DÉPISTAGE ET GESTION DES AFFECTIONS CHRONIQUES CHEZ LE LAPIN ÂGÉ - Ma revue n° 020 du 01/01/2020 - Le Point Vétérinaire.fr
Ma revue n° 020 du 01/01/2020

LES FONDAMENTAUX

Généralités, connaissances et gestes de base

Auteur(s) : Véronique Mentré

Fonctions : (Dipl. ECZM small mammals)
L’Arche des NAC
20, rue Lavoisier
95300 Pontoise

Avec l’augmentation de la durée de vie des lapins de compagnie, la consultation gériatrique permet la détection précoce des affections chroniques et une prise en charge adaptée.

Si depuis plus de dix ans la gériatrie du chien et du chat est un domaine bien exploré et fait partie intégrante des consultations quotidiennes, celle des nouveaux animaux de compagnie, et du lapin en particulier, est en plein essor et ne doit pas être négligée par le praticien. L’augmentation de la durée de vie des animaux, qui va de pair avec une médicalisation de plus en plus poussée et l’amélioration des connaissances et des techniques médicales, concerne également le lapin de compagnie. La durée de vie moyenne actuelle est d’environ 8 à 10 ans, mais il n’est pas rare de voir un lapin atteindre 12, voire 14 ans (photo 1). La majorité des affections considérées comme gériatriques apparaissent à partir de l’âge de 6 à 7 ans. Des visites au minimum semestrielles sont recommandées à partir de cet âge afin de dépister ces affections précocement.

PRINCIPALES AFFECTIONS GÉRIATRIQUES DU LAPIN (HORS NÉOPLASIES)

1. Insuffisance rénale

Tableau clinique

L’insuffisance rénale chronique est fréquente chez le lapin âgé. Les signes cliniques observés incluent un abattement, une perte de poids, une amyotrophie et un arrière-train souillé par l’urine. Contrairement au chien et au chat, la polyuro-polydipsie est un signe très inconstant chez le lapin (la prise de boisson normale est d’environ 120 ml/kg/j). De nombreux lapins présentent une polydipsie sans insuffisance rénale associée, et inversement. L’appétit est généralement maintenu jusqu’à des stades avancés de la maladie. Comme le lapin ne peut anatomiquement pas vomir, ce symptôme est donc absent du tableau clinique, contrairement à d’autres espèces. L’existence d’une sensation de nausée est néanmoins supposée chez le lapin et peut expliquer certains comportements d’abattement, de dysorexie et de prostration, notamment lors d’urémie élevée [9].

Étiologie

L’insuffisance rénale chronique peut être le résultat d’une néphrite interstitielle, d’une infection par Encephalitozoon cuniculi ou d’une hypercalcémie chroniques. D’autres causes incluent les urolithiases, les infections bactériennes, les néoplasies et la néphrocalcinose [10]. Les lapins présentant un calcul rénal sont souvent positifs à E. cuniculi et montrent des signes anatomopathologiques d’inflammation chronique granulomateuse interstitielle et de fibrose. Les cellules inflammatoires font également le nid de la formation du calcul. Lorsque les cristaux s’agrègent dans le pelvis rénal, ils obstruent le flux d’urine et favorisent la formation d’autres cristaux [5, 19].

Chez le chien et le chat, les néphrons réagissent et s’adaptent lors de lésion rénale en augmentant la pression sanguine glomérulaire et le débit de filtration. Chez le lapin, tous les néphrons ne sont pas actifs et l’augmentation des glomérules actifs pourrait être un mécanisme compensateur permettant d’expliquer l’absence de signes cliniques précoces [5].

Diagnostic

Le diagnostic de l’insuffisance rénale chronique chez le lapin est souvent tardif. La présence de dépôts de plaques calciques ectopiques, notamment sous-cutanés, palpables lors de l’examen clinique ou visibles à la radiographie de contrôle, doit faire rechercher une hypercalcémie et une insuffisance rénale. L’échographie est l’examen de choix pour détecter des anomalies rénales (reins bosselés, de petite taille, calcifications, disparition des limites cortico-médullaires). La numération-formule met souvent en évidence une anémie par diminution de l’érythropoïèse. L’examen biochimique peut révéler une élévation de l’urémie (> 50 mg/dl) et de la créatininémie (> 26 mg/dl), souvent tardives, ainsi qu’une hypercalcémie (> 148 mg/dl) et une hyperphosphorémie (> 6,9 mg/dl) [2]. L’intérêt du dosage de la diméthylarginine symétrique (SDMA) n’est pas validé actuellement chez le lapin [15]. Le rapport protéines urinaires/créatinine urinaire (PU/CU) peut être utilisé (norme < 0,4) [20, 22]. Le dosage urinaire de la gamma-glutamyl transférase (γ-GT) a également montré un intérêt pour le diagnostic de l’insuffisance rénale dans cette espèce [12, 19].

Traitement médicamenteux

Le traitement vise à augmenter la durée de vie, en ralentissant la dégradation de la fonction rénale et en maintenant la qualité de vie.

Chez le lapin, il est d’abord fondé sur l’hydratation. Il convient d’encourager la prise de boisson (gamelle plutôt qu’un biberon, ajout d’une ou deux gouttes de sirop ou de jus de fruit dans l’eau) et la consommation de verdure variée riche en eau (concombre, endives, etc.), voire de remplacer le foin par des herbes fraîches afin d’augmenter la part hydrique de la ration. La gestion de l’hypercalcémie passe, comme lors d’urolithiase, par le recours à des granulés pauvres en calcium, voire à leur suppression. Des perfusions sous-cutanées régulières de chlorure de sodium isotonique à 0,9 % peuvent également être proposées au propriétaire et réalisées à domicile. L’installation d’un cathéter à demeure par voie sous-cutanée peut aussi faciliter l’administration de la perfusion [10, 19].

L’utilisation des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) pour le traitement de l’insuffisance rénale chronique n’est pas documentée chez le lapin. Elle doit faire l’objet des mêmes précautions que lors d’affection cardiaque, avec notamment des risques d’hypotension et d’aggravation de l’IRC. Les posologies sont extrapolées de celles utilisées chez le chat et le chien : énalapril à la dose de 0,1 à 0,5 mg/kg par voie orale toutes les 24 à 48 heures, imidapril à raison de 0,25 mg/ kg per os par 24 à 48 heures, benazépril à 0,25 à 0,5 mg/ kg per os par 24 heures [2].

Le telmisartan semble également intéressant chez le lapin (observation de l’auteur), à la posologie utilisée chez le chat en l’absence de données spécifiques, soit 1 mg/kg per os toutes les 24 heures (des effets de toxicité digestive sont décrits).

Lors d’encéphalitozoonose concomitante, l’effet du traitement de cette maladie sur l’insuffisance rénale semble très limité. Un traitement à base de fenbendazole n’est recommandé qu’en cas d’activité avérée d’Encephalitozoon cuniculi à la sérologie (IgM élevées), à la dose de 20 mg/kg per os par 24 heures pendant vingt-huit jours [2].

Si le lapin présente des symptômes compatibles avec des nausées, du maropitant peut être utilisé, à raison de 2 mg/kg par voie sous-cutanée toutes les 24 heures [2]. Les ulcères buccaux urémiques sont rares chez cette espèce. Plusieurs traitements peuvent être proposés dans ce cas : un gel d’aloe vera, des formulations humaines analgésiques pour les poussées dentaires des nourrissons, des produits cicatrisants et apaisants en phytothérapie ou aromathérapie.

Lors d’anémie en lien avec l’insuffisance rénale, il est possible d’utiliser de l’érythropoïétine, à la dose de 50 à 150 U/kg par voie sous-cutanée tous les deux à trois jours [2].

Nursing

Des mesures de nursing doivent également être mises en place en cas de besoin. Si le lapin présente une dermite urineuse, une tonte précautionneuse de toute la région périnéale doit être effectuée. Des shampooings adaptés peuvent être effectués à la demande. Le propriétaire doit ensuite sécher le lapin avec une serviette ou un sèche-cheveux en position froide. L’application de vaseline une fois par jour permet de contrôler les effets cutanés irritants de l’urine (barrière imperméable).

2. Cardiologie

Diagnostic

Plusieurs cardiopathies sont décrites chez le lapin âgé, mais leur diagnostic est souvent tardif et leur auscultation difficile(1). Une dyspnée évocatrice d’un œdème pulmonaire et une fatigabilité accrue sont les signes cliniques les plus fréquemment rencontrés. La palpation d’un foie hypertrophié peut également être un signe d’appel. Des examens de dépistage radiographique et/ou échographique sont donc à proposer régulièrement lorsque le lapin vieillit, afin d’établir un diagnostic précoce.

Lors de radiographie abdominale réalisée chez un lapin âgé, inclure le thorax dans le champ peut être intéressant pour déceler plus précocement une cardiomégalie asymptomatique. Les images radiographiques de thymome sont parfois confondues avec celles observées lors de cardiomyopathie dilatée (soulèvement de la trachée, impression d’augmentation de taille de la silhouette cardiaque, etc.). L’absence de visualisation à la radiographie de la partie craniale du cœur est compatible avec une silhouette cardiaque normale et ne doit pas être interprétée comme une masse.

L’échocardiographie permet d’établir un diagnostic de certitude et d’adapter au mieux le traitement. Elle est réalisée le plus souvent sans tranquillisation, selon le même protocole que pour les carnivores domestiques [11, 17].

Traitement médicamenteux

Le traitement des affections cardiaques gériatriques fait appel aux molécules classiquement utilisées chez le chien et le chat, et est le plus souvent fondé sur des extrapolations ou sur des cas cliniques isolés(1). Lors d’arythmie, des anti-arythmiques peuvent être extrapolés de l’usage chez le chat [7, 10]. Le recours à la phytothérapie est à envisager, l’aubépine présentant des propriétés très intéressantes de régulation du rythme cardiaque [1].

3. Affections dentaires

Les affections dentaires ne sont pas propres à la gériatrie, mais évoluent le plus souvent depuis le plus jeune âge(2).

4. Arthrose et difficultés locomotrices

Diagnostic

Avec l’augmentation de la durée de vie, l’arthrose et la spondylose sont désormais des affections fréquemment rencontrées chez le lapin âgé. Les signes cliniques peuvent inclure des difficultés ou un refus de se déplacer chez un animal beaucoup plus statique que d’habitude, des difficultés à entrer et sortir de sa cage ou de sa litière (entraînant de la malpropreté), la modification des positions de repos, mais aussi un défaut de toilettage, notamment de la région postérieure du corps. Une accumulation de cæcotrophes est également possible.

Le diagnostic est radiographique. L’arthrose peut concerner toutes les articulations. La spondylose vertébrale est fréquente et est parfois découverte fortuitement lors de radiographies réalisées pour d’autres motifs. De nombreux lapins semblent néanmoins présenter des douleurs articulaires sans visualisation d’images caractéristiques d’arthrose à la radiographie. Un diagnostic thérapeutique est alors effectué, fondé sur une réponse positive aux analgésiques et une amélioration des symptômes et de la qualité de vie du lapin (observations de l’auteur).

Traitement médicamenteux

Le traitement repose sur l’utilisation d’antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS) lors d’épisodes douloureux. Historiquement, de nombreux AINS ont été employés chez le lapin au fur et à mesure de l’apparition de nouvelles molécules. En l’état actuel des connaissances, le méloxicam est le plus utilisé, à la dose de 0,5 à 1 mg/kg per os toutes les 12 heures. Des précautions doivent toutefois être prises, comme pour toutes les espèces, lors de déshydratation ou d’insuffisance rénale [2].

Lors de douleurs neurologiques, associées notamment à des pincements vertébraux, l’usage de gabapentine est intéressant, car elle est très bien tolérée chez le lapin (à raison de 3 à 5 mg/kg per os par 12 à 24 heures) [2].

Les chondroprotecteurs peuvent être utilisés en extrapolant les dosages pour le chien et le chat [4].

Gestion de l’environnement

Enfin, l’environnement du lapin doit être adapté afin de faciliter sa mobilité. Si cela est possible, la cage doit être évitée car le lapin a souvent des difficultés à en sortir et de ce fait limite spontanément ses déplacements. L’idéal est un enclos ou la liberté totale, avec une litière très basse et un sol antidérapant. L’utilisation d’un tapis épais, de type Drybed®, permet de limiter les pododermatites et les problèmes dermatologiques liés à l’urine. L’exercice modéré doit être encouragé afin de limiter la progression de la fonte musculaire qui majore les signes cliniques et la douleur.

5. Affections ophtalmologiques

Les lapins âgés développent souvent une cataracte et parfois un glaucome secondaire. Aucun traitement n’est nécessaire en l’absence de souffrance oculaire. Dans cette espèce vivant naturellement en terrier, la vision n’est pas le sens le plus important et le lapin s’adapte généralement très bien à l’apparition d’une cataracte, même bilatérale. Cependant, il convient de garder son environnement le plus stable possible en évitant de modifier la place des meubles.

L’exophtalmie et la procidence de la troisième paupière observées chez le lapin âgé sont en général liées à la présence d’un thymome(3).

6. Affections dermatologiques

Il n’existe pas, chez le lapin, d’affections dermatologiques liées à la gériatrie. Néanmoins, plusieurs facteurs peuvent être à l’origine d’une augmentation de fréquence de ces affections. Le lapin âgé présente souvent de l’arthrose et des difficultés à se toiletter. Des bourres de poils peuvent être à l’origine de dermites de macération. Il est essentiel pour le propriétaire d’aider son lapin à s’entretenir (brossage, shampooings, tonte, etc.). Le manque de toilettage et la diminution des défenses immunitaires du lapin vieillissant favorisent également la cheyletiellose. Cette zoonose se caractérise, comme chez le chien, par des dépilations squameuses souvent prurigineuses. Le traitement repose sur l’utilisation classique d’antiparasitaires externes [6].

Le lapin âgé étant souvent moins actif et présentant parfois des troubles urinaires (incontinence), les pododermatites et les dermites urinaires en région périanale sont également beaucoup plus fréquentes. Le traitement est d’abord étiologique (lutter contre l’arthrose ou les affections urinaires, aménager le milieu de vie), puis repose sur l’usage d’anti-inflammatoires le cas échéant (méloxicam) et de traitements locaux, notamment à base de solutions naturelles comme l’alœ vera. La cortisone est toujours à éviter chez le lapin en raison de ses effets immunodépresseurs. Le laser peut aussi être utilisé sur les pododermatites pour limiter l’inflammation et favoriser la cicatrisation. Des shampooings réguliers adaptés doivent être recommandés au propriétaire pour lutter contre la dermite urineuse.

7. Endocrinologie

Très peu de dysendocrinies liées à l’âge sont décrites chez le lapin. La pathologie thyroïdienne, par exemple, demeure pour le moment peu explorée, même si des cas d’hypothyroïdie et d’hyperthyroïdie sont suspectés [3]. Des tumeurs des glandes surrénales sont décrites ponctuellement et probablement sous-estimées. Elles se manifestent notamment, chez les mâles castrés, par une reprise des comportements sexuels. Leur pénis retrouve ainsi la forme caractéristique en crochet des lapins pubères non castrés, qui avait disparue au moment de leur castration. Le diagnostic est échographique et il n’existe actuellement pas de traitement recommandé, même si la chirurgie est une option envisagée.

GESTION QUOTIDIENNE DE L’ALIMENTATION DU LAPIN ÂGÉ

Dans toutes les espèces, la gestion de l’alimentation de l’animal senior est essentielle.

Les lapins âgés présentent fréquemment une perte de poids et une amyotrophie. Une alimentation plus riche peut leur être proposée : augmentation modérée de la quantité d’extrudés à teneur en calcium réduite, apport plus important de légumes racines et de tubercules (carotte, panais, topinambour notamment) en l’absence d’insuffisance rénale chronique. Des compléments alimentaires à base de leucine et de citrulline peuvent contribuer à enrayer la fonte musculaire lors de maladie chronique (insuffisance rénale ou cardiaque, néoplasies, etc.).

Une complémentation en luzerne est déconseillée, car s’il s’agit d’un foin plus énergétique, il est également plus riche en calcium et favorise l’apparition d’urolithiases.

Lors d’insuffisance rénale, l’alimentation des lapins de compagnie étant naturellement relativement pauvre en protéines, aucune modification du taux alimentaire n’est actuellement recommandée.

En cas de cardiopathie, comme dans les autres espèces, une supplémentation en acides gras oméga 3 est conseillée. Il en est de même lors de lésions dermatologiques ou d’arthrose.

L’utilisation de la taurine aurait entraîné une amélioration de la fonction cardiovasculaire chez des lapins de laboratoire présentant une insuffisance cardiaque induite [23].

MÉDECINES COMPLÉMENTAIRES ET GÉRIATRIE

Le recours aux médecines considérées parfois comme “complémentaires ou alternatives” constitue un ajout très intéressant à l’arsenal thérapeutique dans la gestion des affections chroniques en gériatrie chez le lapin. De nombreuses techniques et galéniques sont maintenant disponibles pour le praticien, ainsi que des formations adaptées. En outre, elles correspondent à une réelle attente de la part des propriétaires.

1. Laser thérapeutique

Le laser thérapeutique possède de nombreuses propriétés (action analgésique, effet anti-inflammatoire, stimulation de la cicatrisation). Dans le cadre des affections gériatriques chroniques du lapin, le laser est particulièrement utilisé en complément pour traiter l’arthrose, ainsi que les douleurs orthopédiques et neurologiques, selon des protocoles similaires à ceux utilisés chez le chien et le chat (photo 2) [8, 18]. Les séances sont réalisées plusieurs fois par semaine dans un premier temps, puis espacées selon les besoins et la réponse de l’animal. Suivant la machine utilisée, des protocoles préétablis sont disponibles ou peuvent être adaptés par le praticien [8, 14, 18].

2. Phytothérapie

La phytothérapie représente une part essentielle de l’arsenal thérapeutique des affections chroniques. Le vétérinaire peut réaliser sa propre formule à base d’extraits liquides (extraits de plantes standardisés, ou EPS) ou utiliser des préparations commerciales (médicaments pour chiens et chats adaptables au lapin) visant à améliorer le fonctionnement rénal, à réguler le rythme cardiaque, etc. Les doses généralement indiquées vont de 0,5 à 1 ml/kg de la préparation réalisée, qui peut être utilisée en cure ou en traitement permanent (souvent administré cinq jours par semaine) [13].

La phytothérapie est particulièrement intéressante comme traitement de fond de l’arthrose, en complément ou en remplacement des anti-inflammatoires non stéroïdiens (cassis, partie aérienne de l’ortie, curcuma, etc.). Elle l’est également dans la gestion de l’insuffisance rénale chronique, en augmentant la diurèse et en favorisant l’élimination de l’urée (lespedeza, orthosiphon, piloselle, etc.). La spiruline peut également être utilisée pour cette affection, car ses propriétés anti-oxydantes sont actuellement reconnues et son utilisation validée, notamment chez l’homme dans le soutien de la fonction rénale ou lors de néoplasies [16, 21]. Elle peut être utilisée en poudre ou sous la forme liquide, en cure ou de manière permanente. Le dosage dépend de la présentation utilisée.

Enfin, certaines plantes peuvent être distribuées sous une forme sèche au lapin, en raison de sa nature herbivore, par exemple l’Echinacea purpurea pour stimuler l’immunité, ou encore le fenouil aux vertus diurétiques connues [13].

3. Ostéopathie, acupuncture, physiothérapie

L’ostéopathie et l’acupuncture peuvent parfaitement être utilisées chez le lapin. Plusieurs séances et un suivi régulier sont souvent nécessaires. L’acupuncture est parfois couplée au laser pour cibler les “trigger points”. La physiothérapie est également utile pour améliorer les troubles locomoteurs du lapin vieillissant, qu’ils soient d’origine neurologique ou orthopédique, en complément des traitements allopathiques. Des exercices à réaliser au domicile peuvent être montrés au propriétaire.

  • (1) Voir l’article « Cardiologie du lapin : affections et traitement » dans ce numéro.

  • (2) Voir l’article « Gestion à long terme des affections dentaires du lapin de compagnie » dans ce numéro.

  • (3) Voir l’article « Prise en charge des principaux cancers chez le lapin » dans ce numéro.

Références

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Conflit d’intérêts : Aucun

Points clés

• L’insuffisance rénale est souvent diagnostiquée tardivement chez le lapin.

• La première cause d’insuffisance rénale dans cette espèce est l’encéphalitozoonose.

• Le nursing est une part importante de la gestion des affections chroniques chez le lapin âgé.

• De nombreux traitements au long cours sont utilisables pour la gestion de l’arthrose (chondroprotecteurs, phytothérapie, ostéopathie, laser).

CONCLUSION

Les maladies gériatriques occupent désormais une place importante dans la consultation des nouveaux animaux de compagnie. Chez le lapin vieillissant, des affections chroniques peuvent apparaître. Leur prise en charge nécessite une gestion globale et à long terme. Elle repose à la fois sur des traitements de courte durée et sur des traitements de fond, qui combinent souvent allopathie, médecines non conventionnelles et nursing. Ces maladies doivent être identifiées par le praticien, qui dispose d’un vaste arsenal thérapeutique pour améliorer au maximum le confort et la durée de vie de l’animal âgé.