EXAMENS COMPLÉMENTAIRES LORS DE MALADIE MÉTABOLIQUE
Pratiquer
EN IMAGES
Auteur(s) : Raphaël Guatteo
Fonctions : AERC, Médecine des animaux d’élevage, École nationale vétérinaire de Nantes
Le prélèvement de jus de rumen sur un échantillon de bovins d’un élevage permet, à moindre frais, de diagnostiquer l’acidose sub-clinique.
Le prélèvement de jus ruminal chez les bovins est réalisé dans le but de mettre en évidence une acidose ruminale aiguë, et surtout subaiguë [1, 4, 5]. L’acidose ruminale subaiguë est une maladie courante, notamment en élevage laitier. Ses signes cliniques sont rarement nettement visibles et ne sont pas pathognomoniques. La mesure du pH ruminal est alors indiquée TABLEAU “Signification des différentes caractéristiques du jus de rumen prélevé”. Les signes qui doivent conduire à suspecter une acidose sont : des boiteries (souvent l’un des premiers signes d’appel), un appétit capricieux, une perte d’état corporel, des diarrhées et unechutedeproduction inexpliquée.
L’acidose aiguë par ingestion excessive et brutale d’une grande quantité de glucides fermentesciblesconduit rarementàréaliserune ruminocentèse car l’anamnèse et l’observation de l’état clinique du bovin affecté suffisent généralement à établir le diagnostic.
La méthode traditionnelle de récolte du jus de rumen est le prélèvement par l’intermédiaire de sondes œsophagiennes de différents calibres [1, 3, 5]. Peu coûteuses et d’utilisation simple elles conviennent parfaitement et le prélèvement est aisé dans la plupart des cas. La position de la sonde dans le rumen ne peut toutefois pas être déterminée précisément, ni contrôlée de manière à ce que les différents prélèvements soient effectués au même niveau. Le prélèvementpeutenoutre être contaminé par la salive du bovin, dont le puissant pouvoir tampon peut fausser en grande partie la mesure du pH ruminal. Une étude a comparé les mesures obtenues par prélèvement oral et par ruminocentèse TABLEAU “Comparaison des mesures de pH ruminal par différentes techniques de prélèvement” [1]. En moyenne, un différentiel de 1,1 unité de pH est observé.
La ruminocentèse n’a pas les inconvénients, cités du prélèvement oral. Le lieu de ponction, identique pour chaque vache si les repères préconisés sont respectés, assure une bonne répétabilité des lieux de prélèvement mais surtout, l’absence de contamination par la salive du bovin. Cet acte est rarement réalisé sur un animal isolé, mais plutôt à l’échelle d’un troupeau au sein duquel une acidose est suspectée.
Les vaches prélevées sont choisies de manière aléatoire au sein de groupes à risque et prélevées idéalement le même jour au même moment de la journée, ou au moins dans des conditions identiques (contention, etc.) [1, 2, 5]. Cinq à six vaches sont par exemple prélevées en début de lactation (entre 0 et 20 jours de lactation) et cinq à six autres en milieu de lactation (entre 45 et 120 jours ). Il est préférable de choisir des animaux calmes et facilement manipulables.
Une contention “sévère” est souvent nécessaire. La traversée de la peau est le moment le plus douloureux pour l’animal.
Une sangle en huit est mise en place au jarret. Une anesthésie locale est réalisée à l’aide de 4 à 5 cc delidocaïne à 2 % administrés par voie sous-cutanée au lieu de ponction.
Il est préférable que le nez de l’animal soit maintenu (mouchette ou manuellement). Une sédation (xylazine) peut s’avérer nécessaire dans certains cas [1, 4].
Le moment idéal pour la ruminocentèse dépend de l’alimentation reçu par les vaches. Si la ration est complète, il convient de prélever les animaux entre quatre et six heures après la distribution. En revanche, si les concentrés sont distribués à part, le prélèvement est effectué entre deux et quatre heures après cette distribution [4, 5].
Les risques éventuels liés à la ruminocentèse sont des emphysèmes sous-cutanés en région déclive près de la zone de ponction, en général sans conséquence pour l’animal. La péritonite survient rarement [3] et il est donc rarement nécessaire de mettre en place une antibiothérapie après une ruminocentèse. L’exception concerne les cas pour lesquels l’insertion de l’aiguille dans le rumena été longue et délicate.
Remerciements à Nora Cesbron, Dorothée Ledoux, Nicolas Elissalde et Jean-Paul Guedas.