L’ALLAITEMENT ARTIFICIEL DU LAPEREAU DE COMPAGNIE - Le Point Vétérinaire n° 410 du 01/10/2020
Le Point Vétérinaire n° 410 du 01/10/2020

NOUVEAUX ANIMAUX DE COMPAGNIE

Article de synthèse

Auteur(s) : Mélodie Bante

Fonctions : Clinique Bérégovoy
55 bis, avenue Pierre Bérégovoy
18000 Bourges

La néonatologie est une spécialité qui concerne aussi les lapins de compagnie. Les lapereaux bénéficient désormais de préconisations assez précises concernant la conception et l’utilisation des lactoremplaceurs.

La lapine est un mammifère nidicole, mais qui n’allaite ses petits qu’une fois par jour (occasionnellement deux), ce qui est particulier chez les mammifères. Ils sont considérés comme sevrés à l’âge de 8 semai­nes, mais commencent à s’alimenter avec de la nourriture solide trois à quatre semaines plus tard. Si, pendant cette dernière période, la mère meurt, est malade, ou ne s’occupe pas des lapereaux, l’allaitement artificiel devient nécessaire. C’est également le cas lorsque la mère cherche à écraser les lapereaux, il est alors également préférable de les séparer. Un défaut d’allaitement impose un sevrage précoce et l’utilisation d’un lactoremplaceur, sans lequel, avant l’âge de 15 jours, la mort des petits est inévitable (photo 1). Dans ce même cas, avant 28 jours d’âge, des retards de croissance et des dysbioses sévères risquent d’apparaître. Le colostrum de la lapine correspond uniquement à la première tétée et est très proche du lait produit pendant le reste de la lactation. De ce fait, contrairement aux carnivores, le colostrum n’est pas indispensable, car le transfert de protéines de l’immunité se fait exclusivement avant la naissance via la barrière de la vésicule vitelline [7]. Le développement et l’activité des bactéries dépen­dent majoritairement des nutriments qui entrent dans le cæcum, donc de la digestibilité des aliments ingérés [6]. Il n’est pas nécessaire de stimuler les lapereaux pour la miction et la défécation.

SIGNES D’ALERTE DU SOUS-ALLAITEMENT

La tétée est un acte réflexe, initiée chez le lapereau par une phéromone mammaire produite par la lapine et qui conditionne le phénomène de recherche de la mamelle (encadré 1).

Il est difficile d’estimer si la mère produit du lait en quantité suffisante pour nourrir tous ses petits. Dans ce cas, il peut être préférable de vérifier leur état général et de suivre leur poids. Le propriétaire peut également surveiller leur apparence. Une peau plissée, des vocalises, l’absence de prise de poids ou des lapereaux qui semblent moins chauds que la main au toucher constituent de bons indicateurs [13]. En cas de doute, il peut être proposé au propriétaire de présenter les animaux au vétérinaire et, avant de les manipuler, s’ils sont encore avec la mère, lui conseiller de frotter ses mains sur le ventre de la lapine.

INSTALLATION DES LAPEREAUX POUR UN ALLAITEMENT ARTIFICIEL OPTIMAL

Les lapereaux doivent être séparés de la mère si celle-ci les écrase [8]. La lapine adopte un comportement hostile vis-à-vis des petits qui n’ont pas son odeur. En outre, le rejet des lapereaux encore allaités par la mère peut être favorisé s’ils sont manipulés à mains nues [4].

Les petits doivent alors être placés dans une pièce calme (sans enfants), peu passante et, si possible, sans autres animaux de compagnie. Si les lapereaux ont moins de 2 semaines, ils ne sont pas capables de réguler leur température corporelle seuls [8]. Il est donc nécessaire de les réchauf­fer avant cet âge. Il est recom­mandé de placer les lapereaux dans un “nid artificiel” avant 15 jours de vie. Un certain nombre de paramètres permettent d’estimer cette limite d’âge (encadré 2). Le point chaud ne doit pas excéder la température corporelle des petits (38 °C au maximum). Dans tous les cas, une partie du nid doit être laissée à température de la pièce, afin d’établir un gradient pour que les lapereaux puissent choisir la température qui leur convient. Il faut toujours conseiller d’éloigner ou de couvrir la source de chaleur, à l’origine de déshydratation ou de brûlures. Les sources de chaleur à préférer sont celles qui sont dura­bles et constantes dans le temps, comme les lampes ou les tapis chauffants. Des bouillottes disques peuvent également être utilisées. Le nid doit être constitué de matériaux isolants, facilement lavables ou jetables (serviette, drap, polaire, mouchoirs, coton) pour que les déjections soient éliminées régulièrement (photo 2). Pour l’entretien des petits, il n’existe pas de données précises sur l’hygrométrie ambiante conseillée, ni sur la ventilation. Néanmoins, comme pour les lapins adultes, il est recommandé d’éviter les courants d’air et de maintenir une hygro­métrie relative entre 50 et 60 % [8].

Les éléments poussiéreux ou susceptibles de meurtrir les petits doivent être écartés (foin, litière). Des touffes de fourrure de la mère peuvent être disposées au début dans le nid, mais elles sont à éliminer dès qu’elles sont souillées. Ce doit être un milieu sécurisé, par exemple une boîte en plastique ouverte sur le dessus avec des bords lisses et hauts. Après le seuil de 15 jours d’âge, ils commencent à quitter le nid et peuvent être placés dans une cage avec un bac en plastique et des barreaux peu espacés. Il est alors possible de les placer sur une litière de bonne qualité, peu poussiéreuse (chanvre, par exemple). Il est recommandé de changer la litière ou les tissus souillés d’urine très fréquemment. La mère ne stimule pas les lapereaux après les repas pour favoriser l’élimination, il n’est donc pas nécessaire de le faire [3, 11]. Au contraire, cette action peut se révéler stressante et irritante pour leur peau fine et fragile.

COMPOSITION DU LAIT DE REMPLACEMENT

Le lait de la femelle est très riche et la ­vitesse de croissance des lapereaux est hors du commun. La race de la lapine n’a pas d’incidence sur sa composition [11]. Le lapereau boit de 20 à 35 % de son poids en lait par tétée [2, 3, 11]. Lorsque la croissance des petits est optimale, leur poids par rapport à la naissance est multiplié par six à 3 semaines de vie et par douze à 4 semaines [3, 9]. Avec une seule tétée par jour, le lait de la lapine doit être riche pour permettre une croissance aussi ­rapide. Plus concentré en matière protéique, en matière grasse et en cendres que celui des autres espèces de mammifères (hormis le lait de rate), il est en revanche moins riche en lactose [9, 11] (tableau).

Le lait de lapine est spécifique et sa composition particulière. Il n’existe pas de spécialités commerciales de remplacement et il n’est pas possible de reproduire artificiellement la composition exacte de ce lait. Certaines marques donnent des ­recommandations de mélanges pour les lapereaux à partir de produits pour carnivores (TVM, Beaphar). Cependant, ces recettes, ainsi que celles proposées dans les publications ou celles issues de l’expérience des propriétaires, sont pour la plupart pauvres en protéines, en raison d’une dilution excessive de la poudre de lait. Il en est de même pour les lipides, sauf pour des recettes complémentées en jaune d’œuf ou en crème de lait de vache, dans lesquelles le taux de lipides est fréquemment trop élevé. Mais le défaut majeur de ces recettes est l’excès systématique ­d’extractif non azoté, lié à un apport de glucides trop important. Ces sucres sont souvent de mauvaise qualité nutritionnelle pour le lapereau (oses complexes peu digestibles). De plus, l’estimation de ­l’apport en lactose est souvent rendue impos­sible, car généralement les fabricants ne communiquent pas sur ce point (hormis Royal Canin®). Malgré tout, en prenant en compte ces défauts, il est possible de proposer des recettes qui se rapprochent suffisamment du lait de lapine pour fournir une alimentation très correcte, avec de la crème ou de la poudre de lait de vache et/ou de l’œuf et/ou un complément alimentaire (figure 1, encadré 3).

DISTRIBUTION DU LAIT DE REMPLACEMENT

Il n’est pas nécessaire de proposer du colo­strum aux lapereaux. Celui produit par la lapine est ingéré lors de la première tétée, et l’allaitement artificiel des petits débute toujours ensuite [9, 11]. Actuellement, il n’existe pas de substitut, mais la plupart des anticorps maternels sont transmis au petit avant la naissance. Des mesures d’hygiène sont conseillées, avant et après la distribution, car elles sont ­rapides à effectuer et limitent la transmission d’agents pathogènes ou le développement de dermatites de contact chez les lapereaux. Entre deux tétées, le matériel doit être nettoyé à l’eau chaude et désinfecté dans un bain d’eau bouillante ou à la vapeur, par exemple. Avant la distribution, une hygiène scrupuleuse des mains est à respecter. Après, il est conseillé ­d’essuyer les souillures de lait autour de la bouche du lapereau avec un coton à démaquiller ou un mouchoir jetable imbibé d’eau chaude. Lors de l’allaitement, le ­petit peut être maintenu dans deux positions, à la verticale ou sur quatre pattes (figure 2). En l’absence de réflexe de tétée, il est préférable de le maintenir en position verticale (photo 3). La position physiologique, avec un lapereau sur le dos, est déconseillée car le risque de fausses déglutitions est très élevé. En effet, si l’animal ne présente pas de réflexe de succion et que le lactoremplaceur est injecté dans la bouche, il coule dans le nasopharynx et ne laisse pas la possibilité au petit de ­déglutir correctement. Il est préférable que l’opérateur soit toujours le même pour que le lapereau s’habitue à son odeur spécifique et l’associe à la tétée. Autant que possible, il s’agit de reproduire le conditionnement, qui repose sur la présence d’une phéromone mammaire individuelle, produite par la lapine et initiant le phénomène de recherche de la mamelle chez le lapereau (voir plus haut).

Il serait intéressant de pouvoir synthétiser une authentique phéromone mammaire de lapine, mais il n’existe actuellement aucune donnée scientifique publiée sur ses possibilités d’utilisation.

Une serviette peut servir à maintenir le lapereau ou à éviter qu’il ne glisse (photo 4).La distribution du lactoremplaceur ­s’effectue de préférence à l’aide d’une seringue montée d’une tétine en silicone. Pour des lapereaux de moins de 10 jours, une seringue de 1 ml convient. Ce système permet au lapereau d’aspirer le produit à son rythme si le réflexe de tétée est présent. Le volume de la seringue (jusqu’à 5 ou 10 ml) est ensuite adapté à la vitesse d’aspiration du petit. En l’absence de réflexe de succion, il est possible de lui injecter le lactoremplaceur en très petite quantité (0,1 ml au maximum) directement dans la bouche. La seringue et la tétine se désolidarisent facilement et peuvent être nettoyées aisément. Lorsque le lapereau est plus âgé, un biberon pour chaton peut être utilisé.

Le sondage orogastrique à l’aide d’un tube en silicone souple est plutôt à réserver aux manipulateurs compétents et ne peut être conseillé au propriétaire, étant donné la difficulté de réalisation du geste. Il n’est envisagé que pour des lapereaux qui ne présentent pas de réflexe de succion. Le lactoremplaceur est alors prélevé dans un récipient facile à nettoyer, et maintenu dans un bain-marie lors de la distribution.

Pour les lapereaux très jeunes, il est possible de donner trois repas par jour séparés de la même durée puis d’espacer à deux, voire un repas quotidien à la fin de l’allaitement artificiel. Cette fréquence est celle qui respecte le plus la physiologie digestive du lapereau. La tétée prend fin lorsque l’estomac du petit semble rempli (aspect arrondi de l’abdomen cranial gauche) ou quand le lapereau capable d’un réflexe de succion s’arrête spontanément de boire. Des quantités indicatives de lactoremplaceur à distribuer sont proposées dans les publications [11]. Elles sont très variables, indépendantes de la race (naine ou géante) et ne sont donc pas fiables. Ainsi, il est plus sûr de noter à chaque repas la quantité distribuée par lapereau et d’observer si celle-ci augmente légèrement à chaque fois. Si un petit boit moins lors d’un repas, il boit généralement plus au repas suivant. Le lait doit être distribué à température corporelle, estimée en faisant perler une goutte du mélange sur le poignet, afin que son appétence soit maximale. Les effets sur le lactoremplaceur d’un réchauffement au four à ­micro-ondes ne sont pas connus, mais le risque de destruction des vitamines est à considérer. Sa conservation au réfrigérateur est possible, mais le risque d’un développement microbien et d’une perte de qualité nutritionnelle existe. Pour ces raisons, il est conseillé de préparer la quantité nécessaire à chaque repas. Une solution alternative consiste à préparer le produit sans les compléments vitaminiques et de le placer dans un bac à glaçons, avant de le congeler. Il est ainsi plus aisé de décongeler au bain-marie la quantité nécessaire pour chaque repas, puis d’ajouter les vitamines. En effet, ces dernières peuvent être détruites par la congélation, il est donc préférable de les incorporer juste avant la distribution aux petits.

PROTOCOLE DE SEVRAGE DES LAPEREAUX

Le sevrage débute par l’introduction d’une alimentation solide, alors que les lapereaux consomment encore du lacto­remplaceur. Cet ajout peut être réalisé entre 10 et 15 jours de vie, en très petite quantité [8]. L’important est de garantir la fraîcheur des aliments proposés et de les renouveler fréquemment au cours de la journée. Les lapereaux ajustent ensuite leur consommation de nourriture solide et il est nécessaire de leur fournir plus d’aliment si tout est consommé.

La base de l’alimentation du lapin adulte étant le foin, c’est l’aliment à proposer en majorité [1, 6, 8]. Il doit être de bonne qualité et appétent. En plus du foin classique, il est parfois intéressant de proposer une poignée de foin de luzerne par jour. Il est également possible de fournir par la suite des granulés, en très petite quantité, qui ne doivent pas devenir majoritaires dans l’alimentation. Il est conseillé de proposer jusqu’à la fin de la croissance des granulés “croissance” riches en luzerne, car c’est une source de calcium, de protéines et d’énergie très bien exploitée par le lapereau [11]. L’introduction de verdure (légumes verts, feuilles et fanes, herbe) peut être réalisée après le sevrage, en petite quantité au début, car des risques de dysbiose existent. Il en est de même pour les friandises (légumes sucrés, fruits). L’ajout de cæcotrophes de la mère ou d’un autre lapin dans l’alimentation des petits n’est pas nécessaire, car ils ne mangent pas d’autres cæcotrophes que les leurs et commencent la cæcotrophie à 3 semaines de vie. En effet, la mère laisse dans le nid des crottes dures et non des cæcotrophes, que les petits commencent à ingérer en même temps que l’alimentation solide. Pour remplacer partiellement ce phénomène, il est préférable de complémenter le lactoremplaceur en probiotiques adapté à la flore du lapin ou, si la mère est encore vivante, d’ajouter ses crottes dures dans l’environnement [5, 8, 10, 12]. Notons que les compléments (Rongeur Digest® de Virbac, par exemple) sont à éviter dans cette utilisation, car ils sont riches en lactose et sans intérêt pour le lapereau. Il faut également mettre de l’eau à disposition des ­petits, la renouveler régulièrement et être vigilant pour prévenir toute hypothermie s’ils restent mouillés trop longtemps, voire une noyade. Il n’est pas conseillé de laisser du lactoremplaceur à la disposition des lapereaux. En effet, il peut être à l’origine de contaminations et d’infections, car il ne sera pas conservé de manière adéquate.

D’un point de vue pratique, la fréquence des repas peut être diminuée. La dilution du lait n’est pas physiologique et peut ­entraîner une dysbiose. Si les petits consomment un aliment solide en grande quantité, un sevrage brutal peut également s’imposer, mais il est plus prudent de réduire progressivement la fréquence des repas. Aucune information scientifique n’est disponible à ce sujet.

Le sevrage est à envisager dès 28 jours de vie. Il peut être plus tardif si les lapereaux présentent des retards de croissance (photo 5) ou s’ils ne mangent pas suffisamment d’aliment solide. Il doit être réalisé au maximum à 7 ou 8 semaines d’âge.

SUIVI DU POIDS

Le suivi du poids quotidien des lapereaux, toujours au même moment par rapport à la tétée (avant de préférence), est nécessaire pour constater l’efficacité du protocole d’allaitement artificiel [3, 9]. La pesée peut être réalisée à l’aide d’une balance de cuisine. Le poids doit être en constante augmentation.

Références

  • 1. Bivolarski BL, Vachkova EG. Morphological and functional events associated to weaning in rabbits. J. Anim. Physiol. Anim. Nutr. 2014;98 (1):9-18.
  • 2. Caba M, González-Mariscal G. The rabbit pup, a natural model of nursing-anticipatory activity. Eur. J. Neurosci. 2009;30 (9):1697-1706.
  • 3. Coureaud G, Fortun-Lamothe L, Rödel HG et coll. Development of social and feeding behaviour in young rabbits. In: Ethology and welfare. Proceedings of the 9th World Rabbit Congress, Vérone (Italie). 2008:1131-1145.
  • 4. Delibes-Mateos M, Villafuerte R, Cooke B et coll. Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758): European rabbit. In: Lagomorphs: pikas, rabbits and hares of the world. 1st edition. Johns Hopkins University Press. 2018:99-104.
  • 5. Fortun-Lamothe L, Boullier S. Interactions between gut microflora and digestive mucosal immunity, and strategies to improve digestive health in young rabbits. Proceedings of the 8th World Rabbit Congress, Puebla, Mexique. 2004:1035-1067.
  • 6. Fortun-Lamothe L, Gidenne T. Recent advances in the digestive physiology of the growing rabbit. In: Recent advances in rabbit sciences. 1st edition. ILVO, Belgique. 2006:201-210.
  • 7. Langer P. Differences in the composition of colostrum and milk in eutherians reflect differences in immunoglobulin transfer. J. Mammal. 2009;90 (2):332-339.
  • 8. Lebas F, Coudert P, de Rochambeau H et coll. Reproduction. In: Le lapin : élevage et pathologie. 1re édition. Collection FAO Production et santé animales. 1996;19:51-68.
  • 9. Maertens L, Lebas F, Szendrö Z. Rabbit milk: a review of quantity, quality and non-dietary affecting factors. World Rabbit Sci. 2006;14 (1):205-230.
  • 10. Orengo J, Gidenne T. Comportement alimentaire et cæcotrophie chez le lapereau avant sevrage. 11e Journées de la recherche cunicole, Paris. 2005.
  • 11. Quesenberry K, Carpenter J. Rabbits. In: Ferrets, rabbits and rodents: clinical medicine and surgery. 3rd edition. Saint-Louis, Elsevier Saunders. 2012:157-278.
  • 12. Schaal B, Coureaud G, Moncomble AS et coll. Many common odour cues and (at least) one pheromone shaping the behaviour of young rabbits. In: Lagomorph biology: evolution, ecology and conservation. 1st edition. Springer Verlag, Berlin. 2008:189-209.
  • 13. Schuh D, Hoy S, Selzer D. Vocalization of rabbit pups in the mother-young relationship. In: of the 8th World Rabbit Congress, Puebla, Mexique. 2004:1266-1270.

Conflit d’intérêts : Aucun

ENCADRÉ 1 : LA PHÉROMONE MAMMAIRE, UNE SPÉCIFICITÉ DE LA LAPINE

La phéromone mammaire (2-méthyl-2-buténal) produite par la lapine initie le phénomène de recherche de la mamelle chez le lapereau. Dès la naissance, celui-ci associe cette phéromone au comportement de tétée, ce qui maximise son efficacité. Le mécanisme d’apprentissage olfactif acquis en l’absence de phéromone mammaire n’apparaît qu’au bout de six tétées [12]. Sur ce principe, il est préférable que l’opérateur soit le même tout au long de l’allaitement artificiel, lorsque la mère n’est plus présente. Le diffuseur SecureRabbit® (SIGNS)*, destiné à l’environnement, émet un analogue de la rabbit appeasing pheromone qui est, en réalité, un mélange d’acides gras (composition a priori différente de la phéromone mammaire naturelle). Devant l’absence de données scientifiques publiées concernant l’effet de ce diffuseur sur la réussite de l’allaitement artificiel des lapereaux, son usage dans le milieu ambiant peut être proposé (comme la notice le conseille), mais d’autres utilisations ne peuvent être recommandées.

* Laboratoires SIGNS, SecureRabbit® : solution contre le stress du lapin en élevage, https://signs-products.com/securerabbit-lapins/

ENCADRÉ 2 : DÉTERMINATION DE L’ÂGE DES LAPEREAUX

Parfois le propriétaire prend du temps à constater la naissance de lapereaux issus d’une portée surprise, et il est alors difficile pour lui de déterminer leur âge. Le poids d’un lapereau n’est pas un bon indicateur, car il varie selon la race, le croisement ou un éventuel retard de croissance. Les lapereaux commencent à se mouvoir vers 8 jours d’âge, ouvrent les yeux entre 9 et 13 jours, ingèrent des aliments solides vers 12 jours et explorent l’environnement vers 18 jours d’âge [8].

Points clés

• Le lait de lapine est riche en protéines et en lipides. Il n’existe pas de lactoremplaceur commercial adapté.

• Les produits industriels ne sont pas correctement équilibrés, cependant certaines recettes « maison » à base de crème de lait de vache, de blanc d’œuf et d’autres ingrédients donnent de bons résultats.

• Lors de l’allaitement artificiel, il est préférable d’utiliser une seringue avec une tétine, en positionnant le lapereau à la verticale ou sur quatre pattes.

• Le nombre de repas lactés doit être de trois par jour au maximum.

ENCADRÉ 3 : RECETTES MAISON DE LACTOREMPLACEURS POUR LAPEREAUX

Recette n° 1 :

- 100 ml de crème de lait (bovin) fluide à 30 % de matière grasse ;

- 60 ml (ou 30 g) de blanc d’œuf en poudre ;

- 110 ml d’eau ;

- 11 comprimés de Pet Phos® croissance Ca/P 1,3 (Ceva).

Recette n° 2 :

- 100 ml de crème de lait (bovin) fluide à 30 % de matière grasse ;

- 60 ml (ou 30 g) de poudre d’isolat de lactosérum non aromatisé ;

- 110 ml d’eau ;

- 11 comprimés de Pet Phos® croissance Ca/P 1,3 (Ceva).

Recette n° 3 :

- 50 ml (ou 25 g) de poudre de Multi-Milk® (PetAg) ;

- 10 ml (ou 5 g) de blanc d’œuf en poudre ;

- 70 ml d’eau.

Pour les aliments en poudre, un millilitre équivaut à environ 0,5 g. Multi-Milk® (PetAg) est le lactoremplaceur dont la composition et la qualité sont les plus adaptées pour les lapereaux, par comparaison avec le lait maternel. Comme il est difficile d’en trouver en France, Babycat Milk® de Royal Canin est celui qui s’en rapproche le plus. Il est possible de se procurer des blancs d’œuf en poudre en grande surface ou dans les enseignes de matériel culinaire. La poudre d’isolat de lactosérum est proposée dans les magasins de sport et il faut veiller à en choisir une sans arôme et qui ne contient que cet ingrédient, ce qui est généralement le cas. Pet Phos® (Ceva) doit avoir un rapport Ca/P de 1,3. La seule supplémentation possible, qui semble présenter un intérêt pour les lapereaux, est l’ajout dans le mélange, à chaque repas, de probiotiques.

CONCLUSION

Toutes les recommandations exposées dans cet article, finalement assez simples, peuvent être fournies aux propriétaires, notamment en ce qui concerne la composition du lait. En effet, il leur est souvent difficile de trouver des informations fiables et référencées sur ce sujet. En complément du lait de substitution, si ­l’allaitement artificiel est motivé par un risque d’écrasement par exemple, il est possible de déposer délicatement les petits sur le ventre de la mère tout en la maintenant sur le dos. Pour cela, elle doit être habituée à cette contention, car les lapereaux risquent d’être blessés si elle se débat. La commercialisation d’un aliment contenant la phéromone mammaire de synthèse constituerait un atout pour l’allaitement artificiel des lapereaux.