CHIRURGIE
Article de synthèse
Auteur(s) : Yaiza Ara*, Mélanie Olive**
Fonctions :
*Clinique vétérinaire de Parme
2, rue de Pelletier
64200 Biarritz
Les sacs anaux sont le siège d’affections non tumorales dont le traitement est médical ou chirurgical. Les tumeurs des glandes périanales sont traitées par une excision chirurgicale.
L’anus est entouré des glandes périanales et des sacs anaux. Les premières structures correspondent à des glandes sébacées modifiées. Elles sont situées principalement autour de l’anus et à la base de la queue (les chats en sont dépourvus). Les secondes structures sont constituées de glandes apocrines qui peuvent s’infecter, se fistuliser ou se transformer en processus néoplasiques. Les sacs anaux jouent essentiellement un rôle pour la reconnaissance des individus ou d’un groupe. Chez le chien, les glandes anales sont majoritairement composées de glandes apocrines sudoripares et de quelques glandes sébacées. À l’inverse, chez le chat, il s’agit principalement de glandes sébacées et apocrines situées dans la partie fundique des sacs anaux. Les principales affections rencontrées sont les tumeurs des glandes périanales (ou circumanalomes), les fistules périanales, les abcès ou fistules des sacs anaux et les tumeurs des sacs anaux [5]. Les fistules périanales ne sont pas traitées dans cet article.
Les affections non tumorales des sacs anaux comprennent les impactions, les sacculites ou les abcès. Elles sont fré quentes chez le chien (incidence de 12,5 %) et rares chez le chat. Leur rareté chez le chat est due à une faible sécrétion de lipides au niveau des glandes sébacées. La sécrétion est alors peu visqueuse et ne peut entraîner l’occlusion du canal. Plusieurs facteurs peuvent intervenir dans le développement de ces affections non néoplasiques des sacs anaux : la consistance des fèces, le régime alimentaire, l’activité physique, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, une rétention fécale prolongée et un tissu cicatriciel. Ainsi, tout gonflement dans la région périanale et anale est susceptible de provoquer une occlusion du canal.
L’impaction est une distension du sac anal avec une accumulation de sécrétions. Par conséquent, la vidange spontanée des sacs anaux est impossible. Cette affection peut être due à un dysfonctionnement des muscles du sphincter anal à la suite d’une diarrhée chronique, d’une constipation ou dans un contexte d’obésité.
La sacculite est une inflammation des sacs anaux avec une modification des sécrétions. Elle peut être causée par une infection ou une obstruction des canaux, à l’origine d’une infection et d’une inflammation. L’inflammation augmente les sécrétions glandulaires, entraînant un milieu idéal pour la prolifération bactérienne. Lors d’une occlusion du canal, les sécrétions s’accumulent et provoquent une impaction du sac anal, ce qui peut conduire à sa rupture. La sacculite anale peut également survenir sans obstruction du conduit, les sécrétions sont alors plus liquides, avec parfois la présence de granulés blanchâtres ou jaunâtres. L’origine d’une hypersécrétion peut être infectieuse, allergique, endocrinienne, comportementale ou idiopathique. Cette affection et les abcès sont fréquents chez les petits chiens et les races toy, avec une incidence accrue chez le chihuahua, le caniche, le cavalier king charles et le labrador retriever. L’abcédation est consécutive à une infection des sacs anaux, associée à la présence de sécrétions hémorragiques ou purulentes.
Un examen clinique aide à établir le diagnostic, mais il n’existe pas de signe pathognomonique pour ces affections. Souvent, un léchage ou des mordillements de la région anale et de la base de la queue, un ténesme ou une défécation douloureuse sont observés. Les signes cliniques sont donc variables. Lors d’impaction, les sacs anaux sont tuméfiés et non douloureux. Lors de sacculite, une hyperthermie et une hyperalgie sont souvent présentes. En cas d’abcès, une hyperthermie et une sensibilité de la zone sont notées. S’il est percé, des écoulements et des sécrétions sont visibles dans la région périanale. La couleur de ces sécrétions peut varier (claire, jaune, grise, brun pâle chez le chien ; brun jaune, gris, blanc ou orange chez le chat). Leur consistance est également variable, de liquide à pâteuse. Toutefois, ni la couleur ni la consistance ne sont des indicateurs fiables d’une atteinte du sac anal. Des études n’ont montré aucune différence significative entre les types de bactéries ou de levures cultivées à partir de prélèvements des sacs anaux chez des chiens et des chats présentant une affection des sacs anaux par rapport aux animaux sains [3]. Idéalement, un prélèvement bactérien doit être effectué afin de mettre en place un traitement antibiotique adapté.
Selon l’affection, le traitement peut être médical ou chirurgical. Pour les impactions, une vidange manuelle par pression digitée des sacs anaux ainsi qu’un flush avec une solution isotonique telle que le Ringer lactate ou une solution antiseptique (diluée à 0,05 %) sont réalisés sous sédation si nécessaire. Lors de sacculite, une anesthésie générale est recommandée afin de vidanger les sacs anaux et de les flusher avec une solution isotonique. Dans 20 % des cas au Royaume-Uni, des antibiotiques à large spectre par voie générale et des antidouleurs sont souvent administrés. En cas d’abcès, il est conseillé de réaliser une incision, un drainage et de flusher le sac anal atteint. La plaie est laissée ouverte, ce qui permet de poursuivre le drainage. Elle cicatrise par seconde intention. Une antibiothérapie, idéalement fondée sur les résultats de la culture bactérienne, est prescrite. La modification de l’alimentation peut aider à la vidange des sacs anaux pendant la défécation, par exemple en ajoutant du psyllium (Fiberact, une cuillère à café pour 10 kg, per os) ou des aliments plus riches en fibres. En cas de récurrence et d’échec du traitement médical sur une courte période lors d’impaction, d’abcès ou de sacculite anale chronique, l’exérèse du ou des sacs anaux est recommandée une fois l’infection traitée.
Les circumalanomes sont des tumeurs des glandes périanales (photo), principalement des adénomes (80 % des cas).
Ces tumeurs bénignes sont sous dépendance hormonale (androgènes ou œstrogènes). La plupart diminuent en taille après la stérilisation. Toutefois, la castration effectuée chez un chien âgé est fréquemment accompagnée d’une incontinence urinaire.
Ces tumeurs peuvent être simples ou multiples, petites, arrondies et bien circonscrites, ou larges et ulcérées. La tumeur testiculaire peut être la source d’hormones produites en excès qui contribuent au développement de ce type de tumeur.
L’excision chirurgicale est le traitement de choix des tumeurs périanales. Cette excision doit être associée à une castration [2, 4]. Techniquement, la castration est réalisée en premier. Puis l’animal est placé en décubitus ventral avec un sac sous le ventre, les membres postérieurs pendant en arrière de la table de chirurgie et la queue fixée dorsalement sur le dos pour dégager la zone périanale. Une incision de la peau périanale est effectuée autour de la tumeur avec une lame de bistouri, ou parfois à l’aide d’un bistouri électrique en mode section. La tumeur est disséquée et détachée des tissus sous-cutanés et du muscle sphincter anal externe de manière la plus atraumatique possible. La zone est abondamment lavée avec du sérum physiologique. Une hémostase soignée est assurée, puis la plaie est refermée avec un fil monofilament résorbable pour le tissu sous-cutané et un fil monofilament irrésorbable pour la peau.
Les adénocarcinomes ou circumanalomes malins ne représentent que 17 % de l’ensemble des tumeurs périanales et 2 % des tumeurs cutanées et sous-cutanées, et ne sont pas hormono-dépendants. Ils ne peuvent pas être différenciés macroscopiquement des adénomes. Une analyse histologique doit donc être systématiquement réalisée sur les pièces d’exérèse. Les adénocarcinomes prennent parfois un aspect macroscopique similaire à celui des fistules périanales ou des fistules des sacs anaux. Ils sont unilatéraux la plupart du temps. Le risque de développement est augmenté chez les animaux stérilisés, avec une prévalence et une prédisposition chez l’épagneul anglais, le cavalier king charles, le springer spaniel, ainsi que le cocker. L’âge médian d’apparition est de 10 à 11 ans [4].
Les adénocarcinomes s’accompagnent souvent d’une hypercalcémie paranéoplasique. Une atteinte des nœuds lymphatiques locorégionaux est fréquente (47 à 72 %), car ces tumeurs métastasent préférentiellement au niveau des nœuds lymphatiques locorégionaux (intrapelviens et sous-lombaires), et plus rarement au niveau du foie, des poumons, des reins et des os (40 %) [1, 3, 4, 6]. Il est par conséquent recommandé d’effectuer un bilan d’extension via l’imagerie en coupe afin de vérifier la présence de métastases et de planifier l’intervention chirurgicale. En cas de tumeur du sac anal et d’infiltration des ganglions régionaux, il convient de réaliser une exérèse du sac anal, puis une exérèse des ganglions ou une chirurgie cytoréductrice et enfin une chimiothérapie adjuvante.
Conflit d’intérêts : Aucun
• Les sacs anaux, constitués de glandes apocrines, ont tendance à s’infecter, à se fistuliser ou à se transformer en processus néoplasique.
• Les affections non tumorales qui affectent les sacs anaux comprennent les impactions, les sacculites ou les abcès.
• Les tumeurs des glandes périanales sont des adénomes dans 80 % des cas.
• Les adénocarcinomes ou circumanalomes malins ne représentent que 17 % de toutes les tumeurs périanales.
Les affections non tumorales affectant les sacs anaux comprennent l’impaction, la sacculite ou les abcès. Elles sont fréquentes chez le chien (incidence de 12,5 %), mais rares chez le chat en raison d’une faible sécrétion de lipides au niveau des glandes sébacées dans cette espèce. La sécrétion est alors peu visqueuse et ne peut entraîner d’occlusion du canal. La sacculite anale et les abcès affectent surtout les petits chiens et les races toy, avec une incidence accrue chez le chihuahua, le caniche, le cavalier king charles et le labrador retriever. Selon l’affection, le traitement est soit médical, soit chirurgical. Pour les impactions, une vidange manuelle par pression des sacs anaux et un nettoyage par irrigation sous sédation sont indiqués. Dans 80 % des cas, les tumeurs des glandes périnanales (circumanalomes) sont des adénomes. Ces circumanalomes bénins sont sous dépendance hormonale (androgènes ou œstrogènes). L’excision chirurgicale est le traitement de choix des tumeurs périanales. Les tumeurs des sacs anaux sont principalement malignes (adénocarcinomes des glandes apocrines).