AGRESSIVITÉ, LÉCHAGE RÉPÉTITIF ET PEURS CHEZ UNE CHIENNE ADULTE - Le Point Vétérinaire n° 410 du 01/10/2020
Le Point Vétérinaire n° 410 du 01/10/2020

COMPORTEMENT

Expert canin

Auteur(s) : Anne-Sophie Personnat

Fonctions : (CEAV en médecine du comportement
des animaux domestiques)
50, rue de la Tour de Bau
18400 Saint-Florent-sur-Cher

Chez le chien, la thérapie comportementale est essentielle, voire indispensable à la majorité des prises en charge en cas de troubles comportementaux. L’adéquation avec une thérapie médicamenteuse et un suivi régulier sont déterminants pour soigner la relation homme-animal.

Les morsures de chien sont un problème majeur en santé publique. Elles peuvent avoir de lourdes conséquences, tant pour l’homme que pour l’animal. Ce cas clinique rapporte un exemple d’agressivité chez une chienne peureuse et anxieuse dont les conditions de vie passées ont été instables.

1. PRÉSENTATION DU CAS

Commémoratifs

Une chienne spitz femelle stérilisée, âgée de 8 ans, est présentée en consultation pour une agressivité envers l’homme (photo 1). Depuis son adoption quatre mois auparavant, auprès d’un particulier qui souhaitait l’abandonner, l’animal se montre très peureux et agressif : des gro­gnements et des morsures ont eu lieu à plusieurs reprises. Les propriétaires sont à la recherche de solutions pour diminuer l’agressivité et améliorer le bien-être de la chienne. Antérieurement aux quatre derniers mois, son historique médical est inconnu. Depuis son adoption, la chienne a subi un détartrage et ne cesse de se lécher au niveau de la vulve et des pattes. Un traitement local à base de prednisolone (Cortizème®) et de clomipramine (Clomicalm®) a été prescrit par le vétérinaire traitant il y a un mois, sans thérapie comportementale. À la suite de vomissements, la propriétaire a arrêté la clomipramine au bout de deux jours. La chienne est donc présentée sans aucun traitement en cours.

Facteurs internes

La chienne est née dans un élevage. De précieuses informations manquent sur ses antécédents, notamment sur ses conditions de développement et de vie avant son adoption. Toutefois, les éléments connus indiquent qu’elle a eu un passé instable (deux changements de propriétaire, de lieu et de mode de vie) et défavorable (vie dans le noir dans un garage, puis seule dans un jardin). Depuis son adoption, elle présente une dysorexie : bien que ses propriétaires lui proposent divers aliments (croquettes, ration ménagère, pâtée), elle reste parfois une journée sans rien ingérer. La gamelle est accessible en permanence et aucune agressivité n’a été constatée autour de la nourriture. Une polydipsie modérée est signalée (quantité estimée à plus d’un demi-litre d’eau par jour pour un animal de 4,7 kg). La chienne présente aussi depuis son adoption et plusieurs fois par jour un léchage excessif du dessus des carpes et de la vulve, entraînant de légères lésions érythémateuses. La propreté a été acquise rapidement à l’arrivée chez ses nouveaux propriétaires. Elle dort dans un panier couvert, aucune anomalie n’est signalée la nuit.

Facteurs externes

Désormais, la chienne vit dans la maison avec jardin de la propriétaire et de son mari ; une chatte de 13 ans y habite également et la cohabitation se passe bien. En ce qui concerne le budget temps, la chienne est toute la journée auprès de ses propriétaires, elle est sortie en laisse dans des endroits calmes, un quart d’heure quatre à cinq fois par jour. De nombreuses réactions de peur (tête basse, oreilles en arrière, queue basse ou fuite) sont décrites lors des sorties ou à la maison (peur des bruits, des personnes, des voitures, etc.). Malgré les sollicitations de ses propriétaires, la chienne n’est pas intéressée par le jeu. Aucune punition physique ni verbale n’a eu lieu depuis son arrivée. Plusieurs agressions envers les congénères sont décrites : lorsqu’un chien (mâle ou femelle) s’approche, la chienne lui saute dessus et le mord sans provoquer de blessure grave. Les propriétaires ont donc supprimé toute rencontre avec des congénères. La chienne présente également de l’agressivité envers l’homme. Elle grogne et montre les dents dès que quelqu’un s’approche d’elle, quels que soient la personne (propriétaire ou inconnu) et le lieu (à la maison ou dans la rue), ainsi qu’à l’entrée d’individus non familiers au domicile. Une dizaine de morsures ont eu lieu depuis son arrivée. Elles sont apparues dès l’adoption de la chienne, ont concerné uniquement les propriétaires et n’ont pas provoqué de délabrement de tissus. Les morsures surviennent lorsque les propriétaires caressent la chienne, la brossent, lui mettent ou lui enlèvent le collier, la prennent dans les bras ou s’approchent du panier pour interagir avec elle. Elles sont presque toujours précédées de grognements. Les propriétaires cessent l’inter­action avec la chienne lors de morsure, sans sanction physique ni verbale.

Comportement lors de la consultation

La chienne reste couchée sous la chaise de sa propriétaire. Elle grogne et montre les dents à la moindre approche ou au moindre regard. Elle ne répond à aucun appel, ne s’intéresse pas au jeu et refuse toute friandise. Aucun apprentissage ne peut être testé, la chienne présentant de l’agressivité à chaque sollicitation. Des manifestations de peur (tête et queue basses, oreilles en arrière) aux bruits ou aux mouvements et des signes d’anxiété (léchage de la truffe, halètement en l’absence de stimulus) sont notés.

Examen clinique

L’examen général, réalisé la chienne muselée, apparaît normal. Aucune douleur n’est objectivée, même si le résultat est à nuancer étant donné le manque de coopération de l’animal, en lien avec son agressivité. Aucun parasite externe n’est mis en évidence.

Traits comportementaux et état émotionnel

Les traits comportementaux de la chienne sont dominés par un stress chronique (encadré 1).

Bilan des problèmes comportementaux et hypothèses diagnostiques

Les principales données concernant la chienne et son environnement sont listées (figure 1). Elle présente une agressivité interspécifique et intraspécifique, des peurs envers l’homme, des peurs face aux bruits et aux mouvements, des comportements répétitifs de léchage et une anxiété, ainsi qu’une polyuro-polydipsie modérée. La présence de douleur n’est pas exclue, même si elle n’a pas pu être objectivée à l’examen clinique. Les hypothèses diagnostiques susceptibles d’expliquer l’agressivité chez cette chienne ciblent les agressions par autoprotection dues à la peur et un tempérament agressif.

Les hypothèses diagnostiques des agressions et des peurs sont les suivantes :

• un trouble du développement, ce dernier ayant eu lieu dans un milieu hypostimulant avec défaut de familiarisation à l’homme et défaut de socialisation aux congénères entraînant des agressions interspécifiques et intra­spécifiques ;

• la mémorisation d’expériences négatives (maltraitance, mauvaises conditions de vie) à l’origine des agressions interspécifiques envers les propriétaires ;

• une douleur, source d’agression inter­spécifique envers les propriétaires.

Les hypothèses diagnostiques relatives aux peurs face aux bruits sont :

• un tempérament peureux ;

• un trouble du développement (milieu hypostimulant avec défaut de stimuli avant l’âge de 3 mois) ;

• une sensibilité aux bruits.

Les hypothèses diagnostiques du léchage répétitif sont :

• une inadéquation du budget temps et de la réponse aux besoins de la chienne ;

• un tempérament anxieux.

Les causes de polyuro-polydipsie envisagées pour ce cas sont une insuffisance rénale aiguë ou chronique, une néphro­pathie interstitielle, une pyélonéphrite, une insuffisance hépatique, un diabète sucré, un hyperadrénocorticisme, une hyper­calcémie, une hyponatrémie ou encore une hypokaliémie.

Examens complémentaires

Une analyse des urines est souhaitable pour objectiver une polyuro-polydipsie, mais elle n’a pas pu être réalisée. Le bilan sanguin, effectué afin d’explorer les principales origines de la polyuro-polydipsie, n’a relevé aucune anomalie (tableau 1).

Traitement

Traitement médical

De la fluoxétine est prescrite par voie orale à la dose de 1 mg/kg/jour, pour une durée provisoire de trois mois. Les comprimés sont donnés dans l’alimentation afin d’éviter tout risque de morsure.

Thérapie comportementale

La thérapie comportementale comporte plusieurs axes (encadré 2). Une habituation à la muselière est préconisée, afin de pouvoir museler la chienne dans les situations à risque. Les propriétaires refusant l’utilisation d’une muselière par peur de se faire mordre, il est alors recommandé de placer la chienne dans une pièce à part ou dans une cage de transport fermée (après un apprentissage positif de cette dernière) en présence de personnes vulnérables, par mesure de sécurité.

Les interactions avec la chienne doivent être uniquement positives et aucun contact forcé ne doit avoir lieu. Il est recommandé aux propriétaires de ne plus la prendre dans les bras et de lui laisser en permanence son collier. Le renforcement positif est utilisé afin de récompenser tous les comportements adéquats (absence de grognement lors d’un contact avec ses propriétaires, absence de signaux de détresse dans la rue, obéissance au « assis ! », etc.). Une accoutumance aux bruits inquiétants est réalisée à l’aide d’un cédérom d’habituation pour chiens (encadré 3). Le recours à des complices, qui jettent des friandises au sol à leur arrivée au domicile, est conseillé afin d’associer l’entrée d’une personne à un élément positif et réduire ainsi la peur chez la chienne.

Les sorties sont scénarisées : capter l’attention de la chienne avant de sortir, effectuer une « minisortie », demander un « assis ! », récompenser la chienne et rentrer avant qu’elle n’émette de signaux de stress. Elles doivent avoir lieu exclusivement dans des lieux calmes et leur durée est augmentée progressivement, en veillant à ne pas provoquer de stress chez la chienne. L’utilisation d’une longe est suggérée afin d’éviter toute tension sur la laisse et permettre une meilleure exploration de l’environnement. L’apprentissage du « assis ! » et du rappel, à l’aide de récompenses alimentaires, est préconisé.

Le recours à un éducateur canin qui utilise seulement des méthodes respectueuses de l’animal est également conseillé, afin d’aider les propriétaires dans la mise en place de la thérapie comportementale et de diminuer l’agressivité de la chienne envers ses congénères. Il est refusé pour des raisons financières.

Suivi

Les trois premiers mois

Dès les premières prises de fluoxétine, la chienne développe une anorexie marquée. L’appétence de la ration est alors augmentée à l’aide de jus de viande, de blanc de poulet et d’un complément alimentaire (Nutri-plus gel®). La chienne retrouve un appétit normal une semaine après le début du traitement. Deux semaines après le début du traitement, à la suite d’orages, elle tente de mordre ses propriétaires lorsque ceux-ci s’approchent et présente de nouveau des comportements de léchage. Un mois après le début du traitement, les propriétaires signalent une nette amélioration : aucune morsure et aucun grognement n’ont eu lieu depuis dix jours, la chienne est plus sereine et montre un appétit normal, les fréquentes promenades dans des endroits calmes se passent bien. Cette amélioration se maintient durant les deux mois qui suivent avec des rechutes (agressivité) lors d’événements stressants (orages, manipulations avec contraintes, changements d’environnement).

Trois mois après la consultation initiale

La chienne est beaucoup plus sereine, explore légèrement la salle de consultation et s’approche sans présenter ni grognement ni agressivité et mange les friandises au sol. Un examen clinique peut être réalisé dans de très bonnes conditions sans avoir recours à la muselière. Toutefois, la chienne présente encore parfois des réactions de peur dans son quotidien. Le traitement médical est poursuivi à la même dose, ainsi que la thérapie comportementale.

Six mois après la consultation initiale

Les manifestations d’agressivité sont de plus en plus rares lors d’événements stressants et la chienne ne montre plus aucun signe de peur lors des sorties. Elle est toujours peureuse à l’arrivée de personnes chez ses propriétaires.

Durant la consultation, la chienne est sereine. La fluoxétine et la thérapie sont maintenues.

Neuf mois après la consultation initiale

La chienne est revue en consultation à domicile (photo 2). Les propriétaires ont spontanément arrêté le traitement à base de fluoxétine un mois auparavant, puisque la chienne ne présente plus de troubles du comportement. Le quotidien se passe bien, sans agressivité ni manifestation de peur.

Suivi à un an et jusqu’à la mort de la chienne

Un contact téléphonique a lieu un an après la consultation initiale : la chienne va très bien et ne présente aucun trouble de comportement. Elle meurt à l’âge de 12 ans, à la suite d’une insuffisance hépatique et de crises convulsives, sans avoir jamais plus présenté d’agressivité ni de peurs.

2. DISCUSSION

Étiologie de l’agressivité interspécifique

Les causes d’agression envers l’homme incluent principalement l’autoprotection (par peur ou douleur) et la protection de ressources. L’agressivité, qui ne doit pas être confondue avec la prédation, est modulée par des facteurs internes et externes (tableau 2, encadré 4).

Hypothèses diagnostiques

Manque de données dans l’anamnèse

Hormis la naissance dans un élevage, les conditions de développement de la chienne ne sont pas connues. Or, il existe quatre périodes importantes (néonatale, de transition, de socialisation et juvénile) lors du développement du chiot, les deux dernières étant essentielles pour l’équilibre comportemental (figure 2). Une perturbation durant ces phases a des conséquences sur le comportement futur de l’animal.

Un chiot adopté avant l’âge de six semaines peut présenter davantage de stress. En outre, une maladie au cours des seize premières semaines de vie peut favoriser le développement de l’agressivité [9, 11]. Des informations plus détaillées sur les conditions de vie de la chienne durant ces périodes sensibles auraient pu permettre de mieux cibler les hypothèses diagnostiques.

Concernant les antécédents de la chienne, de la maturité sexuelle jusqu’à l’adoption, les éléments connus (changements de propriétaire, vie dans un garage puis seule dans un jardin) sont en faveur d’un environnement instable et défavorable. De surcroît, le manque d’informations précises sur ses conditions de vie avant l’adoption et sur les raisons des changements de propriétaire est également préjudiciable. La qualité du relationnel avec l’homme (présence ou absence de punition), le budget temps consacré à l’animal, les expériences vécues et les apprentissages réalisés sont des éléments importants à considérer lors de troubles comportementaux. Selon le contexte, les chiens qui reçoivent des punitions physiques, qui vivent à l’extérieur de la maison ou qui passent peu de temps avec leurs propriétaires présenteraient davantage d’agressivité [6].

Autres hypothèses diagnostiques

Le léchage aurait pu être dû à une cause dermatologique. Les données de l’anam­nèse et l’observation du comportement de la chienne étant en faveur d’un stress chronique, l’hypothèse dermatologique n’a pas été retenue.

Par ailleurs, l’agressivité peut parfois être due à une encéphalopathie [2, 5]. Hormis l’agressivité, la chienne ne présentant pas de symptômes évocateurs d’un trouble cérébral, cette hypothèse a également été écartée. Toutefois, la chienne est morte à la suite de crises convulsives, la présence d’un trouble neurologique lors de la prise en charge comportementale ne peut donc être exclue a posteriori.

Un examen neurologique aurait peut-être permis de mettre en évidence une anomalie à ce niveau. La recherche d’une hypothyroïdie n’a pas été effectuée. Néanmoins, certains auteurs préconisent d’explorer cette hypothèse lors de troubles du comportement.

Thérapie

Association d’une thérapie médicamenteuse et comportementale

Lors de la prise en charge d’un trouble du comportement, une thérapie comportementale est indispensable. Il peut être nécessaire, afin de faciliter cette dernière, d’y associer un traitement médicamenteux. La fluoxétine, un antidépresseur actif sur le système sérotoninergique, a été prescrite dans ce cas afin de faciliter les apprentissages en diminuant l’anxiété, en plus de son action sur l’agressivité.

Choix de la fluoxétine

La fluoxétine est un inhibiteur sélectif de recapture de la sérotonine (ISRS) (encadré 5). Elle inhibe cette recapture par le neurone présynaptique, entraînant une augmentation de la concentration en sérotonine dans la fente synaptique et une augmentation de la transmission sérotoninergique (figure 3). La sérotonine, un neuromédiateur clé au niveau du système nerveux central, a de multiples implications au niveau comportemental : un lien est ainsi établi entre la sérotonine et des troubles comportementaux tels que les troubles obsessionnels, la dépression, les troubles alimentaires et les comportements impulsifs. La sérotonine joue également un rôle central dans les comportements de peur et l’anxiété. Ce rôle dans le comportement est lié au fait que les neurones sérotoninergiques, majoritairement originaires du noyau du raphé, innervent le cortex, mais également l’hippocampe, le thalamus et l’amygdale, des régions limbiques associées aux comportements liés aux émotions [14]. Par son action plus spécifique au niveau de la concentration synaptique en sérotonine, avec un effet minimal sur la catécholamine, l’acétylcholine et l’histamine, la fluoxétine présente généralement moins d’effets secondaires que les antidépresseurs tricycliques [4]. Une étude randomisée, contrôlée en double aveugle, montre l’intérêt de l’utilisation de la fluoxétine lors de plaies de léchage des carpes, métacarpes ou métatarses [15]. Pendant six semaines, 63 chiens ont été traités, soit avec de la fluoxétine, soit avec un placebo. Deux systèmes de notation sont utilisés : la description de la fréquence du léchage et de la taille de la plaie par le propriétaire, ainsi que la prise de photographies avant et après le traitement par le vétérinaire. Les auteurs concluent à une différence significative entre les deux modes d’évaluation : les chiens traités à l’aide de fluoxétine présentent significativement moins de léchage. Cette indication est en faveur de l’utilisation de la fluoxétine dans ce cas clinique.

Le développement d’une anorexie figure parmi les effets secondaires possibles lors de la prise de fluoxétine. L’utilisation de cette molécule est donc discutable face à la présence d’une dysorexie, comme chez la chienne du cas présenté.

Les effets secondaires doivent être clairement indiqués avant la mise en place du traitement, afin d’obtenir le consentement éclairé du propriétaire de l’animal et pour qu’ils soient mieux acceptés lors de leur apparition.

Morsure de l’homme et législation

Selon la loi, tout chien ayant mordu, même si la morsure a eu lieu au sein de la famille, doit être soumis à une mise sous surveillance sanitaire vétérinaire pendant les quinze jours qui suivent. La morsure doit être déclarée à la mairie du domicile du propriétaire par ce dernier ou par tout professionnel qui en a connaissance dans l’exercice de ses fonctions (comme le vétérinaire).

En outre, une évaluation comportementale doit avoir lieu via la consultation d’un des praticiens inscrits sur la liste tenue par l’Ordre des vétérinaires, pendant le délai de la mise sous surveillance.

Références

  • 1. Deputte BL. Comportements d’agression chez les vertébrés supérieurs, notamment chez le chien domestique (Canis familiaris). Bull. Acad. Vét. France. 2007;160:349-358.
  • 2. Dewey CW. External hydrocephalus in a dog with suspected bacterial meningoencephalitis. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 2002;38:563-567.
  • 3. Duffy DL, Hsu Y, Serpell JA. Breed differences in canine aggression. Appl. Anim. Behav. Sci. 2008;114:441-460.
  • 4. Fitzgerald KT, Bronstein AC. Selective serotonin reuptake inhibitor exposure. Top. Companion Anim. Med. 2013;28:13-17.
  • 5. Gallichio B. Animal behavior case of the month. J. Am. Vet. Med. Assoc. 2010;236 (10):1073-1075.
  • 6. Hsu Y, Sun L. Factors associated with aggressive responses in pet dogs. Appl. Anim. Behav. Sci. 2010;123:108-123.
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  • 9. Mogi K, Nagasawa M, Kikusui T. Developmental consequences and biological significance of mother-infant bonding. Prog. Neuropsychopharmacol Biol. Psychiatry. 2011;35:1232-1241.
  • 10. Perez-Guisado J, Lopez-Rodriguez R, Munos-Serrano A. Heritability of dominant-aggressive behaviour in English Cocker Spaniels. Appl. Anim. Behav. Sci. 2006;100:219-227.
  • 11. Podberscek AL, Serpell JA. Environmental influences on the expression of aggressive behaviour in English Cocker Spaniels. Appl. Anim. Behav. Sci. 1997;52:215-227.
  • 12. Podberscek AL, Serpell JA. Aggressive behaviour in English Cocker Spaniels and the personality of their owners. Vet. Rec. 1997;141:73-76.
  • 13. Scott JP, Fuller JL. The development of behavior. In : Genetics and the social behavior of the dog. University of Chicago Press. 1965:84-113.
  • 14. Vermeire S, Audenaert K, Vandermeulen E et coll. What’s in a brain : neuroanatomy and neurochemistry of anxiety disorders in dogs. Vlaams Diergeneeskundig Tijdschrift. 2011;80 (3):175-184.
  • 15. Wynchank D, Berk M. Fluoxetine treatment of acral lick dermatitis in dogs : a placebo-controlled randomized double blind trial. Depress. Anxiety. 1998;8 (1):21-23.

Conflit d’intérêts : Aucun

ENCADRÉ 1 : TRAITS COMPORTEMENTAUX DE LA CHIENNE

• Inhibée.

• Très peureuse.

• Calme.

• Peu sociable avec les congénères.

• Agressive.

• Très distante avec l’homme.

• Très peu joueuse.

• Instable émotionnellement (anxieuse).

Points clés

• Les conditions de développement et les expériences de l’animal sont importantes dans la prévention des troubles du comportement.

• Même si les antécédents du chien sont parfois inconnus, il est important d’identifier le plus précisément possible les causes de l’agressivité, afin d’adapter le traitement à chaque cas.

• Une thérapie comportementale adaptée, associée à l’administration de fluoxétine pendant quelques mois, modifie durablement le comportement de l’animal.

ENCADRÉ 2 :RÉSUMÉ DE LA THÉRAPIE COMPORTEMENTALE MISE EN PLACE

• Isoler la chienne en présence de personnes vulnérables.

• N’avoir que des interactions positives avec elle.

• Ne plus la prendre dans les bras ni forcer le contact.

• Laisser le collier en permanence.

• Utiliser le renforcement positif pour récompenser tous les comportements adéquats.

• Faire une habituation aux bruits.

• Associer l’entrée d’une personne à la distribution de friandises.

• Scénariser des sorties courtes au départ, en renforçant l’attention et les apprentissages et en limitant le stress.

• Utiliser une longe à la place de la laisse.

• Lui apprendre le « assis ! » et le rappel.

ENCADRÉ 3 : OUTILS UTILISÉS LORS DE RÉÉDUCATION COMPORTEMENTALE

• Habituation : diminution de la réactivité à un stimulus à la suite d’une exposition croissante et contrôlée à ce dernier.

• Renforcement positif : ajout d’un stimulus agréable immédiatement après un comportement afin d’augmenter la probabilité de répétition de ce dernier.

ENCADRÉ 4 : DIFFÉRENCIER AGRESSION ET PRÉDATION

• L’agression a pour but de repousser l’individu considéré comme un danger ; elle est précédée de signaux de menace.

• L’attaque de prédation vise à réduire la distance entre le chien et sa proie ; elle est dépourvue de menace.

D’après [1].

ENCADRÉ 5 : INTÉRÊTS DE LA FLUOXÉTINE

• Faciliter la thérapie comportementale en diminuant l’anxiété et en facilitant les apprentissages.

• Réduire l’anxiété, l’impulsivité et l’agressivité.

• Limiter les comportements répétitifs.

• Agir sur les plaies de léchage d’origine comportementale (carpe, métacarpe ou métatarse).

CONCLUSION

L’agressivité envers l’homme, trouble comportemental fréquent, peut être accompagnée d’autres symptômes tels que l’agressivité intraspécifique, la peur et le léchage décrits dans ce cas. Même s’il n’est pas toujours possible d’obtenir les informations souhaitées, l’anamnèse doit être la plus complète possible, afin de pouvoir cibler au mieux les hypothèses diagnostiques. La thérapie comportementale, indispensable à toute prise en charge, peut être associée à un psychotrope lorsque ce dernier est nécessaire. Pour mémoire, la prescription d’un psychotrope est réservée aux vétérinaires et, obligatoirement couplée à une thérapie comportementale, elle se révèle ­efficace pour moduler les comportements des chiens et des chats. Ainsi, la fluoxétine, conjuguée à une thérapie comportementale adaptée à l’animal et aux propriétaires, a permis d’obtenir de bons résultats chez cette chienne agressive et peureuse âgée de 8 ans et ayant déjà été abandonnée et adoptée à plusieurs reprises.