Cahier pratique
Fiche nutrition
Auteur(s) : Sarah PRADEAUD
Fonctions : Membre de la commission Alimentation de l’Avef
Meurthe-et-Moselle
Une alimentation équilibrée en fin de gestation est essentielle pour répondre aux besoins énergétiques liés à la croissance foetale sans favoriser une suralimentation.
À partir du neuvième mois de gestation, les besoins énergétiques de la poulinière augmentent considérablement. Le dernier trimestre représente donc un véritable défi, nécessitant un équilibre entre un apport énergétique suffisant et un volume de ration adapté, tout en prenant en compte une prise de poids moyenne de 6 à 8 % (photo).
Si elle est modérée, la dénutrition maternelle ne semble pas affecter la crois sance du poulain, que ce soit in utero ou dans la période postnatale précoce. En revanche, en cas de dénutrition sévère, la croissance in utero et le poids à la naissance du poulain peuvent être amoindris, malgré les adaptations placentaires. Une suralimentation tardive (à partir du huitième mois) ne semble pas altérer la croissance des poulains jusqu’à 3 mois. En revanche, l’obésité en début de gestation a des effets significatifs sur le développement embryonnaire et foetal. Selon une étude, l’obésité maternelle dès l’insémination est associée à une diminution de la sensibilité à l’insuline et à une concentration accrue de marqueurs inflammatoires dans le sang des juments en fin de gestation. Bien que cette condition n’ait pas affecté le poids de naissance ni la croissance des poulains jusqu’à au moins 18 mois, elle a entraîné une augmentation de l’inflammation systémique de bas grade jusqu’à l’âge de 6 mois, une réduction de leur sensibilité à l’insuline à 6 mois et à 18 mois, ainsi qu’une augmentation des lésions d’ostéochondrose observées à 12 mois [4].
Un état corporel insuffisant au moment du poulinage peut avoir des répercussions sur la lactation et la composition du lait. En effet, chez les juments maigres, la reconstitution des réserves corporelles prime sur la production de lait : près de 30 % de l’apport énergétique de la ration est alors consacré aux réserves. À l’inverse, chez les juments grasses, la majeure partie de l’énergie est utilisée pour la synthèse des lipides du lait. Ainsi, pour garantir une lactation optimale, la note d’état corporel de la jument en fin de gestation devrait être supérieure à 3,5 sur 5.
Les besoins énergétiques et protéiques augmentent progressivement pendant la gestation. Bien qu’ils soient similaires à ceux d’un cheval à l’entretien durant les 5 premiers mois, ils augmentent respectivement d’environ 35 % et de plus de 80 % au cours de la seconde moitié de la gestation (tableau). En fin de gestation, le foetus occupe une place importante dans l’abdomen de la jument, réduisant progressivement sa capacité d’ingestion. La ration doit donc être plus concentrée afin de fournir suffisamment d’énergie et de protéines dans un volume restreint. L’ajout d’huile ou d’aliments concentrés à la ration peut être une solution adaptée pour répondre à cet objectif. Afin d’assurer le développement optimal du foetus, il est essentiel de veiller à la qualité des protéines, déterminée par leur teneur en acides aminés essentiels. En particulier, les besoins en lysine augmentent de 80 % au cours de la seconde moitié de la gestation. En général, lorsque les besoins en lysine sont couverts, ceux des autres acides aminés essentiels le sont également.
Les minéraux et les vitamines jouent un rôle essentiel chez la jument gestante. Si son alimentation est insuffisante en minéraux, elle risque de perdre de la densité osseuse en raison de la mobilisation des minéraux contenus dans ses os. L’apport en calcium et en phosphore est généralement nécessaire, ces deux minéraux étant essentiels pour assurer la croissance osseuse du foetus. En effet, les besoins phosphocalciques sont multipliés par deux au cours de la seconde moitié de la gestation, avec des apports recommandés qui s’élèvent à 35 ou 40 g par jour pour le calcium et 25 g par jour pour le phosphore, le ratio entre les deux minéraux devant être compris entre 1,4 et 2 [3]. En fin de gestation, les besoins en magnésium, sodium, chlorure et potassium restent stables. En revanche, ceux en cuivre, zinc, manganèse, fer et sélénium augmentent de 20 %. Il est crucial de surveiller et de respecter les ratios entre ces éléments, car les oligoéléments, souvent cofacteurs enzymatiques, dépendent d’un équilibre précis pour une absorption optimale. Par exemple, un excès de calcium peut réduire l’absorption du zinc et du cuivre, tandis qu’un excès de zinc diminue également l’absorption du cuivre. Selon les recommandations actuelles du National Research Council, les besoins journaliers en cuivre et en zinc sont respectivement de 100 à 125 mg et de 400 mg [3]. Cependant, des études suggèrent que des apports en cuivre de 350 mg et en zinc de 800 à 1 000 mg par jour pourraient réduire l’incidence des troubles orthopédiques développementaux. Un ratio zinc/cuivre de 3,5 à 4,5 devrait être respecté dans tous les cas [1]. Les besoins en sélénium sont d’environ 1 mg par jour pour une jument de 500 kg. Les besoins en vitamines A et E augmentent de 60 %, ceux en vitamine D de 80 %. L’apport quotidien recommandé est de 30 000 UI de vitamine A, 3 300 UI de vitamine D et 500 UI de vitamine E pour une jument de selle d’environ 500 kg [3].
Aucun
Cette rubrique est réalisée en partenariat avec la commission Imagerie de l’Association vétérinaire équine française.