Intérêt des compléments alimentaires “flash” le jour de la compétition - Pratique Vétérinaire Equine n° 223 du 01/10/2024
Pratique Vétérinaire Equine n° 223 du 01/10/2024

Cahier pratique

Fiche nutrition

Auteur(s) : Charles BARRÉ

Fonctions : 1 place de l’Église 72360 Verneil-le-Chétif

Assurer une bonne hydratation et un apport adéquat en électrolytes est une mesure essentielle pour optimiser la performance du cheval en compétition. En revanche, les compléments nutritionnels doivent être intégrés dans une stratégie à long terme pour maximiser leur efficacité.

De nombreux produits disponibles sur le marché visent à optimiser la préparation à l’effort et la récupération, voire à améliorer la performance. Certains, dits “flash”, suggèrent qu’une administration unique le jour de la compétition suffit à obtenir un gain de performance. Il est nécessaire de distinguer les revendications de l’efficacité réelle. Cette fiche se concentre sur les produits non dopants administrables par voie orale.

HYDRATATION, ÉLECTROLYTES ET RÉCUPÉRATION

L’hydratation est cruciale pour maintenir la volémie et la thermorégulation chez le cheval, jouant ainsi un rôle clé dans la performance. Le cheval dispose d’une réserve hydrique physiologique (ou “troisième secteur”) située dans le tube digestif (cæcum et côlon principalement), mobilisable en cas de déshydratation. En considérant que la quantité d’eau bue est dépendante de la quantité de matière sèche ingérée, la première mesure à prendre pour garantir une bonne hydratation du cheval est la fourniture ad libitum de fourrage. Les pertes minérales dues à une sudation importante, fréquentes lors d’efforts intenses, doivent être compensées pour une récupération rapide. Le sodium, le chlore et le potassium sont les principaux éléments à considérer, comme l’illustre la composition d’un litre de sueur chez le cheval (tableau) [1]. Les autres pertes peuvent être considérées comme anecdotiques dans l’immense majorité des cas si la ration de base est correctement établie. Avec un apport libéral en fourrage, le potassium est souvent excédentaire, ce qui rend la supplémentation rarement nécessaire. Le chlorure de sodium seul est de facto bien souvent suffisant pour la plupart des sports équestres. Cependant, pour des disciplines à forte sudation et de longue durée, telles que l’endurance et le marathon d’attelage, une supplémentation en chlorure de sodium et en chlorure de potassium se révèle avantageuse.

ANTIOXYDANTS, MINÉRAUX ET VITAMINES

La résistance à l’effort peut être améliorée grâce aux antioxydants. De nombreuses molécules sont impliquées dans la captation des radicaux libres produits par la contraction musculaire. Les vitamines A, C et E sont parmi celles qui peuvent être fournies via l’alimentation. Les apports en sélénium sont aussi importants puisque la glutathion peroxydase (sélénoprotéine) est une enzyme capitale pour la protection contre le stress oxydatif. Une supplémentation en antioxydants le jour de la compétition est bénéfique, mais insuffisante pour optimiser la performance et la récupération. En prenant en considération que l’intensité du travail demandé au cheval durant les phases d’entraînement devrait, en tout état de cause, être corrélée à l’effort à fournir en compétition, la supplémentation en antioxydants doit être envisagée sur un temps plus long. De même, lors de la phase de récupération, de bons niveaux d’apports doivent être maintenus au minimum quelques jours après la compétition pour maximiser l’efficacité. Pour les autres oligo-éléments et vitamines, une supplémentation ponctuelle le jour de la compétition ne compense pas un déséquilibre de la ration de base. Les mécanismes en jeu sont complexes, régulés et rétrorégulés (les oligo-éléments, par exemple, sont des cofacteurs enzymatiques), et nécessitent une approche à long terme. Une bonne connaissance des apports globaux de la ration de base est donc impérative pour ajuster convenablement ces éléments.

SURALIMENTATION ÉNERGÉTIQUE, MODIFICATEURS DE GLYCÉMIE ET BOOSTERS

Il peut être tentant d’augmenter l’apport énergétique de la ration le jour de la compétition pour pallier une éventuelle surconsommation de calories pendant l’épreuve. Cependant, selon la discipline considérée, le cheval et l’intensité de l’entraînement, la surconsommation énergétique n’est pas toujours aussi importante qu’il y paraît le jour de la compétition. Une augmentation brutale et transitoire de l’apport énergétique d’une ration ne garantit pas une meilleure performance, car les mécanismes métaboliques, tels que la recharge glycogénique, sont différents de ceux observés chez d’autres espèces. Si la compétition engendre une dépense calorique supplémentaire, il convient d’intégrer ce paramètre dans l’évaluation de la dépense énergétique mensuelle ou bimensuelle, et d’ajuster les rations en conséquence sur une période prolongée. Dans les années 2000, aux États-Unis, des essais sur l’administration de sucres hyperglycémiants juste avant la compétition n’ont pas montré de bénéfices significatifs, tant la réponse insulinique était imprévisible [3]. Nourrir un cheval juste avant l’épreuve avec une ration riche en amidon n’apparaît pas, à ce stade, comme une bonne pratique, d’autant que cela pourrait accroître le risque d’ulcères gastroduodénaux. Les produits “boosters” sont souvent constitués de minéraux, d’oligoéléments et de vitamines. Bien que leur appellation laisse à penser qu’ils augmentent la capacité physique des chevaux athlètes, aucune efficacité n’est prouvée sur une période courte.

ANTICIPER LA COMPÉTITION

La supplémentation ponctuelle n’est généralement pas pertinente, hormis l’administration d’électrolytes. La préparation à la compétition doit s’appuyer sur un entraînement adapté et une gestion nutritionnelle appropriée à long terme pour optimiser la performance. Les apports en minéraux, oligoéléments et vitamines doivent être ajustés bien avant la compétition et maintenus ensuite pour véritablement apporter un bénéfice. Cependant, quelques recommandations pratiques pour le jour du concours peuvent être fournies :

- distribuer du foin ad libitum pour optimiser la réserve hydrique du troisième secteur et limiter l’anxiété avant l’épreuve ;

- laisser une pierre à sel à disposition ou ajouter du sel à la ration ;

- assurer une disponibilité constante d’eau ;

- ne pas donner de gros repas de concentrés au cours des heures qui précèdent la compétition.

Références

  • 1. Coenen M. Exercise and stress: impact on adaptative processes involving water and electrolytes. Livest. Prod. Sci. 2005;92(2):131-145.
  • 2. National Research Council. Nutrient Requirements of Horses, 6th revised ed. National Academies Press. 2007:360p.
  • 3. Treiber KH, Hess TM, Kronfeld DS et coll. Glucose dynamics during exercise: dietary energy sources affect minimal model parameters in trained Arabian geldings during endurance exercise. Equine Vet. J. Suppl. 2006;(36):631-636.

Conflit d’intérêts

Aucun

Cette rubrique est réalisée en partenariat avec la commission Alimentation de l’Association vétérinaire équine française.