Quand Internet et la technologie bousculent la médecine vétérinaire équine - Pratique Vétérinaire Equine n° 200 du 01/10/2018
Pratique Vétérinaire Equine n° 200 du 01/10/2018

Évolution du métier

Dossier

Le cheval connecté

Auteur(s) : Claire Scicluna

Fonctions : Clinique vétérinaire
du Plessis
Avenue Foch
60300 Chamant

Lorsque de nouvelles technologies se développent, le vétérinaire doit adapter sa pratique. pour rester au cœur du système.

Depuis 30 ans, l’essor de la technologie et de l’informatique n’a pas cessé de révolutionner la pratique de la chirurgie et de la médecine vétérinaires, à tel point qu’il a permis évolution et progrès dans les soins prodigués aux animaux traités.

Sans aucun doute, le cheval, espèce mineure du point de vue réglementaire, tient une place majeure dans l’avènement de ces avancées médicales. En effet, il suscite toujours l’attention des inventeurs et autres chercheurs pour le développement et l’application de techniques visant à améliorer diagnostics et traitements au quotidien.

Le vétérinaire se doit d’être un acteur à part entière au cœur de la santé connectée et de saisir l’opportunité de mettre en place un suivi médical en temps réel à distance, et d’éviter de se laisser distancer et ignorer par d’autres acteurs qui sont déjà sur le créneau.

Le vétérinaire connecté et son smartphone

Le parcours du cheval dans la structure vétérinaire connectée passe par le praticien et sa capacité à communiquer.

Le smartphone est sans aucun doute l’un des outils les plus accessibles ayant révolutionné la pratique vétérinaire en médecine équine (encadré). Il est devenu l’outil indispensable du vétérinaire équin, sa base de travail et de communication, quelle que soit la structure dans laquelle il pratique.

Smartphone : outil de communication

Communication entre confrères

Le smartphone a révolutionné la démarche de prise de décision thérapeutique par le chirurgien. Il permet une communication entre ce dernier et le vétérinaire de terrain : face à un cas clinique, dans le cadre d’une demande urgente ou non, la communication entre le vétérinaire de terrain et le chirurgien est facilitée par l’utilisation d’applications comme WhatsApp. Grâce à ce type d’outils, des commémoratifs précis peuvent être envoyés rapidement et associés à des photos, des films, des clichés radiographiques ou d’IRM (imagerie par résonance magnétique), des échographies, des analyses de laboratoire, etc. Un simple échange téléphonique complété, si besoin, par un appel vidéo permet d’affiner la communication et d’éviter erreurs et incompréhensions. De la même manière, dans la phase postopératoire, la communication est facilitée et peut se faire devant l’animal, avec vision en direct : c’est là déjà une forme de télémédecine vétérinaire.

Consultation des données publiées

Grâce aux smartphones et aux tablettes, des outils tels que Pubmed ou IVIS sont désormais facilement consultables de n’importe où, à condition de disposer d’un réseau suffisant et d’une connaissance élémentaire de l’anglais scientifique (en effet, la majorité des articles sont en langue anglaise).

Les comptes rendus et les conférences vidéo des congrès sont également d’excellentes sources d’information. En chirurgie équine, seuls trois congrès répondent à un haut standard : l’ECVS, l’ACVS et l’AAEP(1). Toute information issue d’un autre congrès doit être prise avec réserve. Des sites d’aide sont également à disposition, comme celui de l’AO pour la chirurgie orthopédique ; il est d’ailleurs regrettable que l’équivalent n’existe pas pour la chirurgie abdominale et d’oto-rhino-laryngologie.

Ces sources d’information sont une aide précieuse au diagnostic, à la prise de décision chirurgicale et au choix de la technique à employer.

Consultation d’experts / aide des experts

Le chirurgien peut utiliser son expérience propre, mais il peut également consulter l’avis de confrères chirurgiens experts qui sont joignables n’importe où grâce à leur smartphone. Cette consultation entre dans le cadre de la télémédecine.

Communication avec la structure

Le smartphone du vétérinaire équin lui permet de rester en communication permanente avec sa structure, quelle qu’en soit sa nature.

En effet, si tout cabinet, clinique ou centre hospitalier s’entend au titre d’“établissement de soins”, le vétérinaire solo itinérant peut maintenant, lui aussi, revendiquer sa propre structure virtuelle. En effet, grâce à Internet, la consultation de tous les dossiers médicaux ou comptables peut désormais se faire par accès direct ou via un nuage privé (cloud) à distance et à tout moment.

Les récents progrès de la connectivité entre appareils de la même marque permettent de consulter hors réseau les fichiers et les dernières pages web consultés de l’ordinateur ou de la tablette sur le téléphone et vice versa.

La vraie difficulté de cette hyperconnectivité facilitée réside maintenant dans l’immédiateté : en plus de son travail de clinicien, le vétérinaire doit pouvoir interpréter et compiler les données issues de l’examen ou arrivées directement par téléphone ou par e-mail et répondre à un client de plus en plus impatient d’obtenir images, diagnostic et traitement, sans parler du résultat.

Communication avec les clients

Le smartphone est sans aucun doute la manière la plus simple de mettre en place une forme de télémédecine avec ses clients.

Un usage débridé du smartphone, avec sollicitations en tout genre et à toute heure, par les clients, peut vite conduire à des abus, et mettre le praticien dans une position délicate. Des règles claires applicables à la télémédecine doivent être mises en place, avec notamment l’obligation de disposer de plateformes qui garantissent la confidentialité, la véracité et la traçabilité, et qui, pourquoi pas, assurent le paiement. Des solutions ont déjà été développées. Elles sont opérationnelles, mais leur utilisation est conditionnée à l’autorisation légale de la télémédecine vétérinaire en France, ce qui n’est pas encore le cas.

Smartphone : outil d’aide au diagnostic et à la décision thérapeutique

Par le biais des applications disponibles, le vétérinaire peut utiliser le smartphone ou les tablettes comme outils d’aide au diagnostic et à la décision thérapeutique (photo 1).

Sont désormais possibles ou presque :

- la réalisation d’examens complémentaires par objets connectés interposés ;

- l’assistance au diagnostic et à la décision thérapeutique par des applications évolutives, grâce à des algorithmes créés sur la base d’arbres décisionnels élaborés et validés entre bibliographie et pratique par des groupes techniques ou d’experts.

Objets connectés et applications d’assistance au diagnostic

En matière d’objets connectés, sont désormais utilisables chez le cheval plusieurs outils qui lui sont dédiés pour la mesure ponctuelle ou répétitive de données sur :

- la qualité de la locomotion (symétrie et amplitude) ;

- la qualité du travail (durée et intensité) ;

- l’activité cardiaque (fréquence et variabilité) ;

- la sudation ;

- la récupération sportive ;

- le mouvement et la mobilité (quantité et qualité).

Non destinées spécifiquement aux chevaux, certaines autres applications peuvent avoir un intérêt en s’ajoutant à la liste des données complémentaires au diagnostic :

- mesure de la température corporelle et cutanée ;

- électrocardiogramme ;

- oxymétrie de pouls ;

- pression artérielle ;

- auscultation.

Si l’acquisition des données est aisée dès lors que l’objet est connecté au smartphone ou à la tablette (ce qui n’est pas toujours si facile), l’analyse et l’interprétation de celles-ci sont plus délicates et conditionnées à l’existence d’algorithmes préalablement développés. Les applications les plus utiles et les plus fiables seront clairement identifiées et référencées comme telles après validation clinique.

Aide à la prestation et à la décision thérapeutique

La décision thérapeutique passe par l’intégration de données acquises dans des arbres décisionnels établis en amont par l’analyse de données massives, fiables et interprétables, nommées smartdatas.

Certaines applications, à l’instar des livres de référence, permettent désormais, en médecine humaine et vétérinaire, d’orienter le diagnostic et la décision thérapeutique par l’interprétation des données mesurées. Elles seront plus nombreuses et variées dans tous les domaines, mais surtout elles intégreront des algorithmes puissants faisant appel à l’intelligence artificielle qui s’enrichit et apprend des données collectées pour affiner les propositions, en réponse à la question soumise.

Un outil collaboratif et évolutif aussi au service du cheval ? Oui, certainement, sans oublier que la qualité d’un algorithme dépend de la définition de son objectif et de la précision des données, ce qui s’apparente à de l’evidence-based medicine (EBM). Le praticien a un rôle déterminant et doit en avoir conscience. La qualité de l’évolution de l’algorithme dépend de la qualité de ses observations.

Que ce soit pour les signes cliniques, les analyses de laboratoire ou autres examens complémentaires dont l’imagerie, nul doute que ce type d’outils profitera au vétérinaire pour un meilleur diagnostic, mais aussi et surtout au cheval pour la prévention des maladies et une meilleure santé.

Les réseaux d’épidémiosurveillance comme le Respe(3) ont certainement une carte à jouer, étant donné leur longueur d’avance dans la récolte des informations de terrain dans ce domaine.

Le cheval connecté dans la structure

Entre identification électronique et nécessité de surveillance plus ou moins rapprochée pour le sport ou la maladie, le cheval est sans aucun doute le premier animal, hors élevage industriel, à être entré dans l’ère de la médecine connectée vétérinaire.

Puce électronique ou transpondeur

Bien que la puce électronique ait été mise en place pour l’identification du cheval, d’autres fonctions peuvent aujourd’hui lui être attribuées (photo 2).

Identification et traçabilité

Avec l’identification électronique du cheval obligatoire en France et en Europe, le cheval est devenu le premier animal connecté de la planète, mais pourtant pas dans toutes les régions du globe.

Depuis 2008 en France, le numéro de puce permet l’identification unique de chaque cheval de manière sécurisée et fiable par l’implantation d’un transpondeur dans l’encolure. La gestion des numéros et de leur attribution aux chevaux est entièrement gérée et centralisée par le Sire(4). Si le système est opérationnel et performant en France, il n’existe pour le moment pas d’équivalent en Europe, ce qui ne simplifie pas la traçabilité des chevaux, notamment le recensement et les mouvements d’animaux, le contrôle lors d’événements sportifs ou encore les traitements médicamenteux.

À l’échelle mondiale, les choses ne sont pas plus simples. Aux États-Unis, par exemple, seule la société des courses des trotteurs a agréé, cette année, le système d’identification électronique.

L’arrivée d’outils de traçabilité sanitaire ou médicale du cheval (applications et autres fichiers centralisés de gestion de santé), dont la porte d’entrée est la puce d’identification, accélérera certainement le processus de mise en place de transpondeurs pour l’identification au travers du globe.

Température

Une nouvelle génération de puces électroniques permet désormais la mesure de la température corporelle par simple lecture.

Des études cliniques ont montré la fiabilité du suivi de la température des chevaux équipés de ces puces, ainsi que la corrélation des résultats obtenus avec la température rectale.

Comme pour le chien et le chat, une application dédiée permet le suivi de la température corporelle grâce à la lecture de la puce par un lecteur Bluetooth.

Ce moyen de suivi de la température chez le cheval est une innovation qui permet de mieux connaître les maladies qui l’affectent et d’en suivre le traitement. Sa facilité de mise en œuvre en fait un outil utilisable au quotidien par le propriétaire, qui peut aussi communiquer les données au vétérinaire via l’application et un site de centralisation des données.

Surveillance rapprochée du cheval

Outre la surveillance rapprochée par l’homme, la technologie offre de nombreuses possibilités de mesure et de récolte de données.

Surveillance humaine

L’homme est certainement le premier moyen de médecine connectée du cheval : il récupère les données de l’examen et les analyse pour établir un diagnostic avant de mettre en œuvre un traitement.

Au cours de son examen, le clinicien met généralement en œuvre quatre de ses cinq sens :

- la vue pour l’observation ;

- le toucher pour la palpation ;

- l’ouïe pour l’auscultation ;

- l’odorat pour les odeurs.

Il en est un supplémentaire : l’expérience, qui procède de l’acquis, du vécu, du ressenti, de la mémoire de chacun et qui s’enrichit à chaque visite.

La meilleure intelligence n’est-elle pas humaine avant d’être artificielle ?

Surveillance technique

À l’examen clinique du vétérinaire s’ajoute la possibilité pour lui d’obtenir plus d’informations en utilisant des appareils dotés de capteurs pour la récolte de données de mesure de tel ou tel paramètre utile pour compléter, orienter ou confirmer le diagnostic.

Désormais, les versions traditionnelles de bon nombre de moniteurs utilisés en routine en visite ont leur homologue en version électronique ou digitale, connecté en Bluetooth ou wifi.

Ainsi, stéthoscope, thermomètre, électrocardiogramme, oxymètre de pouls ou tensiomètre sont déjà disponibles.

Les valeurs, les sons et les tendances peuvent être enregistrés et faire l’objet d’analyses ou de comparaisons ultérieures.

L’usage de ces dispositifs pose des questions :

quid du surplus de travail en aval pour le vétérinaire ? Sans doute la revalorisation de l’acte prend-elle tout son intérêt ici ;

- comment faire en sorte que ces outils soient une contribution à l’apprentissage en continu, voire à la remise en cause permanente du praticien pour une meilleure médecine ? Le partage des données en vue d’analyses globales sera sans doute intéressant.

Imagerie connectée

L’imagerie n’échappe bien entendu pas au contexte de la médecine connectée.

Les évolutions technologiques, dont la miniaturisation, permettent d’éviter le transport du cheval à la clinique dans des situations où le déplacement de l’animal s’avère problématique. Radiographie, échographie et endoscopie ont désormais leur place dans le véhicule du praticien (photo 3).

De nouvelles questions se posent :

- la miniaturisation se fait-elle au détriment de la qualité ?

- la rapidité du service sur place et l’immédiateté du résultat apporté par l’image ne sont-elles pas génératrices d’erreurs d’interprétation, voire d’un sentiment de frustration en l’absence de diagnostic d’imagerie ?

C’est là toute l’opportunité des services d’expertise et de conseil à distance pour l’interprétation des images via messageries ou sites dédiés.

Les transports qui régissent les soins des chevaux ont définitivement changé : le mouvement concentrique vers la clinique des années 1990 à 2010 s’est transformé en un mouvement excentrique du vétérinaire à l’extérieur des établissements de soins, pour un exercice au chevet de l’animal malade.

Chirurgie connectée

La chirurgie est considérée comme une discipline manuelle, mais elle suit actuellement la même évolution et il est possible de parler de chirurgie 4.0. Son évolution a d’abord reposé sur de meilleures connaissances en anatomie, puis sur les avancées dans les domaines de la chirurgie reconstructive, des transplantations, puis de la chirurgie mini-invasive. Ce pas en avant se poursuit aujourd’hui avec l’introduction des nouvelles technologies et méthodologies telles que les objets connectés (Internet of things, IoT), des machines intelligentes utilisant des algorithmes afin d’améliorer la qualité, l’efficience et les résultats de l’acte chirurgical. Cette chirurgie 4.0 permet de se référer en temps réel aux données de la médecine factuelle, d’avoir de nouveaux outils de mesure permettant de prendre des décisions peropératoires pertinentes et de pouvoir vérifier ensuite la réelle pertinence de ces décisions. Les smart intraoperative assistance systems ou surgical data systems (SDS), qui ne sont pas seulement des ordinateurs d’aide à la chirurgie, mais aussi des systèmes intégrants des algorythmes auto-autoapprenants, peuvent coacher le chirurgien en phase peropératoire. L’intelligence artificielle n’est pas là pour remplacer l’homme, mais pour communiquer avec lui afin d’améliorer sa performance chirurgicale (agression moindre des tissus, douleur limitée et récupération rapide).

Imagerie et chirurgie

En radiographie sont apparus sur le marché des capteurs plans qui communiquent en wifi avec un ordinateur ou une tablette. La même évolution est en train de s’opérer avec l’échographie. Cela permet au chirurgien de prendre des images radiographiques ou échographiques durant l’intervention et de les avoir immédiatement sur un écran. Ces outils représentent une aide supplémentaire, à coté de l’amplificateur de brillance, pour la chirurgie des fractures et des articulations.

Les images de scanner qu’il est possible d’acquérir en phase peropératoire sont une aide précieuse à la décision et aux gestes chirurgicaux. En médecine humaine, on parle de “chirurgie assistée par ordinateur” ou de “geste médico-chirurgical assisté par ordinateur”. Sont regroupés dans cette catégorie tous les éléments qui peuvent assister le chirurgien dans la sélection d’une stratégie optimale pour réaliser un acte chirurgical. À partir d’images issues d’une technique d’imagerie médicale, une représentation virtuelle peut être créée en trois dimensions. Le scanner, y compris la technologie Beam CT, est préféré à l’IRM qui peut être à l’origine de déformations non conformes à la réalité, lors de la reconstruction en trois dimensions. Le développement de la chirurgie équine repose sur la performance des techniques d’acquisition d’images, sur leur miniaturisation et leur connectivité. Ces techniques permettront un meilleur enseignement de la chirurgie, une meilleure planification et une réalisation optimale des interventions.

Instruments intelligents

Le Ligasure® a transformé la réalisation de la chirurgie équine laparoscopique, en permettant l’hémostase et la section des gros vaisseaux sanguins. Il est fondé sur la coagulation bipolaire, en délivrant au vaisseau un courant élevé (4 A) et un faible voltage (200 V). L’élévation thermique engendrée entraîne une dénaturation du collagène et de l’élastine de la paroi vasculaire. La force appliquée aux tissus par les mors de la pince comprime les parois du vaisseau, qui est occlus par fusion. Le générateur mesure l’impédance et la résistance au contact de l’électrode et cesse automatiquement de délivrer l’énergie, une fois cette fusion atteinte.

Surveillance à distance du cheval

La surveillance à distance s’exerce en premier lieu par le biais de caméras, mais aussi de capteurs positionnés sur le cheval : c’est la télémétrie.

Les données ainsi collectées peuvent être envoyées sur un serveur et partagées selon les besoins.

Caméras

Si les caméras ont dû leur essor à la surveillance pour la sécurité des lieux, leur usage a très vite été adopté par les cliniques vétérinaires équines pour la surveillance des chevaux hospitalisés. En effet, la possibilité de visionner à distance la position (debout ou couché), les mouvements et les attitudes du cheval (agité ou calme) a permis de libérer le vétérinaire de sa présence physique près de l’animal malade.

Là encore, les avancées de la technologie audiovisuelle ont été telles, en 25 ans, que les distances de surveillance se sont multipliées en même temps que les prix des caméras se sont effondrés, rendant l’outil non seulement abordable, mais presque incontournable pour les établissements concernés.

Les systèmes permettent la consultation des images de plusieurs caméras, d’écouter les bruits, de modifier l’angle de vue par rotation ou zoom de la caméra pilotable à distance. L’option infrarouge évite de laisser la lumière dans le box la nuit et le détecteur de mouvement peut être utile pour préserver l’autonomie d’une caméra sur batterie.

Alors qu’une toute nouvelle caméra dédiée aux petits animaux arrive sur le marché et propose, outre la vidéosurveillance avec partage des vues en réseau, la distribution commandée à distance d’aliments, un système d’interactivité par pointeur laser et même la voix, nul doute que l’analyse du mouvement et la mise au point de systèmes d’alerte associés font partie de la prochaine étape de la vidéosurveillance des chevaux hospitalisés.

Télémétrie

La télémétrie est la transmission à distance de données sur l’animal équipé de capteurs.

Les capteurs sont le plus souvent reliés aux machines à proximité par un système filaire, mais les capteurs sans fil se développent aussi peu à peu pour le cheval.

Les valeurs des paramètres mesurés sont enregistrées localement et transmises simultanément à une centrale informatique capable de prendre en compte un ou plusieurs animaux sur un ou plusieurs écrans.

La centralisation des données se fait ainsi en réseau local, mais peut désormais être tout aussi facilement externalisée, grâce à un partage de données via Internet. Ce partage, par le biais des nouveaux systèmes de communication, permet la télésurveillance.

Anesthésie et soins intensifs sont les secteurs dans lesquels ces systèmes prennent tout leur sens en clinique équine, notamment pour les paramètres cardiovasculaires et respiratoires.

Ces moniteurs permettent un meilleur suivi médical permanent et contrôlé (alarmes), et facilitent la récolte des données médicales.

Le coût et la disponibilité d’un matériel adapté au cheval sont toutefois des freins pour l’utilisation de tels systèmes au quotidien.

La structure vétérinaire connectée

La structure vétérinaire connectée est une entreprise de communication pour l’entrée, la sortie et l’archivage d’informations destinés à alimenter des dossiers médicaux et des registres obligatoires, mais aussi pour le suivi sanitaire, la transmission de données lors de déclarations officielles ou la récupération d’autres données dans le cadre d’études ou de recherches cliniques, le tout en un temps record.

Grâce à de tels systèmes, les animaux malades sont suivis dans l’évolution de leur traitement, mais les chevaux bien portants peuvent également être surveillés avec, pour objectifs, la prévention et l’intervention précoce.

Conclusion

Afin d’atteindre les objectifs de cette médecine assistée pour une meilleure santé finalement plus rapprochée, le système ne peut être efficace sans une connectivité et une interaction à trois niveaux : le cheval, le vétérinaire (en solo ou en équipe) et sa structure (itinérante ou sédentaire).

Pour assurer son avenir et sa position de sachant, le vétérinaire a cependant toute légitimité à se trouver au cœur du système et à participer à son développement.

C’est l’ère d’une nouvelle organisation, d’une nouvelle offre de services et d’une nouvelle économie pour un même métier qui se transforme : le vétérinaire équin connecté est dans les boîtes de départ.

Pour en savoir plus

1. Académie vétérinaire de France (AVF). Avis et rapport de l’AVF sur la télémédecine vétérinaire. Bulletin 2017;5. www.bit.ly/2QVydDi, www.bit.ly/2LftdV0

2. Le véto connecté (conférences de Chambrin JL, Leleu C, Urvoy J, Slove M, Scicluna C) - Compte rendu Avef Reims 2016:100-108.

3. Le véto dans les nuages (conférences de Guillaume O, Lajou L, Olejnik D, Cosnier A) - Compte rendu Avef Reims 2016:110-116.

  • (1) European College of Veterinary Surgeons, American College of Veterinary Surgeons, American Association of Equine Practitioners.

  • (3) Réseau d’épidémiosurveillance en pathologie équine.

  • (4) Système d’information relatif aux équidés.

CONFLIT D’INTÉRÊTS : Essais cliniques, recherche et développement chez Equ’Institut.

Éléments à retenir

• L’adaptation de la pratique vétérinaire ne passe plus seulement par la science et la technique médico-chirurgicales : la communication et l’intelligence artificielle sont la base de la médecine connectée et de la télémédecine de demain.

• Le développement de la télémédecine est une réelle opportunité pour le vétérinaire, qui peut rester le cœur d’une médecine nouvelle, plus participative et préventive.

• L’encadrement réglementaire des pratiques de télémédecine est en cours pour la sécurisation et la responsabilisation de toutes les parties.

• Le vétérinaire ne doit pas se priver des nouveaux outils, mais pour autant ne doit pas en devenir dépendant.

ENCADRÉ : Petite histoire du vétérinaire équin et de son téléphone

L’organisation du métier et la gestion des urgences en pratique équine n’ont pas toujours été ce qu’elles sont aujourd’hui. Ces quelques points rappelleront à ceux qui s’en souviennent des moments vécus et révéleront aux jeunes vétérinaires les contraintes des temps passés.

• Avant 1985 : le conjoint

L’une des contraintes majeures du vétérinaire équin des années 1980 était sans nul doute celle d’avoir un conjoint disponible pour rester au téléphone les jours de garde, et prendre les appels lorsque le praticien était déjà parti sur le terrain.

Petite précision qui va sans dire pour l’époque : le conjoint non rémunéré pour assurer le standard est une femme.

• 1985-1989 : le début des téléphones de voiture

Les vétérinaires équins renommés et suffisamment argentés de l’époque souriront sans doute à la lecture de l’annonce entendue maintes et maintes fois : « Radiocom 2000. Ne quittez pas, nous recherchons votre correspondant… ».

Grande évolution : le téléphone arrive dans le véhicule du vétérinaire. Il coûte cher, n’a pas toujours une couverture réseau satisfaisante, est fixé dans la voiture, mais il bouge avec elle.

Les assistants et les jeunes vétérinaires se contentent (dans les structures les plus modernes) d’un répondeur interrogeable à distance associé, pour les plus chanceux, à un boîtier qui leur signale qu’un message a été déposé : cabine téléphonique obligatoire en cas de déplacement.

• 1990-1995 : le téléphone portable

Le téléphone portable fait son apparition dans les années 1990 : le bien nommé pèse 5 kg, se voit gratifié d’une antenne de 20 cm et sa batterie offre une autonomie de seulement 1 à 2 heures. Mesdames les vétérinaires (encore peu nombreuses à cette époque), shopping à proscrire en cas de garde ou d’astreinte (pas de distinction en ce temps-là).

• 1995-2010 : le téléphone mobile

Le téléphone mobile de l’an 2000 se porte à la ceinture ou dans la poche et libère le vétérinaire équin moderne du XXIe siècle, qui doit toutefois sans cesse comparer les offres des opérateurs et choisir le forfait optimal pour ne pas hésiter à se servir de son nouvel outil, dont le numéro n’est divulgué qu’aux seuls clients VIP.

Entre 2000 et 2010, les téléphones rivalisent de miniaturisation et de progrès pour permettre l’écriture et l’envoi de textos et la prise de photos de qualité croissante. Le vétérinaire équin commence à s’en servir pour illustrer les cas, en suivre l’évolution ou questionner les confrères. Quelques modèles de téléphones permettent déjà l’accès à Internet.

• Depuis 2010 : le smartphone

Depuis 2010, le smartphone révolutionne la communication, l’échange et le partage des données. Le vétérinaire équin l’a bien compris et sait en tirer parti : le smartphone devient son outil de communication avec Internet, ses confrères, sa structure et ses clients.

Le smartphone devient aussi une contrainte et une opportunité pour le praticien en matière d’organisation de la continuité des soins.