveau d’étable (indicateur du niveau de production du troupeau et de son évolution pendant l’année) et du type de ration. De plus, pour mesurer les déficits énergétiques, une quantification des AGNE du plasma 5 à<0x00A0>15<0x00A0>jours avant ou après le vêlage peut être réalisée. Sur les vaches grasses, les dosages des β-OH (β-hydroxybutyrate), après le vêlage ou lors de cétose, et de la glycémie peuvent être intéressants. Un bilan en oligoéléments et en vitamines peut également être fait au laboratoire sur le sol, le fourrage, le sang ou les poils. Comme les oligoéléments et les vitamines, transmis aux veaux durant le dernier tiers de la gestation (complémentation de la mère) et par le colostrum, jouent un rôle important dans la croissance et le développement cellulaire (intestin, mamelle, etc.) et dans l’équilibre du système antioxydant, la complémentation alimentaire est nécessaire mais elle doit être raisonnée et adaptée à chaque élevage.

  • * Sordillo L. M., Raphael W. Significance of metabolic stress, lipid mobilization, and inflammation on transition cow disorders. Vet. Clin. North Am. Food Anim. Pract. 2013 Jul;29(2):267-78. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23809891