Quand l’Oncle Sam décide de modérer la science - La Semaine Vétérinaire n° 2070 du 14/03/2025
La Semaine Vétérinaire n° 2070 du 14/03/2025

Mésinformation

ENTREPRISE

Auteur(s) : Par Catherine Bertrand-Ferrandis1

Pas simple de s’y retrouver au milieu des annonces qui fusent aux États-Unis depuis le début d’année 2025. Mais certaines pourraient avoir un impact plus fort qu’on ne le pense sur la pratique vétérinaire. Et déboucher sur une situation complexe pour la science : la remise en cause d’un de ses fondements, la confiance dans la méthode scientifique.

Il y a moins d’un an, dans une enquête menée conjointement par La Semaine Vétérinaire et Olylo2 auprès de 227 vétérinaires, la vaccination arrivait en deuxième position des thèmes de mésinformation les plus fréquents (63 %). Spoiler : ce n’est pas près de s’améliorer.

L’année 2025 a connu son premier tournant dès le 7 janvier avec la prise de parole de Mark Zuckerberg, P-DG de Meta (Facebook, WhatsApp, Instagram, etc.), dans une vidéo. Et c’est une bombe. Il annonce un retour à la mission d’origine des plateformes : donner une voix aux utilisateurs. Pour lui, cela implique la suppression des activités de fact-checking traditionnelles et l’introduction d’un système de « notes communautaires » similaire à X (ex-Twitter). Les équipes de modération sont même délocalisées depuis la Californie vers le Texas pour « réduire les biais perçus dans la modération ». Les conséquences dépassent largement l’arène politique. Et c’est là où le bât commence à blesser pour les soignants.

Pourquoi autant d’inquiétude devant ce changement ?

Pour mémoire, en 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que 51 % des posts associés aux vaccins sur les médias sociaux contenaient des informations inexactes ou trompeuses3. Plus d’un post sur deux donc. Or, vérifier et démystifier une information scientifique demande un peu plus de connaissances et d’expertise que celles requises pour la vérification d’une citation de discours ou de la réalité d’un éboulement dans une région reculée. Le système de fact-checking professionnel n’est pas parfait, mais sa professionnalisation, donc sa rémunération et sa priorisation d’activité, permet d’aller vite dans le repérage et le ciblage de la mésinformation circulante. L’exposition de la population aux diverses infox et fake news,...