ALIMENTATION DES BOVINS
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question de lecteur
Auteur(s) : Patrick Veysset
Fonctions : Inra Clermont-Theix UR506
Unité économie de l’élevage
63122 Saint-Genès-Champanelle
Les erreurs d’alimentation sont fréquentes en élevage allaitant malgré la diversité des pratiques.
Une mauvaise qualité du colostrum à l’origine d’une mortalité chez les veaux, des troubles de l’infertilité, etc. peuvent amener à suspecter une alimentation inadéquate, y compris en élevage allaitant. Quelles erreurs le praticien doit-il rechercher en première approche dans ce type d’élevage ? Une étude récente peut aider à orienter les investigations, sachant que les éleveurs demandent des conseils dans ce domaine ; les vétérinaires sont sollicités autant que les conseillers de la chambre d’agriculture et presqu’autant que les techniciens de firmes d’aliments.
Douze exploitations de la Creuse ont participé à une enquête portant sur les hivers 2003/2004 et 2004/2005. Les fourrages sont analysés, les stocks d’aliments sont suivis et les quantités distribuées sont notées. Les animaux sont évalués par leur variation d’état corporel ou pesés au cours de trois visites, au début, au milieu et à la fin de l’hiver. En complément de cette partie quantitative objective, les éleveurs sont interrogés pour cerner leur stratégie subjective de rationnement.
Dans la Creuse, le foin reste l’aliment de base, et il est parfois le seul fourrage de la ration hivernale. Pour la récolte, les éleveurs privilégient la quantité (récolte au stade floraison) à la qualité. L’ensilage d’herbe et l’enrubannage sont fréquemment utilisés en complément. L’ensilage de maïs vient parfois en sus, dans les élevages naisseurs-engraisseurs, par souci de qualité de la ration, mais il est alors distribué à toutes les catégories d’animaux.
Tous les fourrages se révèlent 15 à 35 % moins riches en azote que les valeurs des tables INRA aux mêmes stades de végétation. Cette tendance est retrouvée les deux années d’étude (c’est-à-dire avec ou sans sécheresse).
Les éleveurs distribuent aussi des céréales produites sur l’exploitation, et ajoutent parfois des concentrés riches en matières azotées pour rééquilibrer. Une tendance globale à dépasser les besoins énergétiques des animaux (18 % de dépassement en moyenne) est observée, alors que les besoins en PDIN(1) sont à peine équilibrés. Les besoins énergétiques sont couverts à 98 % par les fourrages grossiers, alors que les besoins azotés ne le sont qu’à 71 %. L’excès d’énergie est plus marqué pour les animaux à moindres besoins (dont les génisses de deux ans à croissance modeste) et dans les élevages naisseurs-engraisseurs (par rapport aux naisseurs). Le ratio apport/besoin est largement excédentaire pour les animaux à l’engraissement (130 à 140 %). La race influe peu (charolaises et limousines dans cette étude). La mise bas en automne, donc la mise à la reproduction à l’étable, est associée à une tendance à l’excès d’apports.
Les correcteurs azotés sont réservés aux broutards, aux génisses de renouvellement et aux animaux en finition d’engraissement. L’état corporel des vaches est maintenu à l’aide d’apport de céréales, laissant subsister d’importants déficits en PDIN(1).
Dans cette étude, afin d’équilibrer les rations des exploitations, il conviendrait de remplacer 12 tonnes de céréales distribuées par 4 tonnes de tourteau. Cela représente une économie de 1 200 € par exploitation et par an, avec un prix de céréales élevé, sans compter les gains de production. Une autre voie consiste à améliorer la fabrication du foin, qui reste produit sur des parcelles de prairie naturelle, peu fertilisées.