MÉDECINE DE TROUPEAU
Article original
Auteur(s) : Gilles Le Sobre*, Adèle Péchard**, Élodie Faivre***
Fonctions :
*Groupe de médecine des populations
VetAgro Sup
1, avenue Bourgelat
69280 Marcy-L’Étoile
Un audit réalisé dans le but d’améliorer la reproduction des génisses a révélé plusieurs problèmes et permis de fournir des recommandations à court et moyen/long termes.
Dans le cadre d’un suivi global de troupeau, les vétérinaires sont amenés à effectuer un audit, dont les grandes lignes ont été définies précédemment (1). À l’issue de la visite (de deux heures environ), un compte rendu doit être rédigé. Il comprend la présentation de la structure, l’analyse des documents d’élevage, l’inventaire de satisfaction de l’éleveur, la conduite d’élevage, la visite des bâtiments et l’observation des animaux. Chacune de ces parties doit faire apparaître des points positifs et des points à améliorer, ainsi que des recommandations. Un résumé des constatations et des recommandations, idéalement placé au début du compte rendu, permet à l’éleveur de retrouver facilement les éléments importants de l’analyse. Sur cette base, un audit a été réalisé dans un groupement agricole d’exploitation en commun (Gaec) géré par deux associés (père et fils) souhaitant améliorer la reproduction des génisses. Il s’inscrit dans le cadre d’une visite « jeunes installés », mise en place par le Groupement de défense sanitaire du Rhône (GDS 69), menée par un encadrant et des étudiants vétérinaires de 5e année à VetAgro Sup (campus de Lyon). L’objectif est de détecter les facteurs de risque (critical control points, ou CCP) de dégradation des performances et de définir des pistes d’amélioration à apporter pour répondre aux attentes des éleveurs et à celles du GDS 69. Cet article reprend les éléments du compte rendu d’audit, les points positifs ou à améliorer étant signalés au fil du texte.
L’élevage audité est géré par deux associés, un fils et son père, tandis qu’un second fils vient ponctuellement aider à l’exploitation.
Le cheptel actuel est constitué de 42 vaches laitières (montbéliardes) au maximum par mois, avec un quota de 400 000 litres de lait. Ce quota n’est ni atteint, ni recherché pour le moment par les éleveurs, la production actuelle étant de 300 000 litres.
La surface agricole utile (SAU) est de 82 hectares, en zone de montagne (750 m d’altitude), dont 3 ha de maïs (ensilage), 8 ha de céréales (1 ha d’épeautre, 1 ha d’orge et 6 ha de blé-triticale), 25 ha d’herbe (ensilage), 10 à 12 ha de prairie naturelle (foin) et 40 ha de pâture pour les génisses et les vaches, ces deux catégories d’animaux ne pâturant jamais sur les mêmes parcelles.
Le contrôle laitier officiel, effectué tous les mois, comprend l’analyse des deux traites du matin et du soir. Un appui technique est apporté environ six fois par an. Le technicien participe ainsi à la réalisation du planning d’accouplement et à l’établissement de la ration.
La répartition du travail s’effectue entre les deux associés (un dimanche sur deux), avec une aide familiale régulière.
En 1990, le père reprend l’élevage de ses parents. Une conversion en agriculture biologique est mise en place en 2017, en prévision de l’association de son fils et grâce à la reprise d’une ferme de 20 ha. Le fils devient un associé en avril 2018. L’exploitation est constituée d’un seul site, en contrebas de la route. Le bâtiment d’élevage s’étend sur deux niveaux, en raison de la forte déclivité, et possède un seul toit bipente. Les silos sont situés au nord, l’habitation est accolée au sud. Le point négatif est la présence d’une montagne à l’est, entraînant un moindre ensoleillement le matin. Le point positif est qu’il n’y a pas d’autre élevage aux alentours ou sous les vents dominants.
Chez les vaches, huit cas de mammite sans signes généraux, quatre de non-délivrance et deux de fourbure sont enregistrés. Quinze veaux ont présenté des diarrhées avant l’âge de 3 semaines, soit 38 % des animaux (point à améliorer). Trois veaux ont souffert d’une omphalite.
Dans le cadre de la prévention de la maladie des muqueuses (BVD), la détection des infectés permanents immunotolérants (IPI) s’effectue à la naissance, sur le cartilage. La vaccination des animaux avant la mise à la reproduction, bien que recommandée, n’a pas été réalisée.
Le traitement repose sur la phytothérapie. Des analyses coproscopiques sont effectuées en cas de diarrhée ou d’amaigrissement.
Il comprend le parage, le tarissement (Orotar® et traitement ciblé selon les taux cellulaires), l’écornage et la biosécurité.
Production
La production de lait est évaluée à 22,4 kg/jour (+ 2 /n- 1), soit 27,7 kg sur le valorisé troupeau de février 2020.
Au cours de l’année, le taux cellulaire (TC) moyen au contrôle laitier est de 237 000 cellules/ml, avec 43 % de vaches en quatrième lactation ou plus, alors que le TC de la laiterie (tank) est de 223 000 cellules/ml, avec sept mois passés au-dessus de 200 000 cellules/ml, essentiellement en période de stabulation (point à améliorer).
Les moyennes du taux protéique (TP), soit 32,5 g/kg, et du taux butyreux (TB), soit 41,6 g/kg, sont dans les normes. En revanche, le taux d’urée présente de fortes variations au cours de l’année (point à améliorer).
L’intervalle vêlage-vêlage est de 374 jours en moyenne (point positif). Cependant, les animaux qui subissent plus de trois inséminations artificielles représentent 33,3 % des génisses (point à améliorer) et 10 % des vaches (point positif). L’âge moyen de mise à la reproduction est de 25,3 mois, ce qui est un peu tardif (point à améliorer). Les vêlages restent étalés sur l’année, même si un pic a lieu en été et en décembre.
La reproduction est donc satisfaisante chez les vaches, mais une amélioration est souhaitée chez les génisses.
Selon le bilan technique du troupeau, du 16 avril 2018 au 15 avril 2019, dix vaches ont été réformées, soit environ 25 % du cheptel (ce qui constitue la norme pour les montbéliardes) : deux pour cause de boiterie, quatre en raison de mammites et quatre pour un problème de fécondité.
Au total, 7,4 % des vaches multipares présentent un taux cellulaire supérieur à 800 000 cellules/ml. Au tarissement, le taux de guérison est de 70 % et celui des nouvelles infections de 29 % (points à améliorer) (tableau 1). Il y donc une suspicion...