RHUMATOLOGIE CANINE
Dossier
Auteur(s) : Maud Ménard*, Ghita Benchekroun**
Fonctions :
*Service de médecine interne,
Centre hospitalier universitaire
vétérinaire d’Alfort,
ENV d’Alfort, 7, avenue du Général-de-Gaulle,
94704 Maisons-Alfort
**Service de médecine interne,
Centre hospitalier universitaire
vétérinaire d’Alfort,
ENV d’Alfort, 7, avenue du Général-de-Gaulle,
94704 Maisons-Alfort
Douleurs et boiteries sont les symptômes le plus souvent rencontrés lors de polyarthrites à médiation immune. La démarche diagnostique commence par la réalisation de radiographies articulaires et une analyse du liquide synovial.
Lors d’atteinte sévère, une polyarthrite à médiation immune (PMI) se manifeste par des boiteries, un syndrome fébrile et des symptômes locaux (distension, douleur et chaleur articulaire). Les signes cliniques peuvent aussi être frustes. Ainsi, certains chiens présentent une fièvre isolée ou une simple réticence à se déplacer. En cas de suspicion, des radiographies articulaires et une analyse cytologique du liquide synovial doivent être réalisées afin de confirmer le diagnostic. Le diagnostic différentiel des syndromes ambulatoires douloureux, les signes radiographiques compatibles avec une polyarthrite, ainsi que les principes de l’arthrocentèse et de l’analyse du liquide synovial sont présentés dans cet article.
Le tableau clinique d’une polyarthrite à médiation immune est souvent évocateur. L’inspection révèle une démarche raide et précautionneuse, ainsi qu’une boiterie pouvant toucher un ou plusieurs membres avec une intensité variable. L’animal est généralement réticent à se lever et à se déplacer (photo 1).
Des symptômes locaux sont fréquemment associés : la palpation et la mobilisation des articulations mettent en évidence une distension articulaire, une arthralgie et/ou une chaleur (photo 2). Les carpes et les tarses sont plus fréquemment touchés. Les articulations concernées et la sévérité de l’atteinte sont cependant variables. Ces symptômes locaux peuvent s’accompagner d’un syndrome fébrile (dans 18 à 56 % des cas) ou d’autres signes cliniques systémiques selon l’origine de la polyarthrite [9, 12, 14, 15, 21]. Une dorsalgie et/ou une cervicalgie peuvent être présentes et indiquer une affection associée (méningite, polymyosite, etc.) ou être un signe de polyarthrite avec une atteinte des articulations intervertébrales [24].
Néanmoins, la symptomatologie est parfois fruste. Ainsi, dans une étude rétrospective incluant 40 cas de polyarthrite à médiation immune canine, 25 % des chiens présentent seulement une boiterie très légère ou de discrètes difficultés à se déplacer. Dans 10 % des cas, l’unique symptôme prend la forme d’une hyperthermie, d’une anorexie, d’une prostration, d’une intolérance à l’effort ou d’un amaigrissement [12]. Une PMI ne peut donc être exclue en l’absence de boiterie évidente, d’arthralgie ou d’hyperthermie.
De plus, les PMI doivent toujours être intégrées au diagnostic différentiel des fièvres d’origine indéterminée (FOI). Elles représentent de 7,6 à 20 % des cas de FOI, selon les études. En plus de l’hyperthermie, ces chiens ne présentaient aucun signe permettant de suspecter une polyarthrite [3, 7].
Le diagnostic différentiel des polyarthrites comprend l’ensemble des maladies possiblement associées à une polyalgie, à des douleurs ambulatoires et/ou à un syndrome fébrile (tableau). Certaines ostéopathies, myopathies ou affections neurologiques peuvent donc être à l’origine d’un tableau clinique assez similaire. Un examen à la fois orthopédique et neurologique complet est ainsi systématiquement réalisé lors de suspicion de polyarthrite.
Un bilan biochimique et hématologique est indiqué chez tout chien suspect de polyarthrite. Une analyse biochimique sanguine, un hémogramme et une analyse d’urine (comprenant une uroculture et une recherche de protéinurie) sont ainsi recommandés. Ces examens d’orientation permettent de mettre en évidence et de caractériser une éventuelle atteinte systémique.
Des radiographies articulaires sont ensuite effectuées, qui permettent d’exclure d’autres causes d’arthropathie ou d’ostéopathie localisées à proximité de l’articulation, mais aussi de mettre en évidence des signes compatibles avec une polyarthrite à médiation immune. Enfin, elles permettent de distinguer une polyarthrite érosive d’une polyarthrite non érosive. L’analyse du liquide synovial est indispensable pour confirmer le diagnostic. La recherche exhaustive d’un foyer infectieux, inflammatoire ou néoplasique doit ensuite être entreprise à l’aide de radiographies thoraciques et d’une échographie abdominale. Des radiographies du rachis associées à une analyse de la ponction du liquide céphalo-rachidien sont préconisées lors de cervicalgie ou de dorsalgie associée (s). Selon le contexte épidémiologique et clinique, les maladies infectieuses systémiques qui peuvent s’accompagner de polyarthrites sont à rechercher par les tests appropriés (borréliose, leishmaniose, brucellose, rickettsiose) [14, 15](1).
Des radiographies des articulations symptomatiques sont indiquées. Les lésions observées lors de PMI érosives sont souvent assez caractéristiques.
Les polyarthrites érosives se caractérisent en début d’évolution par un gonflement articulaire isolé. Des signes plus caractéristiques apparaissent ensuite : perte de densité de la trame osseuse, puis lyse de l’os sous-chondral avec formation de kystes (images en “géodes”), lyse de l’os périchondral, rétrécissement de l’espace articulaire, diminution de l’opacité des épiphyses adjacentes à l’articulation, déformations en “champignons” des extrémités des métacarpiens et des métatarsiens, puis déformations articulaires parfois associées à des subluxations ou à des luxations (photos 3a, 3b et 4a, 4b). Les lésions prépondérantes sont localisées aux zones en regard de l’attache synoviale [6, 13, 17].
Ces signes radiographiques mettent parfois plus de 6 mois à apparaître, et il est donc important de réévaluer régulièrement les chiens suspects de polyarthrites non érosives chez lesquels les symptômes persistent [13]. Avec le temps, des manifestations arthrosiques se superposent au tableau radiographique [4, 17]. Une calcification de la capsule articulaire et/ou...
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