Respe
Auteur(s) : Xavier d’Ablon*, Loïc Legrand**, Anne Couroucé-Malblanc***, Christel Marcillaud-Pitel****
Fonctions :
*Coresponsable du collège “syndrome respiratoire aigu” (SRA)
**Vétérinaire praticien, Clinique vétérinaire de Deauville, 14220 Deauville
***Coresponsable du collège “syndrome respiratoire aigu” (SRA)
****Service de virologie, Laboratoire Frank Duncombe, 1, route de Rosel, 14280 Saint-Contest
*****Présidente du Conseil scientifique et technique du Respe
******Professeur de médecine interne des équidés, Oniris, École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation Nantes-Atlantique, 44307 Nantes
Cedex 3
*******Directeur du Respe
Actif depuis 1999, le Réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine (Respe) est le premier réseau européen au service de l’ensemble de la filière équine. Il comporte plus de 420 vétérinaires sentinelles (VS) répartis dans la France entière (figure 1). À la suite de l’épisode d’artérite virale équine survenu en 2007, la nécessité de disposer d’informations fiables et chiffrées presque en temps réel et d’une structure réactive capable de suivre l’évolution d’une situation épidémiologique a conduit à son développement. Le Respe est ainsi devenu, le 8 avril 2008, un réseau indépendant (association loi 1901) de veille et d’alerte sanitaires. Il accueille désormais, aux côtés des vétérinaires, des représentants socio-professionnels de toute la filière équine.
Il assure, d’une part, la veille sanitaire des maladies équines présentant une contagiosité importante ou un risque sanitaire ou économique majeur, comme la grippe ou la rhinopneumonie. Cette mission est assurée par cinq collèges :
– le collège “syndrome respiratoire aigu” (SRA) ;
– le collège “avortement” ;
– le collège “syndrome nerveux” ;
– le collège “myopathie atypique” ;
– le collège “prévention sanitaire.
D’autre part, le Respe gère les crises sanitaires, hors les maladies dites réglementées, grâce à son réseau d’alerte et à la constitution d’une cellule (cas des foyers de grippe au printemps 2012 dans la filière sport, par exemple).
Pour mener à bien ses tâches, le Respe dispose d’intervenants répartis sur l’ensemble du territoire national : les vétérinaires sentinelles. Ils constituent le cœur du système en assurant la collecte des informations. Ces praticiens volontaires s’engagent à respecter des règles de participation en signant une charte d’adhésion. Ils doivent alors déclarer toutes les suspicions de maladies suivies par les sous-réseaux du Respe ou, hors les sous-réseaux, toute situation sanitaire anormale. Les VS ont pour rôle principal de transmettre une déclaration en ligne (www.respe.net) au Respe, ainsi que des prélèvements à un laboratoire partenaire, quand les cas se présentent, dans le respect du protocole du sous-réseau spécialisé. Les résultats des analyses sont adressés au Respe et aux VS. En cas de résultat positif (détection d’un agent pathogène), le Respe est prévenu dans les meilleurs délais par le laboratoire, ce qui permet la diffusion d’une alerte anonyme presque en temps réel à l’ensemble de ses contacts.
Rapidement informés, ces derniers sont ainsi appelés à la vigilance et peuvent mettre en place, si nécessaire, des mesures adaptées.
Le sous-réseau “syndrome respiratoire aigu” existe depuis la création du Respe, en 1999. Il surveille la grippe et la rhinopneumonie (ou infection à herpèsvirus équin, HVE) sous leurs formes respiratoires (maladies virales aiguës, MVA). En mai 2006, un sous-réseau “gourme”, une maladie bactérienne contagieuse, se met en place. Ces deux sous-réseaux ont fusionné en 2010 (deux fiches de déclaration distinctes : une pour les MVA et une pour la gourme) (figure 2).
Les objectifs du sous-réseau SRA sont :
– d’alerter lors de l’évolution d’épizooties ;
– de déterminer l’incidence de la grippe, de la rhinopneumonie (HVE-1 et HVE-4) et de la gourme ;
– de surveiller les caractéristiques génomique des différents virus ou bactéries (notamment la grippe, comme c’est le cas dans l’espèce humaine) ;
– et, enfin, d’apprécier l’efficacité des protocoles vaccinaux et vaccins.
Ce sous-réseau, le plus actif en termes de déclarations (mais aussi le plus ancien au sein du Respe), a permis de recenser 431 déclarations en 2012 (contre 518 en 2011), soit 491 chevaux symptomatiques enregistrés. Quarante-neuf chevaux (11,3 %) se sont révélés positifs : 30 pour HVE-4 (61,2 %), 15 pour la grippe (30,5 %), répartis dans 13 foyers différents, et 4 pour HVE-1 (8,1 %) (encadré).
Durant les années 2011 et 2012, une baisse notable du nombre de déclarations de la maladie a été observée, correspondant très certainement à l’arrêt temporaire de la prise en charge du coût des analyses. Des foyers de gourme ont été identifiés sur les 6 premiers mois de l’année.
Ainsi, en 2012, seulement 34 déclarations et 5 cas positifs ont-ils été recensés. Le premier trimestre 2013, avec le retour d’une prise en charge des analyses par le Respe, connaît une augmentation des déclarations. Rappelons que la gourme reste enzootique en France.
Ce sous-réseau concerne les épisodes de gourme dans sa forme aiguë classique.
Les prélèvements sont effectués de préférence chez les chevaux hyperthermiques en phase de sécrétion nasale purulente, soit 2 à 3 jours après le début de l’hyperthermie. Après 3 semaines de maladie, ils ne sont plus pris en compte par le réseau.
En cas de forme fruste de gourme, il convient de choisir 2 ou 3 chevaux à des stades différents de l’affection. Le Respe ne prend pas en charge plus de 4 individus par foyer.
L’écouvillon naso-pharyngé est l’échantillon de référence (photo). Du pus en provenance d’un abcès ou d’un nœud lymphatique abcédé (écouvillon classique) peut aussi être recueilli.
• Le ou les cas sont déclarés en ligne, sur www.respe.net.
• L’écouvillon est placé dans un milieu de transport pour bactériologie (type Amies), pour une expédition rapide.
• Le prélèvement est destiné à l’identification de S. equi par PCR au Laboratoire Frank Duncombe, 1, route de Rosel, 14280 Saint-Contest. Les analyses sont prises en charge à 50 % par le Respe.
Les auteurs remercient l’ensemble des vétérinaires sentinelles pour leur enthousiasme et le rôle majeur qu’ils assurent quotidiennement sur le terrain.
Pour participer au réseau et à la surveillance sanitaire, il vous suffit de contacter le Respe par téléphone au 02 31 57 24 88 ou par mail à l’adresse contact@respe.net
→ À la fin du printemps 2012, plusieurs épisodes de grippe équine se sont succédé dans le Grand-Ouest et en Île-de-France. Au total, 8 foyers ont été recensés entre le 4 mai et le 15 juin. Ils ont touché principalement la filière sport, de haut niveau au départ, puis de niveaux régional et local. Les symptômes observés ont été une toux, un jetage et une hyperthermie. Plusieurs centaines de chevaux ont présenté des signes cliniques plus ou moins marqués selon leur âge, leur statut vaccinal et, potentiellement, leur sensibilité individuelle. Les effectifs étaient vaccinés annuellement pour la majorité, voire deux fois par an, mais la population âgée de moins de 3 ans n’était pas toujours couverte par cette vaccination. L’enquête épidémiologique, associée au typage génomique des souches virales, a permis d’identifier deux épizooties distinctes (respectivement quatre et deux foyers), ainsi que deux foyers isolés. Pour les épizooties, le virus a circulé à la faveur de concours pendant cette période très riche en manifestations équestres.
→ Grâce au Respe et à sa cellule de crise, qui a su réagir et préconiser rapidement des mesures, aux socio-professionnels et aux vétérinaires qui les ont appliquées efficacement sur le terrain (annulation et report de concours, contrôles renforcés à l’arrivée des participants, etc.), l’extension de la maladie a pu être limitée. L’épisode a été considérée comme clos le 9 juillet 2012.