ANTIBIOTHÉRAPIE ÉQUINE
Thérapeutique
Auteur(s) : Caroline Tessier*, Tanguy Hermange**, Yassine Mallem***
Fonctions :
*Auteur-coordinateur
La pénicilline procaïne consiste en l’association d’un antibiotique de la famille des ?-lactamines, la?pénicilline G (benzylpénicilline), et d’un anesthésique local, la procaïne.
La pénicilline procaïne est largement utilisée en médecine vétérinaire et, a fortiori, en pratique équine. Administrée par voie intramusculaire (IM) stricte, elle comprend de très nombreuses indications et ne fait pas partie des antibiotiques critiques, ce qui justifie son large usage. En revanche, son utilisation a des limites, notamment en raison de la toxicité de la procaïne.
Après administration IM, la benzylpénicilline est résorbée lentement au niveau du site d’injection, puis distribuée dans le liquide extracellulaire et éliminée par voie rénale. Son action est temps-dépendante sans effet postantibiotique et nécessite donc des concentrations stables au-dessus de la concentration minimale d’inhibition des germes visés. Une synergie avec les aminosides est possible [1].
La pénicilline G possède un spectre essentiellement Gram+, pour les germes aérobies et anaérobies (sauf Bacteroides fragilis) (tableau).
La pénicilline est utilisée pour des affections généralisées du poulain et de l’adulte, des affections respiratoires (bronchites, pneumonies), des infections postopératoires, ou toute autre infection à germe sensible (plaie, abcès, omphalite, cystite, etc.) [1, 3].
La dose recommandée est de 20 000 à 50 000 UI/kg toutes les 12 à 24 heures. Seules deux spécialités comportant une autorisation de mise sur le marché en équine sont disponibles en France. L’une (Dépocilline®) ne contient que de la pénicilline sous forme de procaïne et une injection de 25 000 UI/kg maintient des concentrations efficaces pour la plupart des germes sensibles pendant 12 heures, et jusqu’à 24 heures pour certains germes très sensibles (streptocoques). L’autre (Duplocilline®) présente un mélange de benzylpénicilline sous forme de procaïne et de benzathine permettant une libération prolongée (48 heures, selon le laboratoire). Néanmoins, les concentrations obtenues sont faibles et son usage n’est recommandé que pour les germes très sensibles [1, 3].
Bien que les injections dans les muscles glutéaux soient souvent préférées en raison d’un meilleur drainage en cas de réaction locale, les concentrations obtenues sont légèrement inférieures que pour les injections réalisées dans l’encolure ou le poitrail [2].
Les réactions d’hypersensibilité à la pénicilline sont peu fréquentes chez le cheval et souvent confondues avec une toxicité de la procaïne. Les réactions d’hypersensibilité vraie peuvent provoquer une multitude de symptômes : troubles cutanés (urticaire), anémies hémolytiques à médiation immune, chocs anaphylactiques, etc. [4]. Sur un cheval ayant présenté une réaction de ce type, il conviendra d’utiliser une autre famille de molécules, d’en informer le propriétaire et de l’indiquer par une mention en rouge dans le livret signalétique de l’animal.
Les réactions à la procaïne sont bien plus fréquentes, notamment lors d’une injection vasculaire accidentelle. Cette molécule provoque une excitabilité du système nerveux central (agitation, tremblements, convulsions), pouvant être suivie d’une dépression, voire de la mort par paralysie respiratoire. Les cas rapportés font état d’une injection intraveineuse accidentelle de pénicilline procaïne ou d’une effraction vasculaire lors de d’administration IM [5]. Les réactions à la procaïne semblent plus fréquentes lors d’injection dans l’encolure ou le poitrail plutôt que la croupe ou la fesse, mais aucune publication ne confirme ce ressenti des praticiens.
Aucun.