CHIRURGIE
Chirurgie
Auteur(s) : Mélissa Pottier*, Kévin Minier**
Fonctions :
*Clinique Vet’Hauts de France
802 boulevard Fernand
Darchicourt
62110 Hénin-Beaumont
**(DipECVS)
Oncovet
Avenue Paul Langevin
59650 Villeneuve-d’Ascq
La sialocèle, une collection de salive en dehors de la glande ou du canal salivaire, est une affection fréquente chez le chien. Son traitement consiste à retirer la glande et le canal affectés et à drainer la poche formée.
Un chien braque français, âgé de 4 ans, est présenté en consultation pour une masse dépressible dans la région sous-mandibulaire médiale, mesurant 10 cm de diamètre environ. Aucun signe clinique associé n’est rapporté. Une ponction réalisée par le vétérinaire traitant a permis l’identification d’un liquide visqueux légèrement jaunâtre, dont l’aspect est compatible avec de la salive.
L’examen clinique de l’animal confirme la suspicion de sialocèle, sans latéralisation évidente. Aucune autre anomalie n’est détectée à l’examen, notamment à l’ouverture de la cavité buccale. Le bilan sanguin (numération formule sanguine, biochimie de base) est normal.
Un examen scanner est réalisé afin de déterminer la glande à l’origine de l’anomalie. Les deux glandes salivaires mandibulaires sont en contact avec la poche liquidienne, mais une prise de contraste majorée de la glande mandibulaire gauche est en faveur d’une sialadénite gauche (photo 1).
Une exérèse complète de la glande concernée est décidée. La dissection de la glande mandibulaire gauche est réalisée via un abord ventral paramédian gauche. Son canal excréteur est disséqué et suivi cranialement jusqu’au muscle digastrique, puis est tunnelisé sous ce muscle et récupéré cranialement à ce dernier, en bloc avec les glandes sublinguales qui y sont adhérentes. La dissection est poursuivie jusqu’à visualiser le nerf lingual, puis une traction ferme du canal permet sa section au plus près de son abouchement sublingual. Les glandes et les conduits sont envoyés au laboratoire pour une analyse histopathologique (photo 2). Une grande partie de la coque de la poche de salive est disséquée puis retirée. Comme la partie dorsale adhère fortement aux structures environnantes, elle est laissée en place. Un drain aspiratif connecté à une poire est mis en place simultanément à la fermeture de la plaie.
Après 24 heures d’hospitalisation pour la prise en charge de la douleur, l’animal est rendu à ses propriétaires. Le drain est retiré lors du second contrôle, à six jours postopératoires, car sa production est descendue en dessous de 2 ml/kg par jour depuis 48 heures. La cicatrisation se poursuit sans anomalie. L’analyse histopathologique confirme le diagnostic de sialadénite mandibulaire sans critère de malignité.
La mucocèle salivaire, également appelée sialocèle, est l’anomalie de la glande salivaire la plus fréquente chez le chien. Il s’agit d’une collection salivaire provenant de la fuite d’une glande ou d’un conduit salivaire [3]. Le caniche nain et le berger allemand sont prédisposés à cette affection [2]. Cette atteinte est rare chez le chat [1].
Les sialocèles peuvent être cervicales, sublinguales, pharyngées, zygomatiques ou nasopharyngées. La glande sublinguale est le plus souvent à l’origine de l’anomalie [3]. La cause de la fuite reste généralement inconnue, mais elle peut être traumatique ou due au passage d’une lithiase [3]. Une association étant suspectée entre l’occurrence des sialocèles et l’exposition aux corticoïdes, les animaux atteints doivent être testés pour exclure un hypercorticisme [1].
Les signes cliniques sont rares et l’animal est souvent présenté en raison d’un gonflement de la région concernée. Parfois, des saignements dans la cavité buccale, un inconfort à la mastication, une dysphagie, une exophtalmie ou une détresse respiratoire sont décrits [1, 3]. Le diagnostic est établi à partir du tableau clinique et d’une ponction de la collection liquidienne : un liquide visqueux clair ou séro-hémorragique est récupéré. L’analyse cytologique de ce liquide montre peu de cellules, de la mucine ainsi que des macrophages [3]. Dans certains cas tels qu’une exophtalmie due à une sialocèle zygomatique, un examen d’imagerie (scanner ou résonance magnétique) peut être nécessaire pour établir le diagnostic et repérer la glande à l’origine de la fuite [3]. Afin de faciliter la latéralisation de la sialocèle, il est conseillé de placer l’animal sur le dos une fois endormi et d’observer la tendance au déplacement latéral de la poche, qui indique ainsi le côté à opérer.
Le traitement est chirurgical et requiert l’exérèse du complexe “glande-canal” concerné [3]. Lorsque l’anomalie semble provenir de la glande mandibulaire ou sublinguale, les deux sont retirées en bloc en raison de leur proximité anatomique et de leur capsule commune [3]. L’exérèse de ces glandes peut être réalisée par une voie d’abord ventrale ou latérale [3]. L’approche latérale est associée à un taux de complications postopératoires plus faible que l’abord ventral, alors que le taux de récidives est plus important [2]. Actuellement, il n’existe pas de consensus sur la manière de traiter la coque (ou pseudo-capsule) contenant la sialocèle : la décision de la retirer dans son intégralité ou de la drainer est souvent prise au cas par cas selon la taille et/ou la localisation de la poche [2]. Lorsqu’un gonflement buccal est à l’origine d’une gêne respiratoire, notamment en cas de sialocèle pharyngée, la vidange et la marsupialisation de la poche est nécessaire à la prise en charge initiale. Une exérèse du complexe glande-canal affecté est cependant indiquée après la stabilisation de l’animal pour prévenir une récidive [3].
Un taux de récidives de 5 à 14 % est rapporté dans les données publiées, résultant souvent d’une résection incomplète de la partie polystomatique des glandes sublinguales située rostralement [2]. Cette complication peut être limitée par le retrait de la plus grande portion possible du canal, notamment via un passage dorsal au muscle digastrique qui permet l’accès le plus rostral possible [2]. Les complications postopératoires, en général mineures, atteignent un taux de 24 % et comprennent notamment un gonflement du site opératoire, une déhiscence ou un sérome. Pour la plupart, elles ne nécessitent pas de nouvelle intervention chirurgicale [2].
Conflit d’intérêts : Aucun