GESTION OPTIMALE DE L’ANESTHÉSIE ET DE L’ANALGÉSIE LORS D’ACTE CHIRURGICAL CHEZ LE VEAU - Le Point Vétérinaire n° 461 du 01/01/2025
Le Point Vétérinaire n° 461 du 01/01/2025

ANESTHÉSIE DES BOVINS

Article de synthèse

Auteur(s) : Adélaïde Baert

Fonctions : Centre hospitalier universitaire vétérinaire des animaux de production
École nationale vétérinaire d’Alfort
14 rue Pierre et Marie Curie
94700 Maisons-Alfort

Les principaux protocoles anesthésiques chez le veau nécessitent d’être couplés à des analgésiques ou à une anesthésie locorégionale, en raison d’un panel de molécules réglementairement limité.

Le vétérinaire doit couramment réaliser des actes chirurgicaux lourds chez les veaux, parfois directement dans l’exploitation et en urgence. Pour cela, il doit choisir le protocole anesthésique adapté pour garantir le bien-être des animaux.

MOLÉCULES UTILISÉES

En France, l’éventail des molécules autorisées pour l’anesthésie des ruminants est réduit. Il ne comprend que deux alpha2-agonistes (la xylazine et la détomidine), le butorphanol, la kétamine et l’isoflurane. Pour l’anesthésie locale ou locorégionale, la procaïne à 2 % est la seule, à ce jour, à posséder une autorisation de mise sur le marché (AMM). La lidocaïne est encore malgré tout fréquemment utilisée sur le terrain.

Lidocaïne ou procaïne

Jusqu’au début des années 2000, toutes les spécialités à base de lidocaïne étaient autorisées chez les bovins, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Seule la procaïne dispose d’une AMM pour la réalisation d’une anesthésie locale ou locorégionale chez les bovins. Le vétérinaire prescripteur est censé tenir compte de l’avis du Committee for Veterinary Medicinal Products (CVMP) de 2015 et prescrire, pour la lidocaïne, un délai d’attente de quinze jours pour le lait et de vingt-huit jours pour la viande en production bovine, uniquement lorsqu’il considère que la procaïne n’est pas adaptée [2]. La comparaison des deux molécules montre que la lidocaïne a un délai d’action plus rapide et une durée d’action plus longue, alors que la procaïne a un effet vasodilatateur plus important et une toxicité moindre. Cependant, la différence la plus importante à retenir est qu’il convient de doubler le dosage de procaïne à 2 %, par comparaison avec celui de lidocaïne à 2 %, pour obtenir des effets similaires aux doses de lidocaïne à 2 % classiquement utilisées. Ces doses ne sont pas définies chez les bovins car elles ne figurent pas dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) en raison de l’absence d’AMM [2].

Alpha2-agonistes

Les alpha2-agonistes sont des molécules qui se fixent sur les récepteurs alpha2-adrénergiques présynaptiques du tronc cérébral et de la moelle épinière. En inhibant la libération de noradrénaline, ils induisent des effets sédatifs, anxiolytiques et analgésiques dose dépendants. Le degré de sédation obtenu dépend également du niveau de catécholamines endogènes, ce qui explique leur moindre efficacité chez les animaux excités. Les principaux effets indésirables sont une dépression cardio-respiratoire (diminution de la fréquence respiratoire d’origine centrale, bradycardie et réduction du débit cardiaque, hypertension suivie d’hypotension) et une réduction de la motilité gastro-intestinale. La xylazine et la détomidine sont les deux alpha2-agonistes qui possèdent une AMM pour l’espèce bovine. La durée d’action de la xylazine est dose dépendante. Sa dose est classiquement doublée lors d’administration intramusculaire par rapport à l’injection intraveineuse, mais l’intensité de la sédation et de l’analgésie est alors moindre [1]. La détomidine provoque une dépression cardio-respiratoire plus marquée que la xylazine et ne devrait donc pas être utilisée pour induire une sédation avec décubitus. Cela explique qu’elle soit moins classiquement utilisée pour l’anesthésie des veaux. En revanche, sa présentation sous la forme de gel (Domosedan® gel 7,6 mg/ml) peut présenter un intérêt pour la sédation effectuée par l’éleveur, afin de réaliser l’anesthésie du nerf cornual puis l’écornage. Le principal inconvénient est le délai nécessaire à l’obtention d’un état de sédation suffisant (38 minutes) [1]. En raison de l’effet négatif sur les fonctions cardio-respiratoires, la dose de xylazine devrait être réduite au minimum chez les veaux âgés de moins de 1 mois. Pour les veaux souffrant de coliques nécessitant une intervention d’urgence alors qu’ils présentent une faiblesse ou un état de choc (septique ou hypovolémique), une sédation à l’aide de xylazine ou d’un autre alpha2-agoniste n’est pas recommandée. Dans ce cas, une rachianesthésie lombo-sacrée est réalisée, si possible sans sédation préalable ou après une injection de butorphanol seul, puis l’animal est positionné en décubitus latéral gauche et attaché (tête et quatre membres). Lors de dépression trop importante des fonctions respiratoires liée à la xylazine, il est intéressant de se souvenir que le doxapram stimule la respiration et a un effet antagoniste sur cette dernière.

Kétamine

La kétamine est un anesthésique dissociatif dont le mode d’action principal est l’inhibition non compétitive des récepteurs du glutamate de type N-méthyl-D-aspartate (NMDA). Le glutamate est le principal neurotransmetteur excitateur du système nerveux central. Aussi, la kétamine et son métabolite actif, la norkétamine, peuvent également se fixer aux récepteurs aux opiacés de sous-types mu et delta, ce qui lui confère des propriétés analgésiques. Si la kétamine est souvent réputée facile et “sûre” d’utilisation, elle a pourtant un effet inotrope négatif. Chez les animaux sains, cet effet est compensé par la stimulation sympathique (tachycardie et hypertension systémique secondaire). En revanche, il convient d’être prudent dans des situations où l’efficacité du système nerveux sympathique est altérée, comme lors de choc septique ou endotoxinique, ou chez les animaux présentant une insuffisance cardiaque.

Butorphanol

Le tartrate de butorphanol est un analgésique à action centrale avec des propriétés sédatives. Il ne dispose pas d’AMM pour les bovins, mais le praticien peut y avoir recours dans le cadre de la cascade thérapeutique avec des temps d’attente forfaitaires. En effet, la fixation d’une limite maximale de résidus (LMR) est un prérequis obligatoire pour l’utilisation d’une substance dans les productions animales, donc chez les bovins. Le tartrate de butorphanol dispose d’une AMM pour les équidés destinés à la consommation humaine, avec un temps d’attente dans la viande de zéro jour et dans le lait de zéro heure. Il peut donc être utilisé chez les veaux, avec un temps d’attente forfaitaire d’un jour. Comme chez les chevaux, il doit uniquement être employé par voie intraveineuse, comme cela est indiqué dans le tableau 1 des LMR. Utilisé seul, le butorphanol permet d’obtenir une sédation légère et de lutter contre des douleurs d’intensité faible à modérée. Ses effets cardio-vasculaires étant minimes aux doses classiquement utilisées chez les ruminants (de 0,02 à 0,1 mg/kg), il peut être administré sans risque majeur à des animaux débilités [1]. Lors d’association avec la xylazine, l’administration simultanée ou différée de butorphanol permet d’améliorer le niveau d’analgésie, sans pour autant augmenter la durée de sédation.

Isoflurane

L’isoflurane est un anesthésique volatil de la famille des éthers halogénés. Il agit sur les récepteurs de l’acide gamma-aminobutyrique (Gaba), le principal neuromédiateur inhibiteur du cerveau. Il a un effet myorelaxant marqué, mais un pouvoir analgésique très faible. Lors d’interventions chirurgicales, il doit être obligatoirement associé à des analgésiques.

PROTOCOLES D’ANESTHÉSIE GÉNÉRALE

Association de xylazine et de kétamine

L’association xylazine-kétamine permet de réaliser des anesthésies soit de courte durée (15 minutes) par voie intraveineuse, soit de moyenne durée (40 minutes) par voie intramusculaire (encadré 1). Cependant, dans les deux cas, les doses de xylazine nécessaires sont élevées et ce protocole ne doit pas être utilisé chez des veaux débilités [1]. Par conséquent, il est important de retenir qu’il est à réserver aux actes chirurgicaux de courte durée chez des veaux en bonne santé. De plus, en raison du pouvoir analgésique modeste de ce protocole, il est conseillé de le coupler avec une anesthésie locale ou locorégionale appropriée. Dans le cas d’interventions plus longues, un relais par l’anesthésie gazeuse est toujours possible si le veau est opéré au cabinet, sans oublier toutefois que l’isoflurane a un pouvoir analgésique très faible.

Association de xylazine, de kétamine et de butorphanol

Par voie intraveineuse, pour des interventions nécessitant un haut degré d’analgésie sur un animal couché (castration, lavage articulaire, etc.), un protocole combinant xylazine, kétamine et butorphanol a été développé sous le nom de “ketamine stun”, parfois simplifié en “keta stun” ou “ket stun”. Ce protocole peut être légèrement modifié pour une plus grande facilité d’emploi sur le terrain (encadré 2) [1]. Par voie intramusculaire, cette association est également possible, mais le degré d’analgésie ne sera pas suffisant et il conviendra de recourir à une technique d’anesthésie locale ou locorégionale en complément.

Anesthésie volatile

L’induction est réalisée avec l’un des protocoles décrits précédemment. Chez les veaux de moins de 1 mois, la dose de xylazine doit être réduite au minimum. Le veau est intubé avec une sonde d’un diamètre supérieur à 8 mm, puis le ballonnet est gonflé. L’intubation n’est généralement pas difficile si la tête est bien maintenue en extension pour permettre à l’opérateur de se servir d’un long laryngoscope afin de visualiser les cartilages aryténoïdes et la trachée. Il vaut mieux s’assurer de l’absence de fuites d’air par la trachée avant de mettre en route l’isoflurane. Avec un circuit réinhalatoire, le débit d’oxygène nécessaire est de 1,5 à 2 litres selon la taille du veau, et un pourcentage de 2 % est souvent largement suffisant pour maintenir le niveau de profondeur nécessaire. Il faudra ajuster ce niveau en surveillant les paramètres oculaires, ce qui nécessite une bonne surveillance peranesthésique (tableau 1) [1]. En raison du faible pouvoir analgésique de l’isoflurane, rappelons qu’une anesthésie locale ou locorégionale est fortement conseillée en complément. Si le pouvoir analgésique des produits utilisés au début de l’intervention peut paraître suffisant durant les premières minutes, cela ne sera plus le cas ensuite.

ANESTHÉSIES LOCALES ET LOCORÉGIONALES

Épidurale caudale

L’épidurale, qui consiste à injecter un anesthésique entre les vertèbres et la dure-mère, permet d’obtenir une analgésie de la queue, du périnée et de la vulve. Il existe peu de données quant à l’utilisation de la procaïne en épidurale caudale chez les bovins. Les deux sites d’injection principaux sont l’espace sacro-coccygien et le premier espace intercoccygien. L’injection est réalisée avec une aiguille de 18G (40 x 1,2 mm) qui est introduite dans l’espace intervertébral. Lorsque l’aiguille se trouve à la bonne profondeur, une goutte d’anesthésique local est alors aspirée et l’injection peut être réalisée sans aucune résistance dans l’espace péridural.

Rachianesthésie

La rachianesthésie consiste à injecter un anesthésique dans l’espace sous-arachnoïdien. Elle provoque le couchage du veau en quelques minutes en paralysant les membres postérieurs, ainsi que l’analgésie de la région ombilicale, de l’abdomen caudal et des postérieurs. Un état de sédation léger est obtenu après un certain temps, mais une sédation par voie générale avant sa réalisation est le plus souvent préconisée. Une aiguille de 40 mm de long est suffisante pour la majorité des veaux, mais prévoir des aiguilles de 50 mm permet de réaliser l’injection chez des animaux plus grands. Si une aiguille de 50 mm n’est pas suffisante, il convient d’utiliser une aiguille spinale. L’aiguille est enfoncée dans l’espace lombo-sacré (L6-S1) jusqu’à l’obtention de liquide cérébro-spinal (photos 1 à 3). Avant l’injection, il est recommandé de retirer une quantité de liquide cérébro-spinal égale à la celle de l’anesthésique à injecter. Classiquement, la rachianesthésie associe la xylazine et un anesthésique local, ce qui permet une analgésie de l’abdomen caudal et de la région ombilicale en cinq à dix minutes (encadré 3). Cette analgésie est en revanche souvent insuffisante en avant de l’ombilic. Il convient donc de réaliser une anesthésie traçante à ce niveau, notamment dans le cas d’une atteinte de la veine ombilicale. À elle seule, la rachianesthésie permet un haut degré d’analgésie de la queue, du périnée, des membres postérieurs et de la paroi abdominale jusqu’à l’ombilic. Chez le veau, elle est donc indiquée pour la plupart des opérations courantes, à l’exception de la chirurgie de l’œil, de l’écornage et des interventions sur les membres antérieurs. En particulier, cette méthode, en plus d’être aussi efficace qu’une anesthésie gazeuse ou fixe lors de chirurgie ombilicale, a permis d’obtenir des taux inférieurs de cortisolémie durant l’acte chirurgical selon certaines études [4]. De plus, elle est simple et peu coûteuse. Il serait donc vraiment dommage de s’en priver et il est indispensable que tout praticien soit à l’aise avec cette technique.

Autres techniques

D’autres techniques d’anesthésie locale, non détaillées dans cet article, peuvent être intéressantes chez le veau (tableau 2).

RECOMMANDATIONS PRÉANESTHÉSIQUES, PERANESTHÉSIQUES ET POSTANESTHÉSIQUES

Préanesthésie

La mise à jeun d’un veau non sevré ne nécessite que la suppression d’un seul repas lacté. Il est évidemment nécessaire, lors de l’examen clinique préopératoire de l’animal, de vérifier l’absence d’acidose métabolique ou respiratoire, d’hypoglycémie ou de déshydratation et de troubles ioniques fréquents chez le veau (dysnatrémie ou dyskaliémie) avant l’intervention chirurgicale. Rappelons que la mesure de la glycémie est un examen simple, rapide et peu coûteux, toujours informatif en cas de doute sur l’état de santé de l’animal. Il est conseillé de placer un abord veineux pour les actes de moyenne à longue durée. Enfin, afin d’ajuster au mieux les doses d’anesthésiques et d’éviter ainsi les surdosages, notamment en alpha2-agonistes, il est préférable de peser le veau avant l’intervention, même si cela est rarement facile à faire sur le terrain.

Peranesthésie

Idéalement, le veau est couché sur un matelas ou une couverture, et non sur une surface froide, afin de prévenir une hypothermie durant l’intervention chirurgicale. Il peut être utile de prévoir une prise de température régulière en cours d’intervention, ainsi que du matériel permettant de réchauffer l’animal (bouillottes, lampe infrarouge). Il convient aussi de se rappeler que les veaux peuvent rapidement développer une hypoglycémie. Il est donc conseillé d’administrer un soluté contenant du dextrose ou du glucose en perfusion lors de tout acte chirurgical d’une durée modérément longue.

Douleur postanesthésique

Chez des veaux de 3 mois ayant reçu de la xylazine (à la dose de 0,1 mg/kg par voie intraveineuse) avant un écornage, par rapport à ceux n’ayant reçu aucune prémédication, une baisse du taux de cortisol mesuré dans les 30 minutes suivant l’intervention est rapportée. Ce pic est quasi absent lorsqu’une anesthésie du nerf cornual à l’aide de lidocaïne à 2 % (à raison de 5 ml) est couplée à l’administration de xylazine. Toutefois, dans les deux cas, l’effet observé est peu durable (trois heures). L’administration de kétoprofène (à la dose de 3 mg/kg par voie intraveineuse), en association avec l’anesthésie du nerf cornual, permet de prolonger l’effet obtenu pendant au moins huit heures [1]. Le protocole d’anesthésie ou d’analgésie idéal comprend ainsi une anesthésie locorégionale, si possible à l’aide de sédatifs avec des propriétés analgésiques afin de lutter contre le stress et la douleur peropératoire et postopératoire immédiate, mais aussi un anti-inflammatoire non stéroïdien pour prolonger l’effet analgésique.

De plus, après une intervention chirurgicale chez le veau, il faut s’assurer que le transit digestif reprend rapidement. Dès qu’il est capable de se tenir debout, il est conseillé d’offrir un petit repas de lait, mais sans surcharger l’appareil digestif trop rapidement, surtout en cas de chirurgie digestive (de 0,5 à 1 litre de lait au maximum au début, mais toutes les quatre à six heures) [3]. L’état d’hydratation du veau est également à surveiller. Enfin, chez le nouveau-né, il convient aussi de contrôler le bon transfert d’immunité passive (protéines totales). Si le taux de protéines totales est bas (seuil à déterminer selon l’appareil de mesure), une transfusion est recommandée.

Références

  • 1. Cassard H, Corbière F, Foucras G et coll. Techniques modernes de contention chimique et d’anesthésie chez les ruminants. Bulletin des GTV. 2018;92:15-24.
  • 2. Guatteo R, Poirier E, Relun A et coll. Lidocaïne ou procaïne pour l’anesthésie locale ou locorégionale des bovins. Bulletin des GTV. 2022;108:17-22.
  • 3. Lardé H. La pratique pas à pas des chirurgies intestinales chez le veau. Bulletin des GTV. 2018;92:35-43.
  • 4. Offinger J, Meyer H, Fischer J et coll. Comparison of isoflurane inhalation anaesthesia, injection anaesthesia and high volume caudal epidural anaesthesia for umbilical surgery in calves ; metabolic, endocrine and cardiopulmonary effects. Vet. Anaesth. Analg. 2012;39(2):123-136.

Conflit d’intérêts : Aucun

Encadré 1
PROTOCOLES ANESTHÉSIQUES ASSOCIANT XYLAZINE ET KÉTAMINE

Par voie intraveineuse : xylazine à la dose de 0,05 à 0,1 mg/kg (0,05 mg/kg chez le veau de moins de 1 mois). La sédation intervient après quelques minutes. Puis kétamine à raison de 2 à 5 mg/kg.

Par voie intramusculaire : xylazine à la dose de 0,1 à 0,2 mg/kg. Le veau est laissé au calme pendant cinq à dix minutes. Puis kétamine à raison de 4 à 6 mg/kg selon le niveau de sédation. Pour les deux voies d’administration, il est possible de prolonger l’anesthésie par des bolus de demi-doses de kétamine et de xylazine. En raison de l’impact négatif sur les fonctions respiratoires, il est conseillé de limiter les bolus de xylazine (surtout par voie intraveineuse). Ces bolus augmentent également le temps de récupération.

D’après [1].

Encadré 2
PROTOCOLES ANESTHÉSIQUES ASSOCIANT XYLAZINE, KÉTAMINE ET BUTORPHANOL

Par voie intraveineuse (protocole “kétamine stun” modifié) : mélanger dans la même seringue la xylazine (0,025 à 0,05 mg/kg), le butorphanol (0,05 mg/kg) et la kétamine (0,3 à 0,5 mg/kg). Le décubitus est obtenu en une minute environ. En cas de manifestation de type mouvement de la tête et des membres ou vocalises, injecter la moitié de la dose de kétamine. Si cela est insuffisant, injecter une demi-dose de kétamine et une demi-dose de xylazine. L’analgésie systémique est maximale dès le décubitus et décroît avec le temps. La durée d’intervention permise est d’environ 15 minutes.

Par voie intramusculaire : xylazine (0,05 mg/kg), butorphanol (0,025 mg/kg) et kétamine (0,1 mg/kg). Le décubitus est obtenu en trois à dix minutes et dure 90 minutes, mais une anesthésie locale ou locorégionale doit être réalisée en complément.

D’après [1].

Points clés

• L’éventail des molécules réglementairement autorisées chez le veau est limité à la xylazine, la détomidine, le butorphanol, l’isoflurane, la procaïne et la lidocaïne.

• La lidocaïne doit être utilisée uniquement lorsque la procaïne n’est pas considérée comme adaptée. La xylazine n’est pas indiquée chez le veau très jeune ou en état de choc.

• L’analgésie obtenue avec les techniques fixes diffère selon le protocole utilisé. L’isoflurane a un effet peu analgésique et doit être obligatoirement associé à des analgésiques.

• Idéalement, le protocole comprend une anesthésie locale ou locorégionale, l’administration d’anesthésiques dotés d’un pouvoir analgésique et d’un anti-inflammatoire non stéroïdien pour prolonger l’effet analgésique plus longtemps après l’intervention chirurgicale.

Encadré 3
DOSES CLASSIQUES LORS DE RACHIANESTHÉSIE AVEC PROCAÏNE OU LIDOCAÏNE

- Procaïne à 2 % (à la dose de 2 ml par 10 kg) et xylazine à 2 % (à raison de 0,1 ml par 10 kg).

- Lidocaïne (à la dose de 1 ml par 10 kg) et xylazine à 2 % (à raison de 0,1 ml par 10 kg).

CONCLUSION

L’anesthésie du veau est un acte courant pour le vétérinaire. Parfois, il peut néanmoins être confronté à des conditions difficiles (veau très jeune ou en état de choc, intervention dans l’exploitation ou en urgence, etc.). De plus, l’éventail des molécules réglementairement disponibles étant restreint, les protocoles d’anesthésie fixe utilisés classiquement ont un pouvoir analgésique modeste. Les différentes techniques d’anesthésie locale et locorégionale se révèlent donc indispensables dans la pratique courante, en particulier la rachianesthésie.