BRONCHOPNEUMONIES INFECTIEUSES ENZOOTIQUES BOVINES
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SUR ORDONNANCE
Auteur(s) : Éric Vandaële
Fonctions : 4, square de Tourville, 44470 Carquefou
L’intérêt d’une métaphylaxie liée à un dépistage précoce des bovins atteints de bronchopneumonie enzootique bovine est reconnu.
Un atelier d’engraissement de taurillons est régulièrement touchépar des infections respiratoires, avec quelques cas graves, dans les premières semaines après l’allotement. Une vaccination contre le virus respiratoire syncytial bovin est déjà en place. Des examens complémentaires bactériologiques ont mis en évidence des pasteurelles. Afin de limiter les incidences sanitaire et économique, l’éleveur demande un traitement antibiotique préventif. Le vétérinaire préconise une métaphylaxie avec un dépistage précoce des premiers signes de maladie et le traitement par un antibiotique longue action de tous les animaux du lot en contact avec les malades, ainsi qu’un AINS destiné aux animaux avec un état général un peu dégradé.
Pour réduire plus rapidement les signes cliniques (hyperthermie, etc.), la solution injectable à 20 mg/ml de méloxicam (Metacam®) est efficace en complément d’une antibiothérapie. Depuis les années 1990, de nombreux essais cliniques ont confirmé l'intérêt médical d’associer un AINS à un antibiotique chez les animaux malades. Cela est valable pour tous les AINS injectables destinés aux bovins : la flunixine (Finadyne®, Avlezan®, Méflosyl®), l’acide tolfénamique (Tolfine®), le kétoprofène (Ketofen®) ou le carprofène (Rimadyl®). Toutefois, le libellé officiel des AINS les plus anciens n’inclut pas toujours les maladies respiratoires.
À moyen terme, les lésions pulmonaires régressent, et la croissance et le gain de poids des bovins augmentent, au moins le premier mois après le traitement.
Dès lors, est-il intéressant d’associer un AINS à un antibiotique en métaphylaxie pour tous les animaux d’un lot dont la majorité est apparemment saine ou en phase d’incubation ? Les études cliniques comparatives manquent encore, néanmoins, des arguments théoriques plaident en défaveur de cette pratique : la réaction inflammatoire est un mécanisme protecteur, il convient donc de ne pas la combattre immédiatement. En outre, administrer un AINS à un animal sain n’a aucun intérêt, et les durées d’action des AINS sont plus courtes que celles des antibiotiques “one shot”.
D’autres arguments sont plutôt en faveur de l’usage des AINS : les bovins, en particulier les taurillons charolais, sont des handicapés respiratoires. Tout début de maladie respiratoire doit donc être combattu car l’animal meurt surtout des dommages lésionnels ou fonctionnels provoqués par la réaction inflammatoire. De plus, les traitements anti-inflammatoires sont d’autant plus efficaces qu’ils sont les plus précoces possible, lors de simple hyperthermie par exemple. La durée d’action des AINS est sans doute un facteur à prendre en compte, même si elle ne peut pas être évaluée par les seules demi-vies d’élimination. Enfin, l’expérience des praticiens qui recommandent de traiter tous les veaux d’un lot dès le stade 1 de la maladie respiratoire (hyperthermie sans signe respiratoire) est plutôt favorable.
L’attitude présentée dans cette ordonnance, qui consiste à utiliser les AINS à la moindre suspicion clinique, est prudente et raisonnée.
La solution injectable à 100 mg/ml de tulathromycine (Draxxin®), macrolide de la classe des triamilides, est intéressante pour la métaphylaxie des jeunes bovins. Comme tous les macrolides, son activité est bactériostatique. Sa longue durée d’action est due à ses caractéristiques pharmacocinétiques propres.
D’autres macrolides en une seule injection (“ one shot ”) peuvent également être employés comme la tilmicosine (Micotil 300®). Toutefois, depuis juillet dernier, la Commission européenne a restreint aux seuls vétérinaires l’administration de cet antibiotique, comme le recommande l’Agence européenne du médicament (auto-injections accidentelles chez l’homme).
Une solution à 300 mg/ml de florfénicol (Nuflor®), un phénicolé, peut être injectée en une seule fois par voie sous-cutanée à la dose de 40 mg/kg.
Une association de florfénicol avec un AINS, la flunixine, devrait être prochainement commercialisée (Resflor®).
Enfin, les formulations à 20 % d’oxytétracycline, plus anciennes et peu coûteuses, sont pénalisées par des taux de résistance plus élevés et/ou la nécessité de répéter des injections à 48 ou à 72 heures d’intervalle.
L’intérêt médical et économique de la métaphylaxie n’est plus à démontrer. Même dans des exploitations sévèrement touchées par les infections respiratoires, elle n'accroît pas la consommation d’antibiotiques par rapport à des traitements curatifs ponctuels et répétés.