MALADIE INFECTIEUSE
Cas clinique
Auteur(s) : Georgina Dunn*, Christophe Chartier**
Fonctions :
*Cabinet Vet’Haut-Pilat
3, rue Jean Meunier
42660 Saint-Genest
Malifaux
**Unité de médecine
des animaux d’élevage
Oniris
101, route de Gachet
44307 Nantes
Un épisode d’arthrite aiguë se déclare chez plusieurs femelles adultes au sein d’un élevage caprin laitier. Les analyses permettent d’éliminer le virus de l’arthrite encéphalite caprine et les mycoplasmes, et mettent en évidence Streptococcus dysgalactiae.
Les arthrites des caprins sont classiquement séparées en trois entités distinctes : l’arthrite chronique virale de l’animal adulte liée au virus de l’arthrite encéphalite caprine (CAEV), les arthrites à mycoplasmes qui affectent le plus souvent les jeunes et sont une composante du syndrome mycoplasmique caprin (incluant mammite, pneumonie et kératoconjonctivite) et les polyarthrites bactériennes autres que mycoplasmiques essentiellement observées chez les jeunes [11].
Selon l’Observatoire des maladies caprines, implanté en région Nouvelle-Aquitaine, les arthrites sont considérées comme une affection dominante chez les jeunes caprins dans 13 % des élevages, et chez les adultes (arthrite encéphalite caprine) dans 10 % des exploitations [4]. Selon les résultats d’une étude récente menée en abattoir sur 876 animaux, près de 49 % des chèvres de réforme étaient atteintes d’arthrite chronique (d’après l’index clinique de Monicat, fondé sur la différence de circonférence en centimètres entre le plus gros carpe et le plus petit métacarpe) [2, 3].
Cet article présente un épisode d’arthrite aiguë, survenu chez 44 adultes au sein d’un troupeau de 265 chèvres laitières.
Situé dans le sud du département de la Loire, l’élevage compte 265 chèvres laitières (85 % de race alpine, 15 % de races saanen et croisées). Le troupeau a été constitué en 2008 via l’achat de deux lots de chevrettes issues de deux fermes de la région.
Il est certifié indemne d’arthrite encéphalite caprine depuis 2011. À la suite de la conversion de l’exploitation en agriculture biologique, les animaux ont commencé à pâturer en 2018. La première année de pâturage a été difficile, avec une surmortalité liée au parasitisme (Teladorsagia et Haemonchus mis en évidence par coproculture), malgré un recours à des traitements à base d’éprinomectine quatre ou cinq fois sur l’ensemble du troupeau. Grâce à des mesures agronomiques mises en place au cours de la saison 2019, une nette amélioration de la gestion du parasitisme a été observée : les chèvres ne repassent jamais sur une parcelle sans une fauche préalable, ou un pâturage par des équidés entre deux passages. La production laitière est de l’ordre de 710 litres par chèvre et par an et les comptages cellulaires sont corrects. Depuis 2018, l’élevage des chevrettes a lieu dans un bâtiment séparé, de la naissance jusqu’au quatrième mois de leur première gestation. Ensuite, ces nullipares sont introduites dans le bâtiment des laitières pour les mises bas, mais maintenues dans un lot à part jusqu’à la mise à l’herbe (vers la mi-avril). Les mises bas des multipares commencent vers la mi-janvier et durent environ un mois. Les paramètres d’ambiance, dans le bâtiment des chèvres, sont bons. Celui des chevrettes, anciennement utilisé pour héberger un petit troupeau d’ovins (vendu en 2018) et les boucs en dehors de la saison de reproduction, est un peu moins sain en raison d’une ventilation insuffisante. Les chevrettes ont présenté un léger épisode de troubles respiratoires au printemps 2019, résolu sans mortalité et sans antibiothérapie.
L’épisode clinique s’est déroulé d’août 2019 à février 2020. Les symptômes observés étaient un décubitus fréquent et une difficulté à se relever le premier jour puis, après un à trois jours, l’apparition d’une légère inflammation et d’une intense douleur sur une ou plusieurs articulations, généralement sans hyperthermie. Les articulations les plus souvent atteintes étaient distales : carpes, tarses, articulations métacarpo-phalangiennes et métatarso-phalangiennes (photo 1). Le plus souvent, ces signes évoluaient vers un décubitus permanent en un à trois jours, conduisant à une euthanasie.
Durant l’épisode clinique, 44 cas d’arthrite ont été recensés : 5 au cours des deux premiers mois (17 août au 15 octobre), puis 36 entre le 25 octobre et le 11 janvier et enfin 3 cas début février. À partir de la mi-décembre, une vague de 12 avortements, intervenus au cours du dernier tiers de la gestation et affectant parfois des animaux avec des symptômes d’arthrite (5 sur 12), est observée. En outre, 2 chèvres ayant présenté des signes d’arthrite ont déclaré des mammites (figure 1).
Aucune chèvre de race saanen, ou croisée alpine-saanen, n’a été atteinte, et aucun des animaux nés en 2019 ou 2020 n’a présenté de symptômes articulaires. Une chevrette, allotée avec les chèvres (car née très tardivement pendant la saison 2019), a présenté un avortement et a fait l’objet d’un prélèvement par un écouvillon vaginal. L’analyse bactériologique a permis de mettre en évidence Streptococcus dysgalactiae subsp . dysgalactiae.
Pendant l’épisode clinique, 6 autres chevrettes ont avorté, et une chevrette gestante est morte subitement (pleuropneumonie exsudative sévère), mais les examens bactériologiques n’ont pas isolé S. dysgalactiae dysgalactiae (voir plus loin).
Six autopsies ont été pratiquées, mettant en évidence des arthrites fibrineuses peu exsudatives sur une ou plusieurs articulations (photos 2 et 3).
De nombreux prélèvements articulaires, mammaires, pulmonaires et génitaux ont été réalisés en vue d’une analyse bactériologique. Par ailleurs, des cultures sur un milieu sélectif pour les mycoplasmes ont été effectuées sur certains prélèvements mammaires (1), articulaires (4) et pulmonaires (1), mais les résultats se sont révélés négatifs. Le germe le plus fréquemment isolé sur les articulations était Streptococcus dysgalactiae dysgalactiae (3 sur 7). Un staphylocoque à coagulase négative a été mis en évidence et trois cultures sont revenues négatives. S. dysgalactiae dysgalactiae a également été isolé à partir de prélèvements génitaux ou fœtaux (4 sur 11) et mammaires (1 sur 13). En revanche, aucune des affections observées chez les chevrettes n’a donné lieu à une culture positive à S. dysgalactiae dysgalactiae (avortements ou atteinte pulmonaire). Afin d’écarter l’hypothèse d’une coinfection par un mycoplasme, des recherches par polymerase chain reaction (PCR) ont été réalisées sur 10 laits de chèvres à cellules. Tous les prélèvements se sont révélés négatifs.
L’examen histologique d’une articulation a mis en évidence une arthrite et une téno-synovite fibrinosuppurées, aiguës, en présence de cocci bactériens.
Des analyses sérologiques pour la recherche du virus de l’arthrite encéphalite caprine ont été réalisées chez 7 animaux ayant présenté, au moins deux semaines auparavant, des symptômes articulaires. Toutes étaient négatives. Des sérologies chlamydiose, fièvre Q, toxoplasmose et brucellose ont été effectuées chez 9 femelles qui ont avorté. L’une était positive à la toxoplasmose, trois étaient positives à la chlamydiose (chevrettes vaccinées).
L’amoxicilline a été utilisée en première intention par l’éleveur, sans succès pour les deux premiers cas. Une première hypothèse diagnostique de mycoplasmose a conduit à conseiller l’emploi de la tylosine. Face à la faible réponse clinique, plusieurs autres antibiotiques ou associations fondés sur les résultats des deux antibiogrammes réalisés (tableau 1) ont été testés : marbofloxacine, amoxicilline et acide clavulanique, tylosine et oxytétracycline (en vue de la recherche d’une éventuelle synergie, malgré la mauvaise sensibilité à l’oxytétracycline).
Les traitements se sont tous révélés décevants. Le meilleur résultat a été obtenu avec la tylosine (6 chèvres guéries sur 15 en première intention). Des anti-inflammatoires (stéroïdiens ou non stéroïdiens, au cas par cas, selon le stade de gestation) ont également été administrés. Sur les 44 animaux ayant présenté une arthrite, 14 ont été euthanasiés sans traitement, en raison d’un état jugé trop dégradé dès la découverte des symptômes (décubitus permanent, plusieurs articulations atteintes). Sur les 30 ayant reçu un traitement, 11 chèvres ont été considérées comme “guéries” par l’éleveur, 5 ont été conservées dans le troupeau malgré des séquelles (boiterie) et 14 sont mortes, réformées ou euthanasiées. Enfin, 4 chèvres ont été euthanasiées ou sont mortes à la suite d’un avortement.
Plusieurs mesures d’hygiène ont été mises en œuvre dans l’élevage :
- lors de la traite, pour éviter une éventuelle contagion entre les chèvres, une désinfection systématique des gobelets trayeurs a été instaurée à partir de la découverte, début novembre, du germe sur un échantillon de lait (chèvre 60061). Toutefois, cette pratique n’a été poursuivie que pendant deux mois par l’éleveur, car elle était très contraignante et ne semblait pas porter ses fruits puisque de nouveaux cas sont apparus dans le lot des animaux taris six semaines après le tarissement ;
- les futures primipares ont été maintenues dans un lot séparé de celui des chèvres dès leur introduction dans le bâtiment des adultes. Néanmoins, des contacts nez à nez à travers la barrière étaient malheureusement encore possibles ;
- pour les mises bas, afin de prévenir une éventuelle contamination des chevreaux ou des chevrettes par S. dysgalactiae, plusieurs préconisations ont été faites à l’éleveur (encadré).
Comme la situation ne s’améliorait pas, la production d’un autovaccin contre la souche de S. dysgalactiae impliquée dans le foyer a été décidée. La réalisation d’autovaccins chez les ruminants est encadrée par l’arrêté ministériel du 14 novembre 2016 (1) qui liste notamment les matrices utilisables pour l’isolement bactérien, selon la présence ou l’absence d’informations sur le statut de résistance génétique de l’animal prélevé vis-à-vis des encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles. À partir de fin décembre 2019, chaque chèvre prélevée pour la bactériologie dans le cadre du foyer d’arthrites a donc également fait l’objet d’un prélèvement sanguin sur un tube EDTA, afin de réaliser en parallèle un génotypage du gène PrP pour cinq codons d’intérêt (142, 154, 211, 222, 240), certaines mutations au niveau de ces codons étant liées à un statut de résistance vis-à-vis de la tremblante. Sur les 10 animaux prélevés pour une analyse génétique, entre fin décembre 2019 et mi-janvier 2020, un seul était porteur d’une mutation indiquant une résistance (hétérozygotie K/Q au codon 222). Par chance, cet animal a également été décelé positif à Streptococcus dysgalactiae dysgalactiae lors de l’analyse bactériologique réalisée sur un prélèvement génital (écouvillon vaginal après un avortement).
Dès la réception des résultats de génotypage, début février, le vaccin a été commandé. Les doses vaccinales ont été livrées mi-mars. Le vaccin, inactivé par le formol et adjuvé à l’alumine, a été administré à tout le troupeau, y compris aux chevrettes et aux boucs nés en janvier, en deux injections sous-cutanées effectuées à trois semaines d’intervalle. Des rappels annuels chez les adultes, ainsi que des primovaccinations chez les chevrettes pendant trois ou quatre ans ont été conseillés. Aucun effet secondaire n’a été observé après l’administration du vaccin.
Au total, 32 chèvres ont été perdues à la suite de l’épisode (principalement mortes ou euthanasiées, quelques-unes réformées).
Parmi les 44 chèvres ayant présenté des signes cliniques d’arthrite, 16 ont été conservées, mais l’éleveur est déçu de leur niveau de production par rapport au reste du troupeau, bien que cela n’ait pas été démontré. Le Groupement de défense sanitaire (GDS) de la Loire a apporté une aide financière conséquente à l’éleveur, dans le cadre de la “caisse coups durs”, qui s’est traduite par l’indemnisation des 32 chèvres perdues et des chevreaux euthanasiées, ainsi que la prise en charge d’une part importante des frais liés aux analyses. Cette aide financière du GDS, ainsi que la grande disponibilité du service de bactériologie du laboratoire départemental de la Loire, ont été des points clés dans la résolution des cas et dans le soutien moral à l’éleveur pour traverser cet épisode difficile. Cela souligne l’importance d’une bonne relation de travail entre le vétérinaire sur le terrain, le GDS et le laboratoire de diagnostic.
Des femelles à tous les stades de la gestation ont été atteintes, ainsi que des chèvres non gestantes en lactation. L’ensemble de ces cas se sont produits lorsque les animaux étaient dans les bâtiments (pas de pâturage durant cette période). Toutefois, aucune modification notable n’avait été apportée au bâtiment ni aux pratiques de l’éleveur en matière d’entretien de la litière avant cet épisode. En outre, la survenue de cas d’arthrite était redoutée chez les chevrettes d’élevage et les chevreaux destinés à la vente pour l’engraissement, mais l’épisode n’a pas eu lieu, peut être en partie grâce aux mesures mises en place (hygiène lors des mises bas et euthanasie des chevreaux habituellement destinés à l’engraissement).
Par ailleurs, la saison 2020 s’est révélée satisfaisante sur le plan sanitaire, tant pour les chevrettes que pour les chèvres. La maîtrise de l’infestation parasitaire continue de s’améliorer (aucun traitement réalisé avant septembre 2020). Trois cas assimilés à une arthrite à streptocoques sont toutefois à déplorer. Les deux premiers animaux sont morts en août sans appel de l’éleveur (il s’agissait peut-être de cas cliniques discrets remontant à l’épisode précédent), mais le troisième a fait l’objet d’une autopsie qui a révélé une arthrite de l’épaule, avec une analyse bactériologique négative. Il est difficile de conclure quant à l’efficacité de la vaccination, compte tenu du fait que la plupart des cas se sont déclarés en 2019, entre mi-novembre et mi-décembre.
À notre connaissance, S. dysgalactiae n’a été signalé qu’une seule fois en tant qu’agent de polyarthrites chez la chèvre adulte, dans un troupeau de 350 caprins laitiers en Californie, chez 20 à 25 adultes au cours d’un épisode qui a duré deux ans [1]. Le tableau clinique était celui d’une polyarthrite fibrineuse, voire fibrinosuppurée, atteignant les carpes et les tarses et accompagnée d’un œdème périarticulaire. Aucun épisode concomitant d’avortements ou de mammites n’avait été enregistré pendant cette période.
S. dysgalactiae, l’un des agents les plus fréquemment impliqués dans les polyarthrites des agneaux, est également signalé chez le veau [7, 13]. Son incidence lors de polyarthrites chez les chevreaux est difficile à estimer, mais il est parfois isolé par les laboratoires de diagnostic [M. Treilles, Qualyse, et J. Desprès, Bocavet, communications personnelles]. En élevage ovin, la bactérie survit particulièrement bien dans la paille et le foin (jusqu’à 42 jours). Chez la brebis, un portage vaginal ainsi qu’une possible excrétion mammaire sont rapportés [6]. Chez l’agneau, la principale voie de transmission est probablement ombilicale, à partir d’un environnement contaminé, mais d’autres sont aussi possibles, via les plaies (bouclage, coupe de queue) ou les voies respiratoire et digestive [5, 6, 9]. Chez l’ovin adulte, les signalements sont beaucoup plus anecdotiques. Scott décrit deux cas de pleurésie fibrineuse associés à des lésions abcédées du parenchyme mammaire, avec un isolement de S. dysgalactiae, pour lesquels la voie de contamination supposée peut être également digestive, respiratoire ou mammaire [9]. En ce qui concerne l’épisode caprin présenté dans cet article, seuls les animaux adultes ont été atteints, conformément à la situation décrite par Blanchard et Fiser en Californie [1]. En revanche, seuls les animaux de race saanen étaient touchés dans l’épisode californien (coexistence avec des chèvres de race alpine, nubienne ou toggenburg), alors que l’inverse est rapporté dans notre cas, sans que ces différences puissent être expliquées.
Les méthodes de lutte vis-à-vis des infections à S. dysgalactiae associent des traitements antibiotique et anti-inflammatoire à une amélioration de l’hygiène générale. S’agissant des agneaux, l’antibiothérapie donne des résultats décevants chez des animaux au tableau clinique établi, en lien probablement avec l’intensité et l’ancienneté des réactions inflammatoires [8, 12]. Chez les agneaux, le traitement de choix des arthrites à S. dysgalactiae (et celles dues au bacille du rouget, par la même occasion) est la pénicilline procaïne à fortes doses (44 000 UI/kg par jour, pendant cinq jours) au stade initial de la maladie [10]. Les tétracyclines, utilisées parfois en première intention pour couvrir un risque lié aux mycoplasmes, voire à Chlamydia, ne semblent pas un bon choix pour S. dysgalactiae, ce qui s’est confirmé dans cet épisode clinique [1, 12]. Chez les ovins, les mesures d’hygiène ne sont pas totalement satisfaisantes, car les facteurs qui prédisposent les agneaux aux arthrites à S. dysgalactiae ne sont pas identifiés. Beaucoup d’interrogations demeurent également chez les adultes, concernant l’importance du portage pharyngien, vaginal, voire mammaire, puis le développement de signes cliniques après un épisode de stress, comme dans le modèle pathogénique de S. suis. Ces éléments laissent supposer un contrôle très difficile, voire impossible de S. dysgalactiae en élevage [1].
Pour les jeunes, les mesures d’hygiène recommandées sont non spécifiques et concernent la mise bas et la phase initiale d’élevage : désinfection du cordon, prise du colostrum (par sondage, si nécessaire, avec désinfection du matériel), nettoyage et désinfection des aires ou parcs d’agnelage, réduction de la densité de brebis dans les parcs, nettoyage des instruments de castration, bouclage, etc.
Les mesures prises lors de l’épisode clinique présenté pourraient avoir contribué à prévenir l’apparition de cas chez les jeunes chevrettes.
Le diagnostic différentiel des arthrites chez la chèvre adulte inclut, par ordre décroissant de fréquence, l’arthrite encéphalite caprine virale dans sa forme articulaire, les mycoplasmoses (Mycoplasma mycoides capri et M. capricolum capricolum principalement, mais aussi M. agalactiae et M. putrefasciens), Trueperella pyogenes et d’autres bactéries environnementales, auxquelles il faut ajouter certaines causes de gonflements périarticulaires non infectieux (tableau 2). Dans le cas présent, le statut indemne du troupeau et les vérifications via les sérologies négatives ont permis d’écarter l’hypothèse d’arthrite encéphalite virale, tandis que les examens bactériologiques n’ont pas mis en évidence de mycoplasmes.
(1) Arrêté du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt du 14 novembre 2016 relatif à la préparation des autovaccins à usage vétérinaire destinés aux ruminants, https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000033956149/
Conflit d’intérêts : Aucun
• Les arthrites des caprins adultes ont généralement pour origine le virus de l’arthrite encéphalite caprine. Chez les jeunes, elles peuvent être dues à des mycoplasmes ou à d’autres bactéries.
• Bien que S. dysgalactiae soit parfois isolé par les laboratoires de diagnostic, son incidence dans les polyarthrites des chevreaux est difficile à estimer.
• L’implication de S. dysgalactiae est peu décrite chez les adultes et induit un tableau clinique sévère (arthrites corrélées à des avortements et à des mammites).
• La lutte vis-à-vis des infections à S. dysgalactiae associe des traitements antibiotique et antiinflammatoire à des mesures d’hygiène générale.
• Les mesures hygiéniques sont non spécifiques, en l’absence de facteurs prédisposants clairement identifiés (nettoyage du cordon, des plaies de castration et de bouclage, des instruments, etc.).
- Renforcement de l’hygiène lors des mises bas (nettoyage de la vulve et utilisation de gants à usage unique en cas d’intervention, ramassage des délivrances, paillage abondant).
- “Cueillette” des chevrettes dès la naissance pour limiter le contact avec les chèvres et la litière.
- Désinfection à la teinture d’iode des cordons et des oreilles avant la pose des boucles d’identification (tip tag), désinfection à la povidone iodée des tip tag avant leur pose.
- Désinfection des trayons avant la traite du colostrum, puis thermisation du colostrum (56 °C pendant 20 minutes) et pasteurisation du lait destiné à l’alimentation des chevrettes (80 °C pendant 20 secondes).
- Élimination des chevrettes nées de mères suspectées d’être infectées, ainsi que le colostrum de celles-ci.
- Élevage des chevrettes par petits lots jusqu’au sevrage.
- Distribution de ferments lactiques aux chevreaux dès les premières buvées.
- Euthanasie des chevreaux habituellement destinés à être vendus pour l’engraissement, nés du lot des adultes.
Bien qu’exceptionnellement décrite chez les caprins adultes, de nombreux cas de polyarthrite fibrineuse due à S. dysgalactiae sont survenus chez plusieurs chèvres adultes de cet élevage, associés à des avortements et à des mammites, entraînant de lourdes pertes. Les traitements médicaux se sont révélés peu, voire pas efficaces. Bien que le contrôle de cette maladie semble assez difficile, la mise en place de mesures hygiéniques, puis la réalisation d’un autovaccin chez les animaux atteints pourraient avoir permis de prévenir l’infection des plus jeunes.