SOINS INTENSIFS
Dossier
Auteur(s) : Maxime Cambournac
Fonctions : Service d’urgence,
réanimation et soins intensifs
CHV Frégis
43, avenue Aristide-Briand
94110 Arcueil
Comme tout traitement, la fluidothérapie peut présenter des complications. Elles peuvent être liées à la mise en place d’un plan inadapté ou au contexte pathologique de l’animal.
La fluidothérapie est l’un des aspects les plus importants des soins prodigués aux animaux hospitalisés. Elle n’est pas dénuée de complications, dont certaines potentiellement mortelles. Leur connaissance et leur reconnaissance sont indispensables à l’ajustement du plan de fluidothérapie.
L’administration de solutions cristalloïdes est recommandée dans la prise en charge initiale des hypovolémies. En effet, la persistance d’une hypovolémie peut conduire à de nombreuses complications. Ainsi, le plan de fluidothérapie doit viser la normovolémie. Cependant, l’équilibre est parfois délicat à trouver. Une utilisation excessive et inappropriée des solutés de perfusion peut conduire à l’apparition d’une surcharge volumique [1]. Cela se traduit par une altération de la diffusion de l’oxygène et des métabolites, une obstruction du flux sanguin capillaire et du drainage lymphatique, ainsi qu’une perturbation des interactions entre cellules pouvant contribuer ensuite au dysfonctionnement progressif d’un organe (tableau 1). La surcharge n’est pas seulement toujours une conséquence d’une fluidothérapie inadaptée, elle peut survenir également lors d’une altération de la paroi vasculaire (choc septique, vascularite). Dans ce contexte, l’œdème est attribué à une combinaison des augmentations de la perméabilité capillaire et de la pression hydrostatique transcapillaire nette par réduction de la vasoconstriction précapillaire.
Les poumons sont l’un des organes pour lesquels les effets indésirables de la surcharge hydrique sont les plus évidents, pouvant conduire à un œdème pulmonaire aigu ou à un syndrome de détresse respiratoire aigu. Autres organes sensibles, les organes encapsulés (foie et reins notamment) sont particulièrement affectés par la surcharge (photo 1). En effet, en l’absence de capacité de gonflement, la surcharge est à l’origine d’une augmentation de pression importante au sein de l’organe, avec pour conséquences l’apparition de lésions cellulaires et de dysfonctionnements.
En pratique, la surcharge est difficile à évaluer, et nécessite souvent l’association de paramètres cliniques et paracliniques, ainsi que l’expérience du vétérinaire (tableau 2 et photo 2).
L’administration massive de NaCl à 0,9 % peut être à l’origine d’une hyperchlorémie. Il a été démontré récemment que l’hyperchlorémie était associée à une diminution du taux de survie chez les animaux hospitalisés [2, 3]. L’utilisation de fluides pauvres en potassium à moyen terme peut entraîner une hypokaliémie. De la même manière, l’absence de précurseurs des bicarbonates dans certains fluides peut favoriser une acidose métabolique, par dilution des bicarbonates plasmatiques. L’administration de solutés glucosés en bolus peut être à l’origine d’une hyperglycémie transitoire dont les effets sont particulièrement délétères lors de traumatisme crânien.
L’administration de solutés hypotoniques peut causer une hémolyse intravasculaire, parfois massive. Leur utilisation est sujette à d’autres complications potentielles telles qu’une hyponatrémie ou un œdème intracellulaire, dont le principal organe affecté est le cerveau.
L’administration inappropriée de solutés hypertoniques peut être à l’origine d’une hypotension centrale, d’une déformation des hématies (crénations) ou encore de phlébites. Ils peuvent aussi entraîner une hypernatrémie et des affections nerveuses [4]. Ces affections apparaissent le plus souvent tardivement.
Enfin, bien que leur emploi soit relativement restreint en médecine vétérinaire, les colloïdes sont à l’origine de complications spécifiques. Ainsi, outre une fréquence de surcharge volumique plus élevée à la suite de leur utilisation, ils peuvent provoquer des coagulopathies et des insuffisances rénales.
Bien que les avantages du cathétérisme intraveineux et de l’administration de solutés soient nombreux, les procédures comportent des risques inhérents et il convient de veiller à prévenir les complications éventuelles.
Les complications les plus fréquentes sont les phlébites infectieuses, les phlébites irritatives, ou les œdèmes périvasculaires ou sous-cutanés [4].
Lors de l’utilisation d’une voie centrale, la complication la plus fréquente est la thrombose, totale ou partielle. Elle est le plus souvent dangereuse puisqu’à l’origine d’un syndrome cave cranial incluant un œdème de la face et une congestion cérébrale [5].
Enfin, la pose d’un cathéter intra-osseux peut être la cause d’une fracture ou d’une ostéomyélite.
Quel que soit le type de cathéter utilisé, l’infection du cathéter peut se propager de façon systémique et entraîner un état septique ou une endocardite. Indirectement liée au cathétérisme, l’infection peut provenir de la tubulure utilisée ou de la poche de perfusion en elle-même. Aussi, l’utilisation de poches déjà ouvertes et les nombreux branchements-débranchements de tubulure sont à l’origine d’un certain nombre d’infections ou de thrombophlébites en médecine vétérinaire.
Aucun.