Applications pratiques des schémas d’allotement - Le Point Vétérinaire expert rural n° 338 du 01/09/2013
Le Point Vétérinaire expert rural n° 338 du 01/09/2013

CONDUITE GLOBALE DU TROUPEAU

Fiche

Auteur(s) : Stéphane Ingrand*, Benoît Dedieu**, Yanik Curier***

Fonctions :
*Inra, UMR 1273 Métafort, Site de Theix,
63122 Saint-Genès-Champanelle
**Inra, département Sad,
63122 Saint-Genès-Champanelle
***Inra, UMR 1273 Métafort, Site de Theix,
63122 Saint-Genès-Champanelle

La schématisation de l’allotement facilite, par exemple, le suivi des traitements sanitaires ou du planning de pâturage, et plusieurs informations peuvent être superposées à la trame de base.

Ces deux exemples pratiques de schémas d’allotement superposent plusieurs types d’informations. Des conventions graphiques sont proposées pour les principales d’entre elles.

Planning de pâturage

Le schéma d’allotement permet d’enregistrer fa-ci-lement la succession des parcelles utilisées par chaque lot au pâturage (même si les dates d’entrée et de sortie des lots sont plus ou moins précises) (encadré 1). Cette formule est moins contraignante pour l’éleveur que d’enregistrer pour chaque parcelle la succession des lots qui l’ont pâturée. Une première analyse visuelle peut alors être effectuée par lot, concernant l’utilisation des surfaces, combinant leur nature (prairies temporaires de plus ou moins longue durée, prairies permanentes), leur emplacement géographique (parcellaire découpé ou non en plusieurs blocs) et les paramètres de rotation (temps de séjour et de repousse). Chaque parcelle peut également être indiquée au fur et à mesure, en étant désignée par son numéro ou par un code (triangle, cercle, etc.). Cela peut permettre de visualiser rapidement la localisation des animaux lors de la survenue d’un trouble, par exemple, ainsi que leurs mouvements et leur conduite antérieurs à l’affection à traiter.

Superposition de l’alimentation et des traitements

L’alimentation hivernale et la complémentation des animaux peuvent être superposées pour être analysées, de même pour les interventions (traitements sanitaires, vaccinations, échographie, pose d’éponges, tonte chez les ovins, etc.) [1, 2]. Ces dernières sont ainsi di-rec-tement visualisées par l’éleveur et le vétérinaire lors de l’apparition d’un trouble de fécondité, par exemple, ou de maladie. Quand les quantités d’aliments distribuées sont connues (par animal et par jour ou par lot et par jour), une approximation des quantités globales distribuées par lot et pour le troupeau peut être réalisée (encadré 2).

Références

  • 1. Ingrand S. Constitution des lots de vaches dans les élevages allaitants. Effets de l’hétérogénéité intra-lot des besoins nutritionnels sur le niveau d’ingestion et le comportement alimentaire des vaches charolaises. Thèse de doctorat, Institut national agronomique, Paris-Grignon. 1999:262p.
  • 2. Ingrand S, Dedieu B, Agabriel J. Batching the suckler cattle herd and livestock of cows’ feeding behavior to the heterogeneity of nutritional requirements within groups. In: D. Gagnaux and J.R. Poffet (ed.). LFS: Integrating animal science advances into the search for sustainibility. Posieux (CHE). EAAP Publication. 2000;97:226-230.

Conflit d’intérêts

Aucun.

ENCADRÉ 1
Exemple de représentation graphique de planning de pâturage

Seuls sont représentés les lots de femelles reproductrices (hors veaux de l’année) et les îlots de parcelles sur une année complète (figure 1).

→ Femelles de 1 an (G1, 34 animaux au 1er janvier) : elles sont conduites en plein air intégral (trait simple). Au moment de la mise à l’herbe (15 avril), elles sont réparties en deux lots : l’un destiné à la vente, l’autre au renouvellement du troupeau de vaches. Une vache laitière est incluse dans le lot destiné au renouvellement (le 15 mai). Le 13 octobre, les G1 non vendues sont incorporées dans le lot G2 des génisses de 2 ans, qui comprend alors 26 animaux.

→ Femelles de 2 ans (G2, 23 animaux au 1er janvier) : les animaux destinés au renouvellement sont inséminés (10 le 7 février et 1 le 21 février). Un taureau est introduit le 1er mars dans le lot pour les retours en chaleur éventuels. À la mise à l’herbe (le 17 avril), 5 G2 sont séparées des autres pour former un lot de 15 têtes avec 10 vaches. Ces animaux passent une quinzaine de jours en stabulation pour que les génisses se calment et s’habituent aux vaches. Ce lot est mis à l’herbe le 3 mai. Le solde des G2 (18 animaux) est mis à l’herbe en un seul lot. Le 10 juillet, ce lot est scindé en deux pour constituer un lot de 8 génisses pleines à vendre (vente le 15 octobre). Le taureau est laissé dans l’autre lot destiné au renouvellement ; il est sorti du lot le 20 septembre. Les 5 génisses mises à l’herbe avec les vaches sont regroupées avec les autres génisses de renouvellement le 5 septembre. Au moment de la rentrée en étable (le 15 décembre), toutes les génisses pleines (n = 18, dont 4 achetées le 15 novembre avec 11 vaches) sont regroupées dans un bloc de parcelles comprenant un bâtiment dans lequel elles sont attachées la nuit). Les 11 vaches achetées le 15 novembre sont alors regroupées avec les autres. Les vêlages débutent le 15 novembre pour le lot de primipares (génisses vêlant pour la première fois).

→ Génisses prêtes à vêler (G3) et vaches : les 12 G3 sont incorporées au troupeau de vaches le 10 janvier, à la rentrée en stabulation. Cette stabulation est divisée en deux parties et un des deux lots est destiné à l’insémination artificielle (7 et 21 février). La mise à l’herbe a lieu en trois étapes, dont deux principales les 17 et 22 avril. Les numéros des parcelles pâturées ont été alors reportés le long de chacun des lots et il est ainsi possible de repérer l’itinéraire des lots dans le parcellaire. Le 1ermai, 4 vaches dont les veaux sont à surveiller (plus chétifs) sont sorties près du siège d’exploitation. Elles sont réincorporées dans les autres lots le 1er octobre. Les autres lots de vaches sont constitués de la manière suivante : les plus précoces (n = 22), les meilleures vaches (n = 25) et le solde (n = 10, associées à 5 G2). Cinq vaches changent de lot pour rééquilibrer les effectifs le 1er septembre. Les sevrages ont lieu entre le 15 septembre et le 1er novembre en quatre phases et sur tous les lots à chaque fois. Les vêlages sont précoces et commencent début novembre. À partir du 15 décembre, les vaches ayant vêlé depuis 10 à 15 jours rentrent en stabulation la nuit.

→ Parcellaire : Les G1 (n = 34) et les animaux à surveiller (lot de 10 vaches et 5 génisses inséminées, lot de 4 vaches aux veaux fragiles) restent autour du siège d’exploitation (îlot n° 1). Les G1 et G2 passent l’hiver en plein air dans la même zone. Les deux lots principaux de vaches vont, pour les plus précoces (n = 22), sur un îlot éloigné (n° 2), leurs veaux étant plus âgés et moins fragiles, et, pour les meilleures (n = 25), sur l’îlot n° 4, qui allie de bonnes parcelles et un site agréable, en vue de la visite d’acheteurs potentiels. Les G2 saillies en monte naturelle (n = 18), et dont une partie est destinée à la vente, circulent sur les îlots 1 et 3 en fonction des disponibilités en herbe.

ENCADRÉ 2
Superposition de l’alimentation et des traitements dans un troupeau de brebis

→ Femelles reproductrices : les lots sont constitués selon les classes d’âge des brebis, chaque lot représentant une génération (une cohorte). Par exemple, “ 93 femelles de 87” signifie “93 femelles nées en 1987” (figure 2).

Peu d’opérations d’allotement ont lieu au moment des mises bas. Elles concernent, d’une part, les brebis nées en 1987 pour lesquelles l’éleveur a séparé les brebis précoces et tardives sur la base de l’observation des pis et, d’autre part, les brebis nées en 1992 pour lesquelles il a séparé les brebis vides (n = 24) et avortées (n = 25, par salmonellose) du reste du lot.

Les brebis achetées et/ou celles destinées à la réforme sont toujours incorporées dans le lot de brebis les plus vieilles (début février et fin juin pour les achats, vers le 1er juillet pour les réformes).

→ Produits de l’année et/ou destinés à la vente : les agnelles destinées au renouvellement sont conduites à part dès le sevrage et les autres produits sont triés en fonction de leur poids. Le 25 septembre, les agneaux destinés à la vente sont regroupés en deux lots selon le sexe. Les ventes sont très étalées dans le temps et commencent dès le mois d’avril pour des agneaux non sevrés (prélevés dans les lots des brebis les plus vieilles, mettant bas plus précocement). Du point de vue alimentaire, tous les agneaux sont complémentés entre la naissance et le mois de juin. Après le sevrage, ce sont les gros agneaux mâles qui sont complémentés le plus longtemps (jusqu’à la vente).

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