Désinsectisation contre la FCO : que conseiller ? - Le Point Vétérinaire n° 297 du 01/07/2009
Le Point Vétérinaire n° 297 du 01/07/2009

Maladie animale reputée contagieuse

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QUESTION DE LECTEUR

Auteur(s) : Béatrice Bouquet

Fonctions : 8, rue des Déportés 80220 Gamaches

Les experts disent “non” à une désinsectisation systématique, mais “oui” pour les animaux à risque.

Une désinsectisation massive n’est plus pertinente dans la gestion de la fièvre catarrhale ovine (FCO) de sérotype 1 et 8, selon un avis rendu en mai par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) [1]. Cette mesure reste néanmoins obligatoire, en particulier sur les véhicules de transport, même en l’absence d’activité vectorielle. En mars, cette désinsectisation, davantage que celle des animaux, a soulevé l’indignation ouverte de représentants sanitaires d’éleveurs dans le sud de la France [2]. La Brigade nationale d’enquête vétérinaire recherche actuellement une éventuelle corrélation entre la mortalité des abeilles et l’usage d’insecticides dans le cadre de la FCO. Les experts de l’Afssa défendent le choix de la désinsectisation comme une mesure de lutte à grande échelle autrefois seule disponible, en l’absence de vaccins homologues, et pour l’avenir si de nouveaux sérotypes de FCO apparaissaient.

Toutefois, ils considèrent comme quasi nulle la probabilité de trouver un culicoïde infecté et infectant dans une zone de métropole où la vaccination est obligatoire contre les BTV 1 et 8, et où il n’existe aucun foyer depuis plusieurs mois. Ils proposent de « laisser la possibilité aux détenteurs » d’utiliser des insecticides :

– pour des catégories d’animaux à risque particulier : centres d’insémination artificielle, parcs zoologiques, cercles de chasse (non sujets à vaccination en 2008-2009) ;

– dans les zones de forte densité de ruminants sauvages et/ou les estives ;

– sur les (futurs) “cas” ou les “infectés” de FCO (circulation virale persistante, tous les ruminants n’ont pas été vaccinés, car trop jeunes ou pas encore nés) ;

– sur les animaux et les camions lors de tout déplacement d’animaux d’une zone vaccinée avec foyers actifs vers une zone indemne, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour des foyers, jusqu’au début de la période d’inactivité vectorielle.

Si elle ne préconise pas l’interdiction de la désinsectisation, l’Afssa en rappelle les inconnues scientifiques. Elle qualifie d’“ininterprétables” les résultats de différentes études sur l’application dans l’environnement, les bâtiments d’élevage et les camions (aucun insecte ne meurt dans certains lots témoins). Les mêmes limites scientifiques existent sur l’animal (lot témoin non décrit dans deux études allemandes). L’Afssa se cantonne a priori à ses attributions (« Les effets avérés ou potentiels sur l’environnement […] ne sont pas abordés. »), mais préconise de limiter l’application d’adulticides dans l’environnement, au vu non seulement « de la faible efficacité sur les populations de culicoïdes », mais aussi « des conséquences écologiques potentielles ».

L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset) sera-t-elle saisie pour satisfaire les esprits apicoles indignés et les électeurs européens ? Les avis scientifiques amèneront-ils une modification de la réglementation européenne ?

SOURCE

1 – Agence française de sécurité sanitaire des aliments. Avis sur l’intérêt de la mise en œuvre des mesures de désinsectisation dans le protocole de lutte contre la fièvre catarrhale ovine. Saisine n° 2009-SA-0086. Consultable en ligne sur le site Afssa.fr

2 – Cornille Yves. FRGDS PACA. Lettre ouverte. FCO-insecticides = mortalité des abeilles. Usage inapproprié et dangereux pour les générations futures. Consultable en ligne http://www.frgds-paca.org/IMG/ pdf/Courrier_TOMA_V3.pdf