Pharmacologie du chien et du chat
Thérapeutique en gastro-entérologie
Auteur(s) : Jean-Claude Desfontis
Fonctions : Unité de pharmacologie et de toxicologie, ENV de Nantes, Atlanpôle La Chanterie, 44307 Nantes Cedex 3
En gastro-entérologie, selon les cas, les anti-inflammatoires sont utilisés pour gérer l’inflammation et/ou pour leur effet immunosuppresseur.
Les anti-inflammatoires sont employés avec différents objectifs selon les affections concernées [1, 16]. Une action anti-inflammatoire seule peut être obtenue en administrant de la sulfasalazine génératrice d’acide salicylique (anti-inflammatoire non stéroïdien : AINS) in situ dans l’intestin ou des corticoïdes (anti-inflammatoires stéroïdiens : AIS) à dose anti-inflammatoire tels que la prednisone, la prednisolone ou l’acétate de méthylprednisolone ou des corticoïdes à action locale comme le budésonide sous forme de gélules gastro-résistantes [4, 9, 14]. En général, les corticoïdes sont utilisés à des doses supérieures pour obtenir une action immunosuppressive. Lorsque cette action immunosuppressive des AIS n’est pas probante ou bien qu’ils sont mal tolérés, la prescription d’immunosuppresseurs tels que l’azathioprine (déconseillée chez le chat), le chlorambucil ou le méthotrexate est possible [5, 7, 8, 15]. Elle s’effectue en seconde intention, et ces molécules sont employées seules ou en association avec les corticoïdes à une dose moindre. Le chat présente une meilleure tolérance que le chien aux fortes doses et aux traitements prolongés de corticoïdes. De plus, chez les chats difficiles, pour lesquels la voie per os au long cours n’est pas utilisable, l’administration sous-cutanée d’une forme retard tous les 15 jours (acétate de méthylprednisolone) peut être envisagée.
Les anti-inflammatoires sont rarement administrés seuls et en première intention. Il convient de rechercher la cause primaire et de la traiter de manière adéquate (traitements antiparasitaire, antibiotique et/ou diététique) [6]. Le diagnostic histopathologique est donc très important à établir dans les différentes maladies inflammatoires. Dans ce cadre, les anti-inflammatoires sont incontournables dans de nombreuses affections à composante inflammatoire et de nature idiopathique. En l’absence de traitement étiologique, ils permettent de contenir l’inflammation et/ou une réponse immunitaire inadaptée. Les traitements sont alors de longue durée et peuvent générer des effets secondaires indésirables qu’il convient de surveiller.
Des AINS dirigés contre la cyclo-oxygénase 2 sont parfois utilisés dans les processus tumoraux gastro-intestinaux. Leur indication est motivée par leur capacité à interférer avec le développement tumoral. Toutefois, seules des données chez l’animal de laboratoire et chez l’homme sont disponibles [2, 13].
Toutes les associations médicamenteuses proposées ont comme avantages de réduire significativement le risque d’effets secondaires indésirables et de présenter une synergie d’action qui améliore l’efficacité thérapeutique. Ainsi, des immunomodulateurs à action générale sont souvent associés à des anti-inflammatoires à action locale. Les effets secondaires des AINS sont surtout les atteintes gastro-intestinales (gastrite, ulcère gastroduodénaux) et rénales, et ceux des AIS sont liés à la suppression de l’action de l’axe hypothalamo-hypophyso-corticosurrénalien.
Les anti-inflammatoires sont surtout employés de manière empirique en se fondant sur la rapidité de la résolution des signes et la surveillance des effets secondaires. Ils doivent être adaptés au cas par cas et il est difficile de formuler des recommandations simples.
Selon le type d’affection, différentes molécules peuvent être utilisées (tableau) [7, 8, 10, 11, 12].