CRYPTOSPORIDIOSE DU VEAU : TABLEAU CLINIQUE, PATHOGÉNIE, DIAGNOSTIC ET CONTRÔLE - Le Point Vétérinaire n° 458 du 01/10/2024
Le Point Vétérinaire n° 458 du 01/10/2024

MALADIE DES BOVINS

Article de synthèse

Auteur(s) : Christophe Chartier

Fonctions : Oniris, Inrae, Bioepar
101 route de Gachet
44300 Nantes

Le contrôle de la cryptosporidiose du veau doit privilégier une approche préventive associant des mesures hygiéniques et médicales.

La cryptosporidiose est la première cause de diarrhée néonatale chez le veau. Les facteurs de risque de l’infection à Cryptosporidium parvum sont liés à l’hygiène des locaux et à la conduite d’élevage Le contrôle de la maladie ne peut être envisagé qu’après un diagnostic de laboratoire et fait essentiellement appel à des mesures préventives.

TABLEAU CLINIQUE ET PATHOGÉNIE DE LA CRYPTOSPORIDIOSE

Présentation clinique

Les signes cliniques apparaissent entre 5 et 18 jours de vie (diarrhée de la seconde semaine de vie). Les veaux seraient moins réceptifs ou sensibles au-delà de la troisième semaine. Lorsque la maladie est déclarée dans un groupe, un taux de 100 % de morbidité peut être observé (tous les animaux de la classe d’âge de 2 semaines sont atteints), ainsi qu’un taux non négligeable de mortalité [2].

Dans une étude menée chez les veaux laitiers en Normandie, le taux de mortalité à 90 jours était lié à l’intensité d’excrétion de Cryptosporidium et au score de diarrhée entre 7 et 21 jours de vie [7]. Bien que la dose minimale infectieuse pour le veau nouveau-né soit faible (de l’ordre de 17 ookystes), une corrélation est clairement établie entre la dose d’ookystes ingérée et l’existence de signes cliniques et leur sévérité [2, 9]. De même, un lien est démontré entre la prévalence de la diarrhée au sein d’un lot de veaux et le score moyen d’excrétion d’ookystes par gramme de fèces (opg) [7]. La cryptosporidiose des veaux nouveau-nés se manifeste par une diarrhée, concomitante de l’excrétion d’ookystes pendant sept à seize jours (photo 1). L’excrétion d’ookystes atteint son pic entre 7 et 15 jours de vie et tend à devenir indétectable à l’âge de 20 à 25 jours. Chez le veau, les valeurs coproscopiques sont très élevées entre la deuxième et la troisième semaine de vie, avec des moyennes variant entre 1,6 et 7 millions d’opg et des valeurs individuelles pouvant atteindre 26 millions. La diarrhée et les comptages élevés d’ookystes sont globalement simultanés. L’aspect de la diarrhée n’est pas évocateur : elle peut être très liquide ou relativement pâteuse, souvent à l’odeur très nauséabonde. Un état apathique et dépressif, une anorexie et des douleurs abdominales accompagnent les troubles digestifs, qui évoluent en quelques jours vers la guérison ou la mort. Il n’y a pas de passage à la chronicité.

Pathogénie

L’infection à C. parvum intéresse essentiellement la partie distale de l’intestin grêle, mais peut s’étendre au cæcum et au côlon, ainsi qu’au duodénum [2]. Elle provoque une érosion de la muqueuse, une abrasion et une fusion des villosités à l’origine d’une absorption déficiente et d’une mauvaise digestion des aliments. Deux processus plus spécifiques sont identifiés. Il s’agit d’un processus sécrétoire important, avec une inhibition de l’absorption du sodium en lien avec une forte production de prostaglandines au niveau de la muqueuse, et d’une augmentation de la perméabilité intestinale, en relation avec l’élévation du niveau d’interféron gamma (IFN-γ). En outre, un déficit de l’activité lactasique du tube digestif est démontré chez l’animal parasité et la digestibilité des matières grasses serait également diminuée en présence de cryptosporidies, ce qui explique la stéatorrhée parfois signalée chez les animaux malades. Les éléments d’aggravation sont les stress variés (météorologie, alimentation, ambiance, etc.), les agents pathogènes intercurrents (autres entéropathogènes, notamment les rotavirus), la quantité d’ookystes ingérés et la qualité du colostrum. La restauration des fonctions intestinales après l’infection prend plusieurs semaines [9].

Réponse immunitaire

La plupart des connaissances en matière de réponse immunitaire vis-à-vis de Cryptosporidium viennent d’études réalisées chez la souris. Globalement, les informations concernant les bovins et l’humain sont limitées. Le modèle synthétique de réponse décrit ci-après est proposé par Thomson et ses collaborateurs [15]. À la suite de la pénétration des sporozoïtes et à leur développement intracellulaire lors des phases asexuées puis sexuées, une réponse immunitaire innée s’opère au niveau des cellules épithéliales intestinales par la production de cytokines pro-inflammatoires, de chimiokines et de peptides antimicrobiens. Cette réponse est à l’origine du recrutement de cellules immunitaires, telles que les lymphocytes natural killer (NK) et les lymphocytes gamma-delta au niveau du site de l’infection. Les cellules présentatrices d’antigènes (CPA), comme les cellules dendritiques, prélèvent les antigènes puis migrent au niveau des nœuds lymphatiques drainants pour les présenter aux lymphocytes CD4+. Une réponse immunitaire adaptative se met alors en place : la présentation antigénique associée à la présence d’interleukine 2 (IL-2) et d’IFN-γ, produites par les CPA et les lymphocytes NK/γδ respectivement, résulte en une réponse de type Th1 avec les lymphocytes CD4+. Le rôle des lymphocytes B et des immunoglobulines est sujet à controverse dans les modèles de cryptosporidiose chez les rongeurs, tandis que leur implication chez les autres espèces animales reste à déterminer [15]. Une forte immunité postinfection se développe rapidement chez les animaux. Après leur rétablissement, la réinfection est possible mais demeure limitée.

Lésions

Sur le plan macroscopique, aucun élément pathognomonique n’est à signaler : le contenu intestinal est plus ou moins liquide, jaunâtre, avec un cæcum et un côlon souvent distendus. Parfois, une congestion et une inflammation hémorragique sont notées dans le dernier tiers de l’iléon, associées à une hypertrophie des nœuds lymphatiques mésentériques. Sur le plan microscopique, les lésions sont surtout présentes dans la partie terminale de l’intestin grêle et se caractérisent par une atrophie et une fusion des villosités, ainsi qu’une métaplasie des entérocytes avec une dégénérescence et une abrasion des microvillosités.

DIAGNOSTIC

Diagnostic clinique et épidémiologique

La survenue d’une diarrhée entre 5 et 18 jours d’âge lors de la seconde moitié de la période des mises bas ainsi que l’inefficacité des thérapeutiques habituelles contre les diarrhées sont des critères de suspicion clinique et épidémiologique. Aucun diagnostic de certitude ne peut être établi sans le recours aux analyses de laboratoire.

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel doit inclure l’ensemble des agents pathogènes du complexe “diarrhée néonatale des ruminants”, donc principalement les viroses (rotavirus, coronavirus, etc.), et secondairement les colibacilloses (E. coli F5 et autres pathovars), les salmonelloses et les toxi-infections à Clostridium perfringens B.

Diagnostic de laboratoire

Les mesures de contrôle étant lourdes, il est essentiel d’être certain du diagnostic. Le diagnostic de laboratoire repose sur la mise en évidence des ookystes dans les matières fécales. Il existe globalement un lien entre la diarrhée (prévalence et/ou intensité) et le niveau d’excrétion d’ookystes de C. parvum [7]. Comme l’excrétion asymptomatique est aussi fréquemment observée, la mise en évidence d’ookystes doit s’accompagner d’une quantification ou d’une semi-quantification de ceux-ci [13]. Le prélèvement est individuel et peut être effectué sur des matières fécales prélevées dans le rectum ou sur le sol. Différentes techniques coproscopiques existent (photo 2). Dans la pratique courante, lors de l’examen de matières fécales d’animaux présentant une diarrhée, les niveaux d’excrétion sont tels que l’ensemble des techniques, la coloration (techniques de Ziehl-Neelsen modifiée ou de Heine, par exemple) ou l’immunomarquage avec des bandelettes, donnent des résultats satisfaisants en matière de sensibilité. Dans une étude réalisée sur 917 fèces de veaux âgés de moins de 3 semaines, la semi-quantification de l’examen du frottis de fèces (technique de Heine, six notes de 0 à 5) et de la lecture de tigettes de diagnostic rapide (Bio K 155, quatre notes de 0 à 3) a été comparée à l’immunofluorescence directe comme gold standard (encadré 1, figure et tableau) [5]. Pour l’ensemble des fèces, la technique de coloration montre une sensibilité de 77 % et une spécificité de 91 %, tandis que les tigettes ont une sensibilité de 62 % et une spécificité de 100 %. En considérant les niveaux d’excrétion de plus de 100 000 opg comme indicateurs de signes cliniques, la sensibilité de la coloration atteint 100 % et celle des tigettes 81 % [7, 17]. En conservant ce point de repère de 100 000 opg comme associé à la diarrhée, cela correspond à un score de 4 avec la coloration et de 2 avec les tigettes. Une note minimale de 2 avec les tigettes est donc compatible avec un diagnostic de cryptosporidiose clinique, tandis qu’une note de 1 traduit une excrétion plus faible, entre 10 000 et 100 000 opg. Ainsi, sur le terrain, les tigettes de diagnostic rapide permettent une semi-quantification de l’excrétion et ont une sensibilité acceptable pour détecter des niveaux d’excrétion d’ookystes associés à des signes cliniques.

CONTRÔLE DE LA CRYPTOSPORIDIOSE DU VEAU

Approche médicale

Deux molécules disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) vis-à-vis de la diarrhée liée à Cryptosporidium chez le veau en France : le lactate d’halofuginone dans une indication préventive ou curative (Halocur®, Halagon®, Halofusol®, Kriptazen ®, Stenorol® Crypto) et le sulfate de paromomycine dans une indication uniquement curative (Gabbrovet® Multi). Dans tous les cas, le diagnostic de l’infection par Cryptosporidium doit être établi (historique sur le groupe ou diagnostic sur les animaux traités). Outre le traitement étiologique, une approche symptomatique, analogue à celle pour les autres diarrhées néonatales, doit être mise en place (réhydratation, apport d’électrolytes, lutte contre l’acidose, charbon végétal, anti-inflammatoires non stéroïdiens).

Lactate d’halofuginone

Le lactate d’halofuginone (quinazolinones) présente une activité antiprotozoaires et en particulier un effet cryptosporidiostatique. Pour la prévention de la diarrhée, l’administration doit commencer au cours des 24 à 48 premières heures de vie (à la dose de 100 µg/kg une fois par jour) et se prolonger pendant sept jours. Pour la réduction de la diarrhée due à C. parvum, l’administration doit débuter dans les 24 heures après l’apparition de la diarrhée et se poursuivre pendant sept jours consécutifs. Des contre-indications sont précisées (pas d’administration à des animaux dont la caillette est vide, ou diarrhéiques depuis plus de 24 heures, ou dans un état de faiblesse). Selon une méta-analyse réalisée à partir de quinze études consacrées à l’efficacité du lactate d’halofuginone contre la cryptosporidiose du veau, l’administration préventive montre un effet significatif sur la diarrhée et l’excrétion d’ookystes mais, en revanche, aucune conclusion ne peut être tirée pour ce qui concerne l’utilisation curative [14]. Il est d’autre part rappelé qu’une excrétion retardée est observée dans les lots traités et que l’index thérapeutique de cette molécule est faible. Enfin, les auteurs évoquent l’éventuel risque de survenue de résistances en raison de l’effet seulement cryptosporidiostatique de la molécule.

Sulfate de paromomycine

Le sulfate de paromomycine est un antibiotique de la famille des aminoglycosides, à large spectre, actif contre les bactéries à Gram négatif et vis-à-vis de nombreuses bactéries à Gram positif, et qui présente une activité antiprotozoaires. L’indication dans l’AMM est le traitement des infections à C. parvum au cours des 24 heures qui suivent le début de la diarrhée, à la posologie de 150 mg/kg de poids vif par jour pendant cinq jours. Au chapitre des précautions d’emploi sont précisées notamment la non-utilisation en prophylaxie ou métaphylaxie, ainsi que la non-utilisation chez des animaux à jeun. La plupart des essais publiés chez les ruminants ont été réalisés avec une administration préventive à la dose de 100 mg/kg. Ces essais ainsi que les quelques études sur l’administration curative (dont une à 150 mg/kg) ont mis en évidence une réduction de l’excrétion d’ookystes et une diminution significative de la diarrhée [1, 12]. Dans son avis de 2014, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) précise les risques de sélection et de dissémination de gènes de résistance via l’exposition de la flore commensale digestive lors d’emploi d’un antibiotique par voie orale (la résistance aux aminosides est principalement plasmidique) [4]. Ces éléments doivent amener le praticien à réaliser une analyse bénéfices/ risques pour le contrôle médicamenteux de la cryptosporidiose et à respecter scrupuleusement les indications du résumé des caractéristiques du produit (RCP).

La vaccination

Un vaccin pour l’immunisation active des génisses et des vaches gestantes contre la glycoprotéine 40 (gp40) de Cryptosporidium parvum, destiné à l’immunisation passive des veaux (colostrum et lait de transition hyperimmuns), a été autorisé dans l’Union européenne le 23 novembre 2023 (Bovilis® Cryptium). La protéine gp40 est impliquée dans l’attachement et la formation de la vacuole parasitophore durant les premiers stades d’infection intracellulaire et sa neutralisation par des anticorps anti-gp40 inhibe l’infection cellulaire à C. parvum in vitro [6]. Selon les informations du RCP(1), l’indication est la réduction des signes cliniques dus à C. parvum chez le veau nouveau-né, l’immunité passive débutant dès la prise de colostrum et se poursuivant jusqu’à l’âge de 2 semaines pour les animaux qui reçoivent le colostrum (au moins 3 litres avant 6 heures de vie) puis le lait de transition pendant cinq jours. La primovaccination comprend deux injections à quatre ou cinq semaines d’intervalle durant le troisième trimestre de gestation, la seconde étant distante du vêlage d’au moins trois semaines. Le rappel annuel consiste en une dose administrée dans les mêmes conditions. Les données expérimentales montrent que les titres en anticorps anti-gp40 dans le colostrum des première et deuxième traites sont significativement plus élevés chez les génisses vaccinées par rapport aux génisses contrôles [8]. De même, les résultats chez les veaux mettent en évidence une réduction de la diarrhée et plus généralement un meilleur score de santé (incluant aussi l’état général, l’appétit et le pli de peau) sur la période qui va du quatrième au onzième jour postinfection (chez ceux ayant reçu le colostrum hyperimmun sous la forme de 3 litres au cours des 4 premières heures de vie puis 1 litre le jour suivant et 0,5 litre les trois autres jours, mélangés à l’aliment d’allaitement) [16].

Approche sanitaire

Place du colostrum

L’importance de l’immunité passive apportée par le colostrum dans le contrôle des diarrhées néonatales n’est plus à démontrer. Cette importance est encore plus grande lors de l’utilisation de vaccins chez les mères afin de protéger le veau via un colostrum hyperimmun. Le colostrum contient des immunoglobulines G (IgG), mais également d’autres constituants tels que des leucocytes, des nutriments (protéines, lipides), des vitamines, des minéraux et des facteurs antimicrobiens non spécifiques comme la lactoferrine. Les leucocytes pourraient augmenter la réponse lymphocytaire à des antigènes spécifiques et la capacité du mécanisme de présentation des antigènes, mais cette hypothèse reste à confirmer [11]. Les points clés d’une bonne prise colostrale s’appuient sur la règle des 3 Q (quantity, quality, quickly) (encadré 2).

Hygiène

Les mesures hygiéniques visant à abaisser la pression parasitaire environnementale sont primordiales. Les ookystes de Cryptosporidium sont particulièrement résistants dans le milieu extérieur et peuvent persister dans les locaux ou sur le matériel d’une année sur l’autre en l’absence de nettoyage et de désinfection. Il convient de les détruire autant que possible dans l’environnement et de réduire les possibilités de contact des animaux, notamment les plus jeunes, avec les parasites [9]. Le nettoyage des locaux (enlèvement et curage des litières) suivi d’un nettoyage à chaud (plus de 60 °C pendant 5 à 10 minutes) à haute pression puis d’une désinfection et d’un vide sanitaire (pour obtenir un environnement sec) semble être la procédure de base à effectuer entre chaque bande d’animaux, afin de préserver un environnement le moins contaminé possible. À cela s’ajoutent le nettoyage et la désinfection du matériel d’élevage (vêtements, bottes, gants, ustensiles divers, etc.). Les ookystes sont résistants aux désinfectants usuels comme l’eau de Javel, mais sensibles aux désinfectants contenant du formaldéhyde, du peroxyde d’hydrogène (Hydrogen Peroxide, Agroxyde II) ou de l’ammoniaque. L’application de désinfectants à base de chloro-méthylphénol (Neopredisan ®), de chlorocrésol (Aldecoc®, Agalok®, Dekoksane®, Prophyl® S) ou d’amines (Keno® cox) conduit également à une réduction significative de la viabilité et de l’infectivité des ookystes de Cryptosporidium [12, Katzer communication personnelle]. Cette activité sur les ookystes sous-entend au préalable un nettoyage soigneux des locaux avant l’application du désinfectant. Sachant qu’il est bien entendu impossible d’obtenir un environnement totalement sain, le second objectif est de retarder le plus possible l’exposition des animaux. Il peut être atteint en optant pour un élevage en cases individuelles, collectives ou en parcs très propres, au moins pendant les 2 à 3 premières semaines de vie (mangeoire et abreuvoir en hauteur). Cette période de plus grande réceptivité et sensibilité étant passée, les infections ultérieures seront probablement moins graves cliniquement [3]. De même, il est souhaitable de ne pas avoir d’animaux de classes d’âge différentes au sein d’un même lot, les excréteurs asymptomatiques âgés contaminant précocement les jeunes naïfs. Lorsqu’un épisode de cryptosporidiose se produit, il est important de ne pas placer les animaux qui viennent de naître dans les mêmes locaux que les malades. Les animaux malades doivent être séparés des animaux sains jusqu’à une semaine après l’arrêt de la diarrhée en raison d’une excrétion persistante élevée. Dans ces circonstances, la transmission indirecte par l’éleveur ou le matériel doit absolument être contrôlée (vêtements, bottes, ustensiles) et une “marche en avant” être mise en place (soins aux veaux malades ou en convalescence en dernier). Il est en outre recommandé de traiter systématiquement les effluents (compostage des fumiers assurant une température supérieure à 60 °C, stockage des lisiers permettant une concentration élevée en ammoniaque et un faible pH et éventuellement méthanisation thermophile) [9].

Références

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  • 2. Adkins PRF. Cryptosporidiosis. Vet. Clin. North Am. Food Anim. Pract. 2022;38 (1):121-131.
  • 3. Angus KW. Cryptosporidiosis in ruminants. In: Cryptosporidiosis of Man and Animals, 1st edition. CRC Press. 2017:83-103.
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  • 13. Rieux A, Chartier C, Pors I et coll. Molecular characterization of Cryptosporidium isolates from pre-weaned calves in Western France in relation to age Vet. Parasitol. 2013;197 (1-2):7-12.
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Conflit d’intérêts : Aucun

Points clés

• La cryptosporidiose se manifeste chez le veau par une diarrhée entre 5 et 18 jours de vie.

• Le diagnostic de laboratoire est nécessaire et doit s’appuyer sur une évaluation semiquantitative du nombre d’ookystes dans les fèces.

• Le contrôle de la maladie est difficile en raison d’une transmission très rapide entre veaux, d’une résistance des ookystes dans l’environnement et d’une efficacité imparfaite des traitements curatifs.

• L’approche préventive associant un volet sanitaire (hygiène, colostrum) et médical (traitement préventif, vaccination) est la démarche à privilégier

Encadré 1 : DIAGNOSTIC COPROSCOPIQUE DE LA CRYPTOSPORIDIOSE DU VEAU

• Semi-quantification du frottis coloré de matières fécales (grossissement × 200), avec comptage dans dix champs microscopiques :

- score 0 : absence d’ookyste ;

- score 1 : moins de 1 ookyste par champ ;

- score 2 : de 1 à 10 ookystes par champ ;

- score 3 : de 11 à 20 ookystes par champ ;

- score 4 : de 21 à 30 ookystes par champ ;

- score 5 : plus de 30 ookystes par champ.

• Semi-quantification de la lecture des bandelettes rapides (Bio K 155), avec utilisation de la bande contrôle du test comme étalon :

- score 0 : absence de bande ;

- score 1 : bande présente plus fine que la bande contrôle ;

- score 2 : bande présente d’épaisseur équivalente à la bande contrôle ;

- score 3 : bande présente plus large que la bande contrôle.

D’après [5].

Encadré 2 : POINTS DE REPÈRE D’UNE BONNE ADMINISTRATION COLOSTRALE EN ÉLEVAGE BOVIN LAITIER

L’objectif est de rester en dessous de 10 % de veaux présentant un défaut du transfert de l’immunité passive, c’est-à-dire une concentration sérique en immunoglobulines G (IgG) inférieure à 10 g/l*.

Qualité du colostrum

- Mesurer la concentration en IgG qui doit être supérieure à 50 g/l (21 à 22 % avec un réfractomètre Brix).

- Effectuer les mesures microbiologiques : germes inférieurs à 100 000 unités formant colonies par millilitre, coliformes inférieurs à 10 000 UFC/ml.

- Écarter les premiers jets (surestimation).

- L’évaluer le plus rapidement possible en raison d’une diminution de la concentration dès deux heures après la naissance, à la suite d’un phénomène de dilution et d’une diffusion passive des IgG dans la circulation de la mère.

- Choisir plutôt des vaches multipares (troisième lactation ou plus) même si ce point est parfois remis en question.

- Ne pas se fier au volume de la première traite, pas toujours en lien avec la concentration en IgG.

- Quand cela est possible, supplémenter l’aliment d’allaitement (poudre de lait) avec du colostrum (pour atteindre 10 g d’IgG deux fois par jour) en raison des effets locaux (anticorps, croissance épithéliale, etc.).

Administration du colostrum

- En élevages laitiers et allaitants, le risque de défaut de transfert de l’immunité passive augmente pour les veaux qui tètent leur mère sans surveillance (risque de tétée tardive et insuffisante).

- Administration au biberon ou par sondage dans les une à quatre heures qui suivent la naissance (moins de 2 heures est l’optimum, plus de 4 heures est un facteur de risque d’échec du transfert de l’immunité passive).

- 150 à 200 g d’IgG dans les 2 heures de vie (soit 4 litres pour un colostrum à 50 g/l), 4 litres par sonde ou 2 litres par biberon à répéter une fois (10 à 12 % du poids vif).

- Préconisation de deux buvées sur une période de douze heures.

- Absence d’argument pour privilégier l’administration par biberon ou par sonde (différences de cinétique sérique d’IgG : délai d’apparition du pic d’IgG, mais pic plus élevé lors d’administration à la sonde).

* Dans un document de consensus sur les recommandations chez le veau laitier aux États-Unis, cette dichotomie n’apparaît pas suffisamment pertinente et les nouvelles recommandations s’appuient sur un système de quantité d’anticorps sériques à quatre catégories (excellente, bonne, passable, mauvaise). L’objectif dans un troupeau donné est ainsi d’avoir plus de 40 % de veaux à 25 g/l, 30 % de veaux entre 18 et 25 g/l, 20 % de veaux entre 10 et 18 g/l et moins de 10 % de veaux sous 10 g/l.

D’après [10, 11].

CONCLUSION

En l’absence de facteurs de risque clairement identifiés et en raison d’une prévalence du parasite proche de 100 %, le contrôle de la cryptosporidiose du veau doit privilégier une approche résolument préventive en s’appuyant à la fois sur un volet sanitaire (nettoyage, désinfection) et sur un volet médical (traitement préventif, vaccination).