Un récent arrêté a prolongé d’à peine quelques semaines le principe du financement de l’arrêt de l’élimination des poussins mâles en filière poules pondeuses. Un bras de fer est en cours entre deux distributeurs et le CNPO.
Le principe du financement du sexage in ovo – permettant la fin du broyage des poussins de la filière poules pondeuses – est dans une zone de forte turbulence. En cause : un changement de position pour certains des acteurs de l’aval, qui refusent de continuer selon les mêmes modalités, à savoir que la distribution absorbe une grande partie des surcoûts liés aux technologies de sexage mises en place chez les accouveurs.
L'affaire a débuté en septembre dernier : un communiqué de la Confédération française de l'aviculture (CFA-syndicat professionnel agricole) indiquait alors que deux fédérations de distributeurs avaient exprimé un non catégorique à un nouvel accord, qui devait théoriquement être rediscuté à cette période-là. Un tout récent arrêté en date du 6 février 2025 avait toutefois pu prolonger l'accord, mais seulement jusqu’au 28 février 2025.
Carrefour et Leclerc bloquent les discussionsLes tensions ne sont pas retombées, puisqu'un nouveau communiqué publié ce jour par la CFA indique que la Distribution a annulé sans prévenir sa venue à une réunion prévue ce mercredi 19 février pour avancer sur la question, en présence du Comité National pour la Promotion de l’Œuf (CNPO) et de la ministre de l'agriculture. « La Distribution avait conditionné le renouvellement de l'acord à un élargissement du financement. Une solution avait émergé (...) et devait être discutée avec la ministrer dans une réunion définitive ce mercredi », est-il précisé dans le communiqué. Pour la CFA, « c'est un manque de respect total (...) il est inenvisageable que les éleveurs payent les 40 millions d'euros de surcoût lié à l'ovosexage ». Dans ces conditions, elle demande aux conditionneurs d'oeufs « un arrêt total des livraisons vers les enseignes Carrefour et Leclerc, responsables de ce blocage. »
Un accord qui concerne uniquement les poussins de l’espèce Gallus gallusMalgré tout, il semble peu probable que cette situation fragilise la fin de l'arrêt du broyage des poussins, tous les accouveurs s’étant équipés en technologie de sexage. Mais elles pourraient illustrer les difficultés qu’il y aurait à élargir l’interdiction du broyage. En effet, à ce jour, seuls les poussins mâles des lignées de l'espèce Gallus gallus destinées à la production d'œufs de consommation dans les couvoirs sont concernés par l’interdiction de l’élimination. Aucune interdiction de broyage des canetons femelles n’a été prise par l’Etat. A noter aussi qu’il y a des exceptions à la règle de l’interdiction des poussins mâles : sont exclus les poussins utilisés à des fins scientifiques et pour l’alimentation animale, tout comme les poussins issus des souches de poules produisant des œufs à coquille blanche et souches traditionnelles (15% des poules pondeuses), en raison de contraintes techniques. Tous les poussins exclus du décret sont obligatoirement éliminés par gazage, et plus du tout par broyage.