UNE RÉALITÉ COMPLEXE - Pratique Vétérinaire Equine n° 224 du 01/01/2025
Pratique Vétérinaire Equine n° 224 du 01/01/2025

Éditorial

Auteur(s) : Marianne DEPECKER*, Valérie DENIAU**, Daniel JEAN ***

Fonctions :
*membre de la commission Médecine interne de l’Association vétérinaire équine française
** membre de la commission Médecine interne de l’Association vétérinaire équine française
***professeur en médecine interne équine à l’université de Montréal (Canada)

Les maladies inflammatoires chroniques intestinales (Mici), fréquemment rencontrées en médecine équine, représentent encore un défisur les plans diagnostique et thérapeutique. Le dossier de ce numéro de Pratique vétérinaire équine porte sur cet ensemble d’affections caractérisées par une infiltration de la muqueuse et/ou de la sous-muqueuse intestinale par des cellules inflammatoires. Elles partagent une expression clinique peu spécifique qui inclut un amaigrissement, une diarrhée ou des coliques récurrentes. Si l’étiologie demeure mal élucidée, les facteurs environnementaux, alimentaires et immunitaires semblent jouer un rôle significatif. La prise en charge repose sur la gestion de ces facteurs, lorsqu’ils sont identifiables, ainsi que sur une alimentation adaptée et un recours aux anti-inflammatoires stéroïdiens. Dans certains cas, un traitement chirurgical se révèle nécessaire. Parmi les moyens diagnostiques à notre disposition, l’échographie abdominale est un outil précieux pour l’évaluation des Mici. Cette technique, non invasive et facilement réalisable, permet de visualiser les parois digestives, d’identifier des anomalies structurelles et de suivre l’évolution du traitement. Elle permet aussi d’exclure d’autres affections de l’appareil digestif qui s’accompagnent de signes cliniques similaires. Cependant, l’interprétation des images échographiques nécessite une bonne connaissance des variations physiologiques, notamment en ce qui concerne l’épaisseur des parois gastro-intestinales et la topographie abdominale. Le dernier article porte sur l’utilisation des biopsies digestives, qui constituent l’examen de référence pour confirmer le diagnostic de Mici et caractériser le type d’infiltration présente. Toutefois, cette méthode s’accompagne de limites d’interprétation. Les échantillons obtenus par voie duodénale ou par voie rectale peuvent être non représentatifs des lésions diffuses ou situées dans les couches plus profondes, ce qui peut conduire à une estimation imprécise de la gravité et de l’extension de l’infiltration. Ces limites soulignent la pertinence de standardiser les procédures de prélèvement et d’interprétation histopathologique, afin de réduire les imprécisions diagnostiques. Par ailleurs, des disparités dans la nomenclature des Mici équines compliquent encore la compréhension et la prise en charge de ces affections. Face à ces défis, une approche intégrée associant épidémiologie, imagerie et histopathologie s’impose. La standardisation des outils diagnostiques, combinée à une prise en compte des spécificités cliniques et histopathologiques, constitue une avancée essentielle pour mieux guider la prise en charge médicale et chirurgicale de ces affections complexes, ainsi que le pronostic.

Bonne lecture à tous !