La visite vétérinaire de transaction du cheval de concours complet

La visite d’achat, ou plus précisément la visite vétérinaire de transaction (VVT), désigne l’expertise de la santé d’un cheval réalisée par un praticien à l’occasion d’une transaction. C’est devenu un exercice de style incontournable de l’activité du vétérinaire équin, qui est plus ou moins redouté car il est une source de litiges potentiels entre le praticien et son client. Le propos de cet article n’est pas de présenter la VVT du cheval dans tous ses états, mais, après quelques rappels indispensables à la bonne compréhension, d’expliquer les particularités de cette visite dans le cadre de l’achat d’un cheval de concours complet. Il existe assez peu de références spécifiques sur la VVT du cheval de concours complet et cet article reflète largement l’expérience de l’auteur.

Problématique

Le vétérinaire agit comme un expert de la santé du cheval. Il établit un constat de celle-ci au jour de la vente, lequel est adapté au contexte (acheter un cheval de concours complet) et aux attentes de l’acheteur (niveau, achat commercial). Il donne un avis éclairé concernant l’impact de cet examen sur l’avenir du cheval de façon à permettre à l’acheteur de prendre une décision éclairée. Le vétérinaire agit en tant que professionnel de santé, pas comme juriste. Ses devoirs et responsabilités sont identiques à ceux de son exercice en général. Il est cependant un tiers identifiable et solvable, ce qui implique certaines précautions. Ainsi, l’acheteur doit clairement expliciter les moyens dont il souhaite la mise en œuvre. L’usage attendu du cheval doit également être précisé [⁴, ⁶].

Le vétérinaire doit connaître a minima la discipline, son impact sur la santé du cheval et la tolérance qui peut être attendue des principales lésions susceptibles de l’affecter [¹-³]. Cette connaissance doit être d’autant plus pointue que l’enjeu de la vente est élevé. Le précédent numéro spécial de Pratique vétérinaire équine, en 2011, avait pour thème le cheval de concours complet, et le lecteur y trouvera de nombreuses informations tant sur la discipline que sur les intervenants vétérinaires, le travail du cheval et les affections qui lui sont propres (^{photos 1a} à ^1c)⁽¹⁾.

La visite doit donc permettre d’éliminer les affections médicales (maladies respiratoires sévères, etc.), ainsi que les troubles locomoteurs (maladie naviculaire, défaut d’aplomb très sévère, etc.) qui sont difficilement tolérés par le cheval. Les dominantes en pathologie locomotrice doivent être connues, recherchées, et leur tolérance est évaluée (encadré 1) [¹].

Si le vétérinaire doit s’efforcer de déterminer si l’animal qui lui est présenté est un cheval de concours complet, il doit garder à l’esprit que son client, lui, espère acheter un “bon” cheval de concours complet. Qu’est-ce donc qu’un bon cheval de concours complet ? Une liste de qualités assez impressionnante est établie : courageux, assez froid, avec du sang, une belle galopade, de belles allures naturelles, une bonne conformation, une bonne constitution, un bon coup de saut, un cheval qui voyage bien, qui mange en concours, un animal bien dressé, bien préparé, bien présenté, un bon parcours, etc.

À l’évidence, une grande part de ces qualités n’ont pas à être soumises à l’appréciation du vétérinaire. L’acheteur doit donc être assisté d’un professionnel de la discipline pour l’appréciation de la qualité substantielle du cheval, a priori le coach de l’acheteur, dont l’intervention doit être consignée.

Déroulement de la visite

Avant de commencer la visite, le vétérinaire doit :

– identifier l’acheteur ;

– vérifier ses attentes, le prix du cheval ;

– proposer les examens ;

– définir le mode de communication ;

– déterminer les modalités du paiement ;

– communiquer avec le conseil technique ;

– identifier le vendeur.

Compte tenu de ces questions préalables, le vétérinaire peut se demander s’il est la bonne personne pour effectuer cette visite. Il convient qu’il vérifie l’adéquation entre le niveau et les particularités de la transaction et sa connaissance de la discipline, sa couverture de responsabilité civile professionnelle (RCP), ainsi que l’absence de conflit d’intérêts (ce qui se produit assez facilement lorsque le vétérinaire est celui du vendeur) [⁴, ⁶].

Le schéma directeur de la visite est celui de toute VVT (encadré 2).

Examen cardio-respiratoire

Les informations de l’examen cardio-respiratoire doivent être minutieu­sement relevées et confrontées à la récupération du cheval pour décider d’éventuelles investigations à la recherche de toute affection susceptible d’entraîner une intolérance à l’effort. En effet, de nombreuses maladies potentiellement limitantes évoluent d’abord sur un...