Médecine respiratoire
FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Sarah André Conférencier Éric Richard (Liège 05), chef du service biologie clinique du pôle santé de Labéo. Article rédigé d’après la conférence «<0x2009>Biomarqueurs d’asthme équin<0x2009>: un état des lieux pra(gma)tique<0x2009>» proposée lors des 52es<0x00A0>journées annuelles et ateliers de l’Association vétérinaire équine française (AVEF) en novembre 2024, à Tours.
Cette conférence a<0x00A0>essentiellement porté sur l’asthme équin modéré, cette «nouvelle terminologie qui rassemble ce<0x00A0>que l’on appelait avant inflammatory airway disease (IAD)», indique Éric Richard. Lorsque les praticiens sont confrontés à<0x00A0>cette maladie inflammatoire, la cytologie est de mise. «Dans le cadre de l’asthme équin, le “gold standard” c’est la cytologie du lavage bronchoalvéolaire (LBA)», affirme-t-il. Les neutrophiles, notamment leur proportion, sont à<0x00A0>rechercher dans le but de caractériser l’inflammation. La valeur normale de référence depuis les premières études en la matière datant des années 1980 est inférieure à<0x00A0>5% de neutrophiles dans le LBA des chevaux sains. Néanmoins, cette valeur doit être corrélée avec la clinique de l’équidé.
Notre confrère insiste sur la polyvalence de l’asthme équin dont trois<0x00A0>types différents sont à<0x00A0>distinguer: neutrophilique, éosinophilique et mastocytaire. Plusieurs types peuvent être présents en même temps. «On a<0x00A0>besoin de trouver des biomarqueurs qui permettent de mieux diagnostiquer et caractériser cet asthme équin», annonce Éric Richard.
Par ailleurs, un biomarqueur –<0x00A0>ou marqueur biologique<0x00A0>– peut se définir comme une caractéristique mesurée et évaluée objectivement en tant qu’indicateur de processus biologiques normaux, de processus pathogènes ou de réponses pharmacologiques à<0x00A0>une intervention thérapeutique.
Les marqueurs biologiques locaux retrouvés dans le LBA
Avant toute chose, le conférencier met l’accent sur le terme «modéré» dans la terminologie de l’asthme équin modéré. Ce mot n’est effectivement pas lié à<0x00A0>l’intensité de l’inflammation retrouvée dans le LBA. «C’est le nom du syndrome, pas de l’ampleur de l’inflammation», a-t-il précisé.
Parmi les biomarqueurs locaux qu’il est possible de retrouver dans le LBA, ceux sur lesquels la conférence a<0x00A0>porté sont deux enzymes: la myéloperoxydase (MPO) et l’élastase (ELT), de potentiels «marqueurs d’activation des neutrophiles ». Des études ont démontré qu’à la suite d’un dosage dans le LBA de chevaux atteints d’asthme sévère et en rémission, les valeurs de MPO sont significativement plus élevées que dans le groupe contrôle.
D’autres recherches se sont penchées sur la question suivante: «Est-il pire d’avoir un cheval avec peu de neutrophiles mais potentiellement très activés ou beaucoup de neutrophiles mais peu activés ?». «Une étude a montré qu’on a<0x00A0>une très bonne corrélation entre la proportion de neutrophiles avec l’élastase et la MPO», indique Éric Richard. Ces marqueurs peuvent alors être utilisés d’un point de vue diagnostique et thérapeutique.
Les biomarqueurs identifiés dans la circulation sanguine
Une étude portant sur la MPO et sur l’élastase au niveau sanguin démontre qu’ils ne sont pas retrouvés à<0x00A0>ce niveau et sont donc sans intérêt ici. Néanmoins, des biomarqueurs inflammatoires systémiques existent. Les principaux biomarqueurs cités dans le cadre de l’asthme équin sont deux protéines: l’haptoglobine et la protéine sérum amyloïde A (SAA). «Il a<0x00A0>été prouvé que l’haptoglobine et, dans une moindre mesure, la SAA dans le sang étaient augmentées chez les chevaux asthmatiques sévères en crise», ajoute notre confrère.
Un autre marqueur sanguin potentiel est la protéine<0x00A0>D de surfactant (surfactant protein<0x00A0>D ou SP-D en anglais). Des études ont effectivement montré une différence significativement plus élevée du dosage de cette protéine chez les chevaux asthmatiques modérés en comparaison avec le groupe contrôle. «Les travaux de recherche s’intéressent de plus en plus à des combinaisons de biomarqueurs», signale Éric Richard.
Les prélèvements respiratoires non<0x00A0>invasifs
Le conférencier a poursuivi en présentant une partie sur les prélèvements respiratoires non<0x00A0>invasifs chez les équidés, inspirés de<0x00A0>ce qui est<0x00A0>actuellement réalisé en médecine humaine. Des études sont<0x00A0>menées dans le but d’analyser l’air expiré des chevaux au moyen d’un dispositif comprenant un masque, un tuyau et un collecteur. Ces prélèvements permettent de mesurer le pH et la concentration en peroxyde d’hydrogène dans l’air expiré des chevaux. Des recherches ont<0x00A0>permis de mettre en évidence des valeurs supérieures chez les chevaux asthmatiques modérés. Néanmoins, de tels dispositifs restent difficiles à<0x00A0>mettre en place en pratique et sont actuellement réservés à<0x00A0>un usage pour la recherche. Éric Richard précise toutefois que des modèles plus pratiques sont en train de se développer. Un usage terrain pourrait donc voir le jour dans les prochaines années.
«Au lieu d’aller à<0x00A0>la pêche d’un marqueur en particulier, mieux vaut récupérer plusieurs données et les traiter pour arriver à<0x00A0>des panels de marqueurs potentiellement intéressants», conclut notre confrère. Les perspectives en la matière se<0x00A0>concentrent sur l’identification de marqueurs d’intérêt, leur sous- ou surexpression et la compréhension de leur rôle dans la physiopathologie du syndrome. L’objectif reste de trouver des marqueurs plus pertinents pour la pratique quotidienne des vétérinaires équins. Enfin, les praticiens doivent garder en tête l’importance de corréler ces marqueurs avec les signes cliniques présentés par les chevaux atteints d’asthme.