LÉIOMYOSARCOME GASTRIQUE CHEZ UN CHAT - Le Point Vétérinaire n° 442 du 01/06/2023
Le Point Vétérinaire n° 442 du 01/06/2023

GASTRO-ENTÉROLOGIE

Gastro-entérologie

Auteur(s) : Marc Massal*, Julien Trnka**, Davy Sfez***

Fonctions :
*(CEAV de médecine interne)
**Alphavet
31 avenue Frédéric de Candale
33260 La Teste-de-Buch
***(CES orthopédie,
master II sciences chirurgicales)
****MermozVet
76 rue Marius Berliet
69008 Lyon
*****(CES orthopédie)
94080 Vincennes

Le traitement du léiomyosarcome gastrique, très rarement observé chez le chat, fait appel à une exérèse large et à un suivi échographique régulier. Ce cas est le deuxième rapporté dans la littérature scientifique.

Les principales tumeurs digestives félines sont le lymphome et l’adénocarcinome. Les tumeurs gastriques mésenchymateuses (léiomyome, léiomyosarcome) sont rarissimes chez le chat. Cette description rapporte un cas de léiomyo­sarcome gastrique chez un chat traité par une exérèse (pylorectomie associée à une gastro-duodénostomie).

PRÉSENTATION DU CAS

1. Commémoratifs et anamnèse

Un chat européen mâle castré, âgé de 12 ans, est présenté pour des vomissements chroniques observés depuis un mois, sans perte de poids associée. L’animal vit en intérieur strict. Son appétit est conservé. Une réponse partielle au traitement symptomatique mis en place par le vétérinaire traitant, à base de citrate de maropitant (Cerenia®, à la dose de 1 mg/kg par voie sous-cutanée) et de métoclopramide (Emeprid®, à raison de 0,5 mg/kg matin et soir par voie orale pendant cinq jours), a été observée.

2. Examen clinique et diagnostic

À l’examen clinique, le chat apparaît en bon état général, normotherme. Les muqueuses sont roses. L’examen cardio-vasculaire et l’auscultation pulmonaire ne montrent aucune anomalie. À la palpation, l’abdomen est souple mais source d’un inconfort associé à un effet de masse dans la région craniale droite.

Les vomissements chroniques combinés à la présence d’une masse abdominale craniale orientent le diagnostic vers une masse digestive (inflammatoire, tumorale), hépatique, pancréatique ou moins probablement surrénalienne.

3. Examens complémentaires

Le bilan biochimique

Un bilan biochimique est effectué, incluant le dosage de l’urée, de la créatinine, des phosphatases alcalines (PAL), de l’alanine-aminotransférase (Alat), des protéines totales, de l’albumine et de la glycémie, mais il ne révèle pas d’anomalie. Une numération et formule sanguine aurait pu aussi être réalisée, étant donné l’âge de l’animal.

L’imagerie médicale Pour explorer l’origine de la masse, une échographie abdominale est décidée. L’examen échographique met en évidence une masse de 1,7 × 2,2 cm, provenant de la paroi gastrique au niveau de l’antre pylorique, qui fait protrusion dans la lumière de l’estomac. La masse apparaît hétérogène et entraîne une obstruction partielle. Aucune adénopathie satellite n’est observée. L’examen d’imagerie permet ainsi d’identifier une masse d’origine gastrique à l’origine d’une substruction digestive, gênant la vidange de l’estomac (photos 1 et 2).

La cytologie

Afin de déterminer la nature de la masse, une cytoponction échoguidée à l’aiguille fine est réalisée sous anesthésie gazeuse (isoflurane). L’examen cytologique met en évidence une inflammation périlésionnelle peu spécifique qui ne permet pas de conclure sur la nature de la masse. Bien que le lymphome gastrique soit la tumeur de l’estomac la plus courante, l’absence de cellules rondes à la cytologie n’est pas en faveur de ce type d’infiltration. Les tumeurs à cellules rondes desquament, elles sont donc souvent visibles à l’analyse cytologique, par ­comparaison avec les tumeurs mésenchymateuses. Un adénocarcinome, une fibroplasie éosinophilique sclérosante, un mastocytome, un léiomyosarcome ou léiomyome, un polype bénin adénomateux ou encore un plasmocytome sont alors envisagés. La réalisation d’une gastroscopie, dans le but de pratiquer des biopsies et d’orienter le diagnostic, est proposée mais rejetée par les propriétaires. Après discussion, une exérèse suivie d’une analyse histologique est planifiée. Les risques inhérents à cette intervention et ses potentielles complications graves sont évoqués. En raison du caractère subocclusif de la masse et de la possibilité d’un échec du traitement...