MÉDECINE DE TROUPEAU
Article original
Auteur(s) : Gilles Le Sobre*, Adèle Péchard**, Élodie Faivre***
Fonctions :
*Groupe de médecine des populations
VetAgro Sup
1, avenue Bourgelat
69280 Marcy-L’Étoile
Un audit réalisé dans le but d’améliorer la reproduction des génisses a révélé plusieurs problèmes et permis de fournir des recommandations à court et moyen/long termes.
Dans le cadre d’un suivi global de troupeau, les vétérinaires sont amenés à effectuer un audit, dont les grandes lignes ont été définies précédemment (1). À l’issue de la visite (de deux heures environ), un compte rendu doit être rédigé. Il comprend la présentation de la structure, l’analyse des documents d’élevage, l’inventaire de satisfaction de l’éleveur, la conduite d’élevage, la visite des bâtiments et l’observation des animaux. Chacune de ces parties doit faire apparaître des points positifs et des points à améliorer, ainsi que des recommandations. Un résumé des constatations et des recommandations, idéalement placé au début du compte rendu, permet à l’éleveur de retrouver facilement les éléments importants de l’analyse. Sur cette base, un audit a été réalisé dans un groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) géré par deux associés (père et fils) souhaitant améliorer la reproduction des génisses. Il s’inscrit dans le cadre d’une visite « jeunes installés », mise en place par le Groupement de défense sanitaire du Rhône (GDS 69), menée par un encadrant et des étudiants vétérinaires de 5e année à VetAgro Sup (campus de Lyon). L’objectif est de détecter les facteurs de risque (critical control points, ou CCP) de dégradation des performances et de définir des pistes d’amélioration à apporter pour répondre aux attentes des éleveurs et à celles du GDS 69. Cet article reprend les éléments du compte rendu d’audit, les points positifs ou à améliorer étant signalés au fil du texte.
L’élevage audité est géré par deux associés, un fils et son père, tandis qu’un second fils vient ponctuellement aider à l’exploitation.
Le cheptel actuel est constitué de 42 vaches laitières (montbéliardes) au maximum par mois, avec un quota de 400 000 litres de lait. Ce quota n’est ni atteint, ni recherché pour le moment par les éleveurs, la production actuelle étant de 300 000 litres.
La surface agricole utile (SAU) est de 82 hectares, en zone de montagne (750 m d’altitude), dont 3 ha de maïs (ensilage), 8 ha de céréales (1 ha d’épeautre, 1 ha d’orge et 6 ha de blé-triticale), 25 ha d’herbe (ensilage), 10 à 12 ha de prairie naturelle (foin) et 40 ha de pâture pour les génisses et les vaches, ces deux catégories d’animaux ne pâturant jamais sur les mêmes parcelles.
Le contrôle laitier officiel, effectué tous les mois, comprend l’analyse des deux traites du matin et du soir. Un appui technique est apporté environ six fois par an. Le technicien participe ainsi à la réalisation du planning d’accouplement et à l’établissement de la ration.
La répartition du travail s’effectue entre les deux associés (un dimanche sur deux), avec une aide familiale régulière.
En 1990, le père reprend l’élevage de ses parents. Une conversion en agriculture biologique est mise en place en 2017, en prévision de l’association de son fils et grâce à la reprise d’une ferme de 20 ha. Le fils devient un associé en avril 2018. L’exploitation est constituée d’un seul site, en contrebas de la route. Le bâtiment d’élevage s’étend sur deux niveaux, en raison de la forte déclivité, et possède un seul toit bipente. Les silos sont situés au nord, l’habitation est accolée au sud. Le point négatif est la présence d’une montagne à l’est, entraînant un moindre ensoleillement le matin. Le point positif est qu’il n’y a pas d’autre élevage aux alentours ou sous les vents dominants.
Chez les vaches, huit cas de mammite sans signes généraux, quatre de non-délivrance et deux de fourbure sont enregistrés. Quinze veaux ont présenté des diarrhées avant l’âge de 3 semaines, soit 38 % des animaux (point à améliorer). Trois veaux ont souffert d’une omphalite.
Dans le cadre de la prévention de la maladie des muqueuses (BVD), la détection des infectés permanents immunotolérants (IPI) s’effectue à la naissance, sur le cartilage. La vaccination des animaux avant la mise à la reproduction, bien que recommandée, n’a pas été réalisée.
Le traitement repose sur la phytothérapie. Des analyses coproscopiques sont effectuées en cas de diarrhée ou d’amaigrissement.
Il comprend le parage, le tarissement (Orotar® et traitement ciblé selon les taux cellulaires), l’écornage et la biosécurité.
Production
La production de lait est évaluée à 22,4 kg/jour (+ 2 /n- 1), soit 27,7 kg sur le valorisé troupeau de février 2020.
Au cours de l’année, le taux cellulaire (TC) moyen au contrôle laitier est de 237 000 cellules/ml, avec 43 % de vaches en quatrième lactation ou plus, alors que le TC de la laiterie (tank) est de 223 000 cellules/ml, avec sept mois passés au-dessus de 200 000 cellules/ml, essentiellement en période de stabulation (point à améliorer).
Les moyennes du taux protéique (TP), soit 32,5 g/kg, et du taux butyreux (TB), soit 41,6 g/kg, sont dans les normes. En revanche, le taux d’urée présente de fortes variations au cours de l’année (point à améliorer).
L’intervalle vêlage-vêlage est de 374 jours en moyenne (point positif). Cependant, les animaux qui subissent plus de trois inséminations artificielles représentent 33,3 % des génisses (point à améliorer) et 10 % des vaches (point positif). L’âge moyen de mise à la reproduction est de 25,3 mois, ce qui est un peu tardif (point à améliorer). Les vêlages restent étalés sur l’année, même si un pic a lieu en été et en décembre.
La reproduction est donc satisfaisante chez les vaches, mais une amélioration est souhaitée chez les génisses.
Selon le bilan technique du troupeau, du 16 avril 2018 au 15 avril 2019, dix vaches ont été réformées, soit environ 25 % du cheptel (ce qui constitue la norme pour les montbéliardes) : deux pour cause de boiterie, quatre en raison de mammites et quatre pour un problème de fécondité.
Au total, 7,4 % des vaches multipares présentent un taux cellulaire supérieur à 800 000 cellules/ml. Au tarissement, le taux de guérison est de 70 % et celui des nouvelles infections de 29 % (points à améliorer) (tableau 1). Il y donc une suspicion de mammites dues à des germes d’environnement. En outre, plusieurs vaches pourraient être infectées chroniquement.
L’étude des résultats du contrôle laitier des trois derniers mois montre une variation importante des taux d’urée du lait, donc des apports azotés (point à améliorer) (tableau 2). En revanche, depuis un an, la production laitière est en augmentation, passant de 20,6 à 27,6 kg de lait produit par jour et par vache. Les taux cellulaires sont un peu élevés, mais en baisse au cours des trois derniers mois. Globalement, une bonne amélioration de la production est notée depuis que la transition biologique est aboutie.
La ration est calculée pour une production de 26 kg de lait.
Elles sont indiquées dans le tableau 3.
Selon les deux associés, les points positifs de l’élevage sont un troupeau en bonne santé, une exploitation économiquement viable et des animaux calmes. D’après eux, les améliorations prioritaires sont les suivantes :
- modifier les bâtiments (bétonner la cour, allonger de 10 m le bâtiment à logettes qui abrite les vaches laitières, prévoir deux postes de traite supplémentaires) ;
- la mise à la reproduction des génisses ;
- la sélection génétique, afin d’augmenter la résistance des animaux aux conditions de pâturage en montagne.
Leur objectif principal est l’amélioration de la reproduction des génisses.
Au cours des deux heures qui suivent la naissance, un drenchage est pratiqué avec 4 litres de colostrum (point positif). En revanche, le colostrum n’est pas évalué au réfractomètre (point à améliorer). Par ailleurs, du colostrum, surgelé dans des sacs plastique de 1 litre, est conservé au congélateur afin de constituer une réserve (point positif).
Pour rappel, le colostrum est le lait de la première traite, il doit être distribué le plus tôt possible après la naissance à raison de 2 litres au minimum au cours des deux premières heures, puis 4 litres au minimum dans les 24 heures suivantes et enfin 1 litre par jour pendant cinq jours (afin de favoriser l’immunité locale du tube digestif).
À partir de 7 jours d’âge, les veaux sont placés en case double. Ils sont nourris deux fois par jour avec 4,5 litres de lait de tank, le lait en poudre « bio » étant trop coûteux. Ils disposent également de paille, de foin, d’argile et d’un apport progressif de mélange fermier d’épeautre (pour atteindre 2 kg par veau à l’âge de 6 mois). Une louve a été fabriquée et suspendue dans la case collective de sevrage. De l’eau et du sel sont à la disposition des veaux dès l’âge de 1 mois.
Les génisses sont logées en aire paillée et réparties dans trois cases. Les cases et les animaux sont propres, un bon paillage étant effectué deux fois par semaine. Des brosses sont placées dans chaque case.
Les génisses sont intégrées au troupeau de vaches laitières environ trois semaines avant la date prévue du vêlage, afin de profiter de la ration (point positif). Des difficultés d’adaptation aux logettes sont parfois notées (point à améliorer).
Un raclage de l’aire située derrière les cornadis est réalisé deux fois par semaine. Le bâtiment est curé deux fois au cours de l’hiver. La luminosité, un peu faible dans le fond du bâtiment où sont logés les animaux de 6 à 12 mois, est correcte près des vaches taries.
Le volume d’air du bâtiment est satisfaisant, avec une ventilation statique toutefois insuffisante dans le fond, dédié au stockage (point à améliorer).
La tonte du dos des génisses est effectuée à la rentrée à l’étable (point positif).
Un traitement antiparasitaire interne et externe est réalisé lors de la mise à l’herbe et à la rentrée, ainsi qu’un traitement anticoccidien entre 4 et 6 semaines d’âge (point positif). Les produits de phytothérapie sont privilégiés.
En revanche, aucune vaccination BVD n’est réalisée. Vacciner contre la BVD a minima les femelles en insémination artificielle sexée est pourtant conseillé.
Le critère de mise à la reproduction des génisses est le gabarit, aucune pesée n’est effectuée (point à améliorer). Ainsi, la mise à la reproduction a lieu vers 2 ans environ, mais l’éleveur souhaite réaliser la première insémination artificielle (IAp) plus tôt, afin de diminuer le prétroupeau. L’objectif de mise à la reproduction est fixé à 450 kg, avec une note d’état corporel de 3 en IAp, pour un vêlage à l’âge de 2 ans.
L’utilisation du génotypage permet de sélectionner des animaux adaptés pour effectuer les inséminations artificielles sexées montbéliard, et les croisements avec du charolais. À terme, l’éleveur veut réserver l’insémination artificielle sexée aux vaches et génisses de forte valeur génétique, les autres étant inséminées en croisé charolais. Il n’y a pas de taureau, ni d’achats d’animaux grâce à l’autorenouvellement.
Le transfert embryonnaire n’est pas pratiqué, et aucune hormone n’est utilisée en raison de la charte biologique.
L’éleveur désire des vaches robustes, à cause des conditions de pâturage en zone de montagne.
Les vaches taries sont logées dans le bâtiment des génisses, dans une case indépendante, paillée et curée après chaque sortie de vache (photo 1). L’aire paillée est curée régulièrement, car elle a tendance à chauffer lors d’hivers doux, et a été responsable de trois mammites au tarissement.
Les vaches présentant moins de 100 000 cellules au cours des deux ou trois derniers contrôles laitiers sont taries sans obturateurs (point à améliorer) ni antibiotiques, sauf si leur production est encore importante (auquel cas des obturateurs sont mis en place). En revanche, si le taux cellulaire est plus élevé, le traitement au tarissement consiste à administrer de la rifaximine en intramammaire (Fatrox®) et à placer des obturateurs.
Il est conseillé de placer des obturateurs a minima sur toutes les vaches saines taries et d’effectuer un traitement insecticide/répulsif biologique de la mamelle l’été après le tarissement.
La ration est recalculée et distribuée par l’éleveur.
Les génisses disposent de paille, de foin, de foin de luzerne, des refus des vaches laitières, d’argile, ainsi que d’un apport progressif de mélange fermier d’épeautre et de tourteau (deux tiers/un tiers), jusqu’à atteindre 2 kg à l’âge de 6 mois. Ensuite, cette quantité est réduite à 800 g (pour limiter l’engraissement des mamelles), avec un apport de foin. De l’eau et du sel sont mis à leur disposition dès l’âge de 1 mois.
Les vaches en lactation disposent de 15 kg d’ensilage de maïs, de 28 kg d’ensilage d’herbe, de 4 kg de foin de luzerne, de 5 kg d’épis de maïs humides, de 1,5 kg de triticale, de 1,2 kg de tourteaux bio 40, pour un total de 20,7 kg de matière sèche ingérée, permettant une production moyenne de 26 litres de lait, le facteur limitant étant les protéines digestibles dans l’intestin grêle permises par l’énergie (PDIE).
Elles reçoivent également 205 g d’un complément minéral vitaminé (CMV) contenant 79 g de calcium et ont accès à des pierres à sel, grâce à des distributeurs « faits maison » (photo 2).
Un distributeur automatique de concentrés, équipé de deux postes, est également présent.
Pendant toute la durée du tarissement, les vaches taries sont nourries avec les refus des vaches laitières, ainsi que 2 à 3 kg d’ensilage de maïs épis et du foin à volonté, hors celui de luzerne, défavorable au bilan alimentaire cation-anion (Baca). Cette ration pourrait entraîner un manque de protéines digestibles dans l’intestin et de quantité globale (point à améliorer). Il n’y a pas de préparation au vêlage, uniquement une réintroduction auprès des vaches laitières trois semaines avant (point à améliorer).
50 tonnes de foin de luzerne (origine Dauphiné bio) et 60 t de maïs en épis (bio) sont achetées chaque année.
La traite du matin a lieu à 6 h 30 et celle du soir à 18 h. Chacune dure en moyenne une heure quinze.
La salle de traite (GEA®) est composée de 2 x 2 stalles individuelles équipées de sorties individuelles (point positif), avec un système de décrochage et des manchons en silicone très propres (photo 3).
Un compteur à lait individuel analyse également la conductivité (point positif) et conserve l’historique des vaches.
La traite est réalisée aussi bien par le père que par le fils. Elle est parfois commencée par l’un, et terminée par l’autre. De nombreux aller-retour sont effectués pendant la traite, pour distribuer le lait de tank aux veaux (point à améliorer).
Chaque vache est préparée individuellement, avec un prémoussage (avec du savon noir ou de Marseille), puis un essuyage à l’aide de papier. Les premiers jets sont éliminés sur le sol, selon l’aspect et la texture de la mamelle.
Après le décrochage automatique, un produit de post-trempage bio (Tray Mix Activ’®) est appliqué, mais celui-ci n’est pas déposé sur la totalité du trayon (point à améliorer).
Les vaches ne peuvent pas accéder aux logettes au cours de l’heure qui suit la traite, l’accès étant fermé par un tracteur, et l’alimentation est distribuée ; les cornadis ne sont pas verrouillés (point à améliorer).
L’éleveur souhaite augmenter le nombre de postes de traite, mais ces anciens postes sont difficiles à trouver.
Deux troupeaux montbéliards voisins pâturent parfois à proximité, les animaux ayant alors la possibilité de faire du mufle à mufle (point à améliorer).
Aucun pédiluve n’est présent aux différentes entrées des bâtiments (point à améliorer). La fumière est située à proximité des vaches taries, et les fosses ne sont pas couvertes (point à améliorer). Un chien est également présent dans l’élevage (point à améliorer).
Pour les points positifs, citons l’absence d’achats d’animaux et le lavage des bottes à chaque changement de bâtiment, notamment lorsque le lait est apporté aux veaux depuis la salle de traite.
Les éleveurs réalisent eux-mêmes le parage sélectif des vaches à « pieds longs » ou qui boitent.
Il est conseillé d’effectuer un parage préventif par un professionnel, l’enregistrement des affections permettant une analyse par le vétérinaire traitant à des fins préventives (incidence, prévalence, diagnostic).
Les veaux croisés et les mâles montbéliards purs sont vendus sur le circuit conventionnel, en l’absence d’un marché biologique.
Les réformes se répartissent comme suit :
- quatre ou cinq vaches pour des problème de reproduction et entre zéro et deux génisses par an ;
- trois vaches pour des problèmes de cellules ;
- deux vaches pour des lésions du pied.
Elles sont indiquées dans le tableau 4.
Le jour de l’audit, trente-neuf vaches sont traites, le nombre maximal étant de quarante-deux. Les dimensions des logettes sont aux normes (longueur : 1,85 à 1,95 m ; hauteur : 1,15 à 1,28 m). Deux rangées sont placées face aux murs (local séparé) (photo 4). Un paillage des logettes est effectué tous les deux jours (une réserve de paille est placée entre le mur et la barre au garrot). Elles sont nettoyées matin et soir. Les animaux ne présentent pas de plaie (tarse, épaule, garrot) (point positif). Le bâtiment contient trente-sept logettes conventionnelles et trois ajoutées. Elles sont donc en quantité insuffisante, l’objectif étant de disposer au moins d’un nombre égal à celui des vaches présentes dans l’année.
Accessibles après la traite, les abreuvoirs sont répartis en trois points d’eau, dont deux grands bacs et un abreuvoir à boule (point positif).
La conception du couloir d’alimentation ne permet pas aux vaches de s’échapper (cul-de-sac), ce qui peut être problématique pour celles en première lactation ou dominées. L’éleveur souhaite remédier à ce problème. Le couloir est raclé deux fois par jour.
Trente-six cornadis autobloquants sont présents, dont neuf ne permettent pas d’accéder à la ration, mais seulement au foin. Leur nombre est donc insuffisant, l’objectif étant de posséder au moins un nombre de cornadis équivalent au nombre maximal de vaches par mois, augmenté de 10 %, soit dans notre cas quarante-six cornadis.
Le bâtiment présente un rainurage correct, la luminosité et la ventilation sont aussi conformes visuellement. Les logettes sont très propres et bien paillées (point positif), mais le sol est sale et liquide le jour de la visite, car le raclage du matin n’a pas encore été réalisé. Les membres sont souillés à mi-canons (point à améliorer).
Le filet brise-vent au-dessus des trois logettes et de la case est bouché par la poussière, avec la présence d’humidité et de moisissures sur les pannes (point à améliorer). Il convient d’ouvrir en haut afin de ventiler le plafond. Une aire de détente extérieure dispose de deux postes de distribution automatique de concentrés (point positif).
La case d’isolement contient un cornadis et un équipement pour parer les pieds, mais elle sert aussi d’infirmerie (pas de local dédié), pour les inséminations, et de case de vêlage occasionnelle (point à améliorer).
Le jour de l’audit, trois vaches taries sont présentes. L’abreuvoir est constitué d’un bol à niveau constant. Le couloir d’alimentation est raclé deux fois par semaine. Le curage de l’aire paillée a lieu tous les deux jours et après chaque sortie de parturiente avec paillage. Les vaches sont propres, mais la surface ne permet pas de loger plus de trois vaches taries (point à améliorer).
Vingt-cinq génisses sont réparties en trois lots le jour de la visite. Un point d’eau est présent dans chaque case. Le couloir d’alimentation est raclé deux fois par semaine. Le paillage a lieu deux fois par semaine (une botte ronde de 300 kg pour les trois cases de génisses et la case des vaches taries, soit environ 1 kg/m2). Un curage est effectué deux fois dans l’hiver.
Les veaux sont logés en cases individuelles (avec pente et évacuation) et en cases doubles à côté de la laiterie pour les plus jeunes. Les cases de 28 m2 en aire paillée, destinées aux veaux plus âgés (au maximum six génisses de plus de 6 mois), sont équipées de brosses et de douze cornadis. Aucun problème particulier de diarrhée et peu de problèmes respiratoires sont recensés au moment de l’audit (en fin d’hiver), malgré une ventilation et un volume d’air insuffisants (point à améliorer). L’hygiène est satisfaisante, même si la mécanisation est difficile.
Elles sont indiquées dans le tableau 5.
L’aliment est préparé à la mélangeuse le matin (photo 5). La distribution a lieu pendant la traite, la ration est semi-complète mélangée et est repoussée deux à trois fois par jour, grâce à une roue repoussoir fabriquée par l’éleveur (photos 6 et 7). Le distributeur automatique de concentrés (DAC) propose en plus un mélange fermier, constitué de deux tiers de blé-triticale et d’un tiers de tourteau de colza/soja, aux vaches ayant une production supérieure à 22 kg/jour, avec un minimum de 150 g et un maximum de 300 g à chaque passage. Le calcul de la quantité de concentrés s’effectue sur la base de la production laitière (6,6 kg pour 40 kg de lait dont 4 kg de céréales et 2,6 kg de tourteau). Le tamisage de la ration semi-complète est satisfaisant, avec un piquant jugé convenable à la pression manuelle.
Le tamis supérieur, constituant les refus, représente 29,5 % de la ration, alors qu’il ne devrait pas dépasser 10 %. Les risques de tri et d’acidose ruminale subaiguë sont donc élevés (point à améliorer). Le tamis moyen, qui contient la fibre efficace, représente 42 % de la ration. Le bac du bas, avec les concentrés, représente 28 % de la ration, auquel il faut ajouter l’aliment distribué au DAC (point à améliorer). L’objectif est d’atteindre entre 40 et 50 % de concentrés dans la ration, avec le DAC. Les refus représentent environ 5 à 10 % de la ration, ce qui équivaut à quatre brouettes par jour selon l’éleveur. Le jour de la visite, seules deux brouettes de refus ont été remplies. Ils sont distribués aux vaches taries tous les jours, accompagnés de foin à volonté.
L’élevage comporte un seul silo, constitué à partir des récoltes provenant des différentes parcelles d’herbe au printemps. Le silo est ensuite débâché, pour ajouter du maïs par-dessus en fin d’été. Ce choix est motivé par le fait qu’avec une telle organisation, la composition de la ration est la même tout l’hiver. En revanche, le silo d’herbe semble avoir coulé au sol (point à améliorer). L’observation rapprochée du silo montre :
- une bonne conservation générale, sans moisissures sous les bâches, avec une quantité minime sur les bords ;
- une partie un peu douteuse comportant les légumineuses, d’aspect noirâtre et humide à la pression manuelle (< 25 % de matière sèche) (point à améliorer) ;
- une très bonne qualité de maïs, avec de nombreux grains, mais certains d’entre eux, non éclatés, entraînent une perte d’unité fourragère (point à améliorer).
Selon l’éleveur, des analyses de silo ont révélé que les strates d’herbe contiennent en moyenne 40 % de matière sèche (MS), et le maïs en moyenne 35 % de MS.
Elles sont rappelées dans le tableau 6.
Les notes d’état corporel (NEC) sont en moyenne correctes, avec :
- aucune perte moyenne entre le début et le pic de lactation ce jour-là, mais les NEC du troupeau sont hétérogènes (point à améliorer) ;
- une NEC satisfaisante en fin de lactation (même si une vache présente une note trop élevée, ce qui entraîne un risque de cétose en phase post-partum).
Des insuffisances sont toutefois notées :
- les NEC sont trop basses en début de lactation, avec une perte de 0,7 point par rapport à la note de début du tarissement ;
- les perte de NEC au tarissement laissent suspecter un manque d’apport en quantité à cette période (le remplissage du rumen est insuffisant ce jour-là) et un manque d’unités fourragères (UF) (tableau 7).
L’objectif est de distribuer 8 UF par jour et par vache pendant tout le tarissement (ration équivalente à la production de 18 kg de lait) et 10 UF la dernière semaine. Un quart à un tiers de cette ration est placée dans la mélangeuse pour conserver la taille des papilles ruminales et permettre une bonne assimilation des acides gras volatils (AGV) après le vêlage, afin de prévenir l’acidose ruminale subaiguë. Pour mieux préparer la flore amylolytique, le mélange fermier doit être intégré progressivement, en quantité croissante, au cours des trois dernières semaines du tarissement.
Les NEC moyennes des génisses (sur deux lots) sont satisfaisantes, avec une note de 3, mais elles sont hétérogènes entre elles. Le remplissage du rumen est satisfaisant, avec une note de 4,5. Il est recommandé d’évaluer la NEC et le poids lors de la première insémination artificielle, l’objectif étant d’inséminer des animaux de 400 à 450 kg avec une NEC de 3 (mieux vaut éviter d’inséminer des génisses trop grasses).
La consistance des bouses est globalement trop liquide, surtout en début de lactation, avec une note moyenne de 1,8, laissant suspecter :
- soit une préparation insuffisante de la flore amylolytique (il est alors recommandé d’améliorer la préparation au vêlage en ajoutant progressivement du mélange fermier à la ration durant les trois dernières semaines avant le terme) ;
- soit une acidose ruminale subaiguë, liée au tri sélectif alimentaire des vaches. Il est alors recommandé d’asperger la ration dans le bol pour coller les particules fines aux particules longues. Attention, la fibre de luzerne devient molle, donc inefficace, au contact du jus de rumen ;
- soit une mauvaise conservation de l’ensilage (cette suspicion avait déjà été évoquée pour les légumineuses) ;
- soit une composante parasitaire associée.
La propreté des animaux est satisfaisante, sauf au niveau des fesses et des canons (photo 8).
Les mammites qui surviennent au cours du tarissement et en début de lactation sont certainement liées à l’absence de pose systématique d’obturateurs de trayons et à la piètre qualité de l’aire paillée pendant le tarissement. En effet, la moitié des mammites colibacillaires qui apparaissent au cours des deux premiers mois de lactation sont contractées au cours du tarissement.
Le taux de douleurs podales est trop élevé (68 % des vaches notées). Un parage préventif régulier est donc conseillé.
Elles sont indiquées dans le tableau 8.
(1) Voir l’article « L’audit global de troupeau laitier en pratique rurale » dans le Point vétérinaire n° 409, septembre 2020.
Conflit d’intérêts : Aucun
L’audit d’élevage comprend l’étude des documents de l’exploitation, un questionnaire sur les attentes des éleveurs et une visite de deux heures environ.
Le compte rendu d’audit reprend chacune de ces étapes et met en lumière les points positifs et les points à améliorer.
Des recommandations à court et à moyen/long termes sont émises, fondées sur les points à améliorer.
Un suivi est proposé, afin d’évaluer les améliorations obtenues.
La réalisation d’un audit global permet de mettre en lumière les points positifs et ceux à améliorer au sein d’un élevage (tableau 1). Dans ce Gaec, trois problèmes principaux ont été identifiés (tableaux 9 et 10) :
- de mauvais résultats de reproduction des génisses, potentiellement liés à un rapport poids/note d’état corporel excessif à l’insémination, à une surveillance des chaleurs plus difficiles, etc. ;
- de nombreuses douleurs podales ;
- des bouses molles en début de lactation, ainsi qu’une perte de NEC et une forte hétérogénéité de l’état corporel.
Des recommandations à moyen et long termes ont été formulées. Un suivi global mensuel est conseillé afin de suivre les améliorations dans chaque domaine.
La facturation de l’audit par le vétérinaire doit inclure le temps de préparation (une heure), le temps de l’audit (deux heures) et le temps de rédaction (une heure).