Le bulletin épidémiologique Santé animale-Alimentation a publié un bilan du diagnostic du botulisme bovin en 2022, se basant sur les analyses réalisées par le laboratoire Anses de Ploufragan-Plouzané-Niort, l’institut Pasteur, et Labocea ploufragan. Le nombre de foyers confirmés est supérieur à ceux de la décennie précédente.
En 2022, 35 foyers de botulisme bovins ont été confirmés, pour 50 suspicions. Le nombre de foyers confirmés est supérieur à ce qui a été constaté sur la période 2009-2019, où en moyenne 10 cas par an étaient diagnostiqués, et en 2020 (21 cas confirmés) et 2021 (15 cas confirmés). Les types toxiniques détectés étaient pour le plupart le type D/C (84% des cas), et dans une moindre mesure les types C (11%) et C/D (5%). Ce dernier type est en effet « rarement détecté dans les foyers de botulisme bovin et en général plutôt associé aux épisodes cliniques de botulisme aviaire. » La majorité des foyers provenaient du grand Ouest, la Bretagne totalisant la moitié des cas collectés. Les foyers ont été confirmés tout au long de l’année.
Enquêtes épidémiologiquesSur 35 foyers confirmés, 14 ont fait l’objet d’une enquête complémentaire par l’analyse d’échantillons d’environnement. Pour 4 foyers, les échantillons n’ont pas permis de mettre en évidence Clostridium botulinum. Les 10 autres foyers impliquaient le type D/C. Des prélèvements réalisés dans un atelier volailles à proximité, ou au niveau de fumier de volaille à proximité des élevages bovins, ont mis en évidence C. botulinum. La présence de volailles à proximité est une voie de contamination importante des bovins par C. botulinum.
Trois hypothèses pour expliquer l’augmentation du nombre de casL’article suggère trois hypothèses qui pourraient expliquer l’augmentation du nombre de diagnostics de botulisme. En premier lieu, une amélioration des outils de diagnostic au laboratoire, à l’origine d’une meilleure détection de la bactérie. Ensuite, l’augmentation du portage asymptomatique de C. botulinum par les volailles, notamment le type D/C (les poulets de chair n’y semblent pas sensible), pourraient expliquer l’augmentation du nombre de foyers de botulisme bovin. Cette hypothèse supporterait donc l’importante de l’application de mesures de biosécurité pour prévenir les contaminations croisées entre différents ateliers, y compris quand ceux-ci sont proches voisins (et pas uniquement sur le même site). Enfin, la faune sauvage aviaire pourrait elle aussi constituer un réservoir de C. botulinum. L’étude note que le nombre maximal de foyers bovins a été rapporté pendant la période estivale, comme c’est le cas pour le botulisme en faune sauvage. Le dérèglement climatique pourrait favoriser une augmentation du nombre de cas de botulisme aviaire en faune sauvage, avec des transmissions aux bovins elles aussi augmentées.