Intérêts du scanner et de l'IRM - Le Point Vétérinaire n° 247 du 01/07/2004
Le Point Vétérinaire n° 247 du 01/07/2004

TOMOGRAPHIE CANINE ET FÉLINE

Pratiquer

IMAGERIE

Auteur(s) : Yannick Ruel*, Juliette Besso**

Fonctions :
*Imagerie médicale vétérinaire
75015 Paris
École nationale vétérinaire
d'Alfort
7, avenue du Général-de-Gaulle,
Maisons-Alfort
**Imagerie médicale vétérinaire
75015 Paris

Outre l'examen du crâne, le scanner et l'imagerie par résonance magnétique sont utiles pour explorer la colonne vertébrale, les membres ou une masse sous-cutanée, ainsi que certaines lésions complexes du thorax et de l'abdomen.

Ces dernières années ont vu se développer en médecine vétérinaire des techniques d'imagerie sophistiquées, profitant de l'avancée extraordinaire observée en imagerie chez l'homme, notamment dans le domaine de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et du scanner (ou tomodensitométrie à rayons X). Ces méthodes offrent de nombreux avantages comparées aux techniques plus classiques que sont la radiographie et l'échographie. Elles sont toutefois onéreuses et plus invasives puisqu'elles nécessitent un recours systématique à une anesthésie générale.

L'objet de cet article est de faire le point sur l'intérêt de ces techniques, afin d'aider le praticien à choisir l'examen adapté à la question posée. Cela implique d'avoir pratiqué, dans un premier temps, un recueil complet des commémoratifs, un examen clinique exhaustif, et d'avoir formulé des hypothèses diagnostiques. Les examens d'imagerie, quels qu'ils soient, se rangent aux côtés des autres examens complémentaires et n'ont de valeur qu'à la condition d'être interprétés dans un contexte clinique précis. Le choix de l'examen le mieux adapté nécessite aussi de cibler correctement la région à évaluer. Il n'est ainsi pas possible d'envisager un examen complet de l'animal pour aller “à la pêche” aux lésions, afin de pallier un examen clinique trop succinct.

Aspects techniques et réalisation des examens

1. Principe de formation de l'image

L'obtention des images de scanner est fondée, comme pour la radiographie, sur l'atténuation d'un faisceau de rayons X par l'organisme traversé. Le tube radiogène tourne autour de l'animal, ce qui permet l'obtention d'images en coupe (tomographie), et le faisceau transmis est reçu par un capteur et non par un film. La tomodensitométrie permet ainsi de distinguer plusieurs milliers de densités différentes, là où le film radiographique ne sépare que cinq niveaux de densité.

L'IRM fournit aussi des images en coupe, mais le principe de formation de l'image est différent : les protons d'hydrogène d'un organisme placés dans un champ magnétique élevé se comportent comme autant de petits aimants et s'alignent sur le champ. Si cet équilibre est momentanément perturbé, le signal produit par ces protons, lorsqu'ils s'alignent à nouveau sur le champ dès que la perturbation a disparu, peut être enregistré. L'IRM n'utilise donc pas de radiations dangereuses contrairement à la radiographie ou au scanner. De nombreux réglages différents sont possibles en modifiant le type de perturbation du champ et le temps laissé aux protons pour retourner à leur position d'équilibre. Ils permettent d'obtenir des aspects très différents des tissus. Habituellement, les images en pondération T1 offrent de meilleurs détails anatomiques, tandis que celles en pondération T2 sont utiles pour la mise en évidence des lésions.

Les protons d'hydrogène sont présents dans toutes les structures hydratées. La différence du contenu en eau des tissus constitue donc la principale source du contraste en IRM.

2. Déroulement de l'examen

Anesthésie

La tomodensitométrie et l'IRM ne peuvent être réalisées que si l'animal est parfaitement immobile, c'est-à-dire s'il est anesthésié (PHOTO 1).

La durée moyenne d'un examen tomodensitométrique est de quinze à vingt minutes (moins de cinq minutes pour l'acquisition des images elles-mêmes).

Un examen IRM complet dure quarante-cinq minutes à une heure et demie, selon la région à examiner et le nombre de séquences à obtenir.

Produit de contraste

Habituellement, une même région est examinée deux fois : avant et après une injection intraveineuse d'un produit de contraste (radio-opaque pour le scanner et paramagnétique pour l'IRM) (voir l'ENCADRÉ “Produits de contraste utilisés en tomographie”). Ces produits marquent la vascularisation de la région observée, l'appareil urinaire lors de leur élimination, ou se fixent de manière plus intense dans certains tissus lésionnels, notamment lorsque ceux-ci sont bien...