ANESTHÉSIE
Cahier scientifique
Revue de presse
Auteur(s) : Olivier LEVIONNOIS
Fonctions : Référent CAPdouleur équin Division d’anesthésie et de traitement de la douleur, faculté Vetsuisse, université de Berne (Suisse)
L’amélioration des protocoles d’associations médicamenteuses ainsi que la surveillance et le traitement des complications physiologiques telles que l’hypotension et l’hypoxémie relative ont rendu les phases intra-opératoires plus sûres. Cependant, les chevaux présentent un taux élevé de complications associées à l’anesthésie générale, notamment des blessures du système locomoteur durant la phase de réveil. Ces lésions peuvent être fatales ou mettre fin à la carrière du cheval. Malgré certaines pistes visant à améliorer la qualité du réveil des chevaux, le taux de mortalité pendant cette période critique n’a pas réellement changé au cours des 20 dernières années.
Le critère principal de la qualité du réveil est la coordination et le calme lors du passage de la position couchée à la position debout. Toute innovation dans ce domaine peut potentiellement changer significativement la donne. Plusieurs méthodes d’assistance ont été développées pour aider les chevaux à se relever après une anesthésie, allant du choix du sédatif à l’utilisation de systèmes de cordes et poulies en passant par l’amélioration de l’environnement (luminosité, bruits, texture du sol) ou de l’analgésie et la réduction de l’hypoxémie. Cependant, les données soutenant l’efficacité de ces méthodes sont rares. Une étude récente montre que l’assistance avec des cordes au niveau de la tête et de la queue améliore la qualité du réveil, sans pour autant prévenir les fractures ou d’autres lésions mortelles qui y sont associées. Ainsi, de nouvelles solutions doivent être envisagées.
Une équipe de chercheurs a mis au point un dispositif visant à minimiser le risque de blessures pendant le réveil des chevaux. Ce système d’assistance, via une ceinture contrôlée à l’aide d’un ordinateur, détecte une chute via des capteurs intégrés et applique une force corrective instantanée. Semblable à un treuil, le dispositif suspend le cheval grâce à un harnais thoracique bien ajusté. Sans le soulever, il ralentit sa chute. Si le cheval ne parvient pas à se stabiliser, le dispositif contrôle et freine sa descente, minimisant la prise de vitesse et ainsi le risque de chocs et de traumatismes.
L’étude inclut 20 chevaux répartis en deux groupes, dont l’un assisté par le nouveau dispositif (RED) et l’autre non assisté (FREE). Les résultats montrent une amélioration significative des scores de réveil pour le groupe RED par rapport au groupe FREE. Trois scores d’évaluation différents sont utilisés, et tous affichent de meilleurs résultats dans le groupe RED, indiquant un retour en position debout de meilleure qualité et plus sûre. L’évaluation d’un dispositif similaire simplifié, sans guidage informatisé mais disponible en Europe, est en cours. Le développement de technologies innovantes pourrait également faire progresser les techniques de suspension pour les chevaux immobilisés, douloureux ou fortement ataxiques, facilitant leur rééducation et pouvant même être appliquées à d’autres espèces.
Ce dispositif représente une avancée significative pour la sécurité des chevaux durant la phase de récupération postanesthésique. Pour les vétérinaires, son utilisation pourrait réduire les risques de blessures graves et améliorer la qualité des soins aux chevaux. Sa praticabilité en situation clinique est particulièrement intéressante. Bien que des ajustements soient encore nécessaires pour optimiser la performance du dispositif, les résultats actuels sont très encourageants pour l’avenir de l’anesthésie équine.