Reproduction des bovins
Mise à jour
LE POINT SUR…
Auteur(s) : Sylvie Chastant-Maillard*, Marie Saint-Dizier**
Fonctions :
*Unité de Reproduction
ENV d’Alfort
7, avenue du Général-de-Gaulle
94700 Maisons-Alfort
**Génétique-élevage-Reproduction, AgroParisTech
16, rue Claude-Bernard
75231 Paris
Prévoir ou contrôler le moment du vêlage permet de limiter les complications obstétricales et améliore le taux de survie des veaux. Des moyens simples sont à la disposition de l’éleveur.
Une bonne surveillance du vêlage est un élément clé non seulement de la survie du veau, mais aussi d’une faible morbidité à la fois chez les jeunes et les mères [36]. Pour ce faire, il convient de prévoir le moment (le jour, voire l’heure) du vêlage ou, à défaut, de contrôler le déclenchement de la mise bas.
• Le fœtus est responsable de sa propre expulsion, une fois atteint un état de maturation suffisant en fin de gestation, l’hypophyse fœtale mûre, plus sensible au CRF (cortisol releasing factor) d’origine hypothalamique, augmente sa synthèse d’ACTH (adrenocorticotropic hormone). De plus, la forme d’ACTH synthétisée est plus efficace (pour la synthèse de cortisol) et les surrénales fœtales mûres sont plus sensibles à l’ACTH. Tout cela concourt à une augmentation exponentielle du taux de cortisol circulant chez le fœtus au cours des 2 dernières semaines de gestation [32, 57]. Le taux de cortisol circulant dans le plasma fœtal passe alors de 5 ng/ml 20 jours ante-partum à 70 ng/ml le jour de la mise bas [10].
Ce cortisol fœtal exerce ensuite une action locale sur le placenta, en provoquant la synthèse d’une enzyme (17α-hydroxylase) qui convertit la progestérone en œstrogènes. Les œstrogènes induisent, à leur tour, la synthèse de prostaglandines F2α dans les caroncules (figure 1). Or chez la vache, le corps jaune est la source majeure de progestérone en fin de gestation, les deux autres structures, secondaires, étant le placenta et les surrénales maternelles. L’induction de la lutéolyse est donc capitale pour faire chuter le taux de progestérone maternel [57].
• Le cortisol fœtal est donc ainsi indirectement responsable d’une modification de l’équilibre stéroïdien chez la mère, avec une augmentation du taux d’œstrogènes circulants et une diminution du taux de progestérone. Cette modification de l’équilibre stéroïdien a deux conséquences principales: l’induction de contractions myométriales et le relâchement des tissus mous et des ligaments de la filière pelvienne. Le fœtus va alors s’engager dans la filière pelvienne.
• De plus, l’élévation du taux d’œstrogènes induit l’apparition de récepteurs à l’ocytocine sur le myomètre. La stimulation mécanique de la filière pelvienne par l’engagement du fœtus entraînant la libération d’ocytocine hypophysaire (réflexe neuro-endocrinien de Ferguson), les contractions utérines se trouvent renforcées. L’ocytocine n’intervient donc pas dans l’initiation du vêlage, mais secondairement (photo 1).
Les œstrogènes stimulent également l’apparition des récepteurs à la relaxine sur les tissus cibles. Le corps jaune de la vache synthétise de la relaxine en grandes quantités en fin de gestation, et celle-ci modifie le collagène et favorise ainsi le relâchement des ligaments sacrosciatiques et la maturation du col utérin.
• La connaissance de la date de l’insémination ou de la saillie ne renseigne que très approximativement sur celle du vêlage. En effet, au sein d’une race bovine donnée, la durée de la gestation est très variable. Les vêlages s’étalent ainsi sur une vingtaine de jours autour de la date moyenne [7, 35]. La mesure de mensurations fœtales par échographie ne permet pas de mieux cerner la date de mise bas [58]. Et la palpation du fœtus dans l’utérus en fin de gestation n’est pas informative : la présentation (antérieure ou postérieure) s’établit dans le dernier tiers de gestation, mais la position (position du dos du veau par rapport au bassin maternel) et la posture (position de la tête et des membres) changent plusieurs fois au cours des 96 heures qui précèdent la mise bas [24].
• De même, chez la mère, les modifications comportementales qui accompagnent le stade préparatoire de la mise bas (agitation, inquiétude, isolement) apparaissent dans un délai très variable selon les individus, parfois alors que les contractions utérines ont déjà débuté [13, 36].
• En revanche, l’observation des signes de préparation au vêlage donne une précision relative : une préparation externe complète (relâchement des ligaments sacrosciatiques, plénitude mammaire, tuméfaction vulvaire) est acquise dans les 48 heures qui précèdent le vêlage, avec un étalement sur toute cette période [26, 53]. La relaxation des ligaments sacrosciatiques est également informative [19, 26]. La mesure de la profondeur des ligaments sacrosciatiques peut être réalisée à l’aide d’une toise : une des branches repose sur la pointe de la hanche et la ligne du dos, l’autre, graduée, coulisse perpendiculairement jusqu’à l’endroit le plus profond. Lorsque la profondeur des ligaments augmente de plus de 5 mm d’un jour à l’autre, la probabilité de vêlage dans les 24 heures est de 94 % [48]. Cependant, cette méthode n’est pas utilisée en routine.
• Fondé sur ces signes de préparation au vêlage, le calcul d’un “score de parturition” permet de prévoir les vêlages dans les 24 heures [50]. Contrairement à la jument, chez la vache, aucune modification de la composition de la sécrétion mammaire ne permet de prévoir la date du vêlage [46].
Selon Jaeger et coll., l’heure de vêlage est relativement stable pour un même individu : l’écart moyen entre deux horaires de mise bas d’une année à l’autre chez une vache donnée serait de 3 à 4 heures [21]. À l’inverse, Bosc et de Valet de Fontaubert observent une absence totale de répétabilité de l’heure de vêlage [8]. Il n’est donc pas certain que l’horaire de la mise bas de la campagne précédente puisse être utilisé comme référence. La phase lunaire ne semble pas non plus influer sur le jour du vêlage. Ainsi,...