La mise à mort doit être réalisée par gazage, et pas par broyage. Ce process était, en réalité, déjà mis en œuvre étant donné qu’il s’agit d’un marché pour les animaux de parcs zoologiques notamment, rapaces, reptiles….impliquant de disposer d’un corps en entier pour le nourrissage.
Un nouvel arrêté, en date du 7 novembre 2022, vient compléter la réglementation relative à la fin du broyage des poussins. Pour rappel, par décret du 5 février 2022, il avait été acté le principe de base de l’interdiction de la mise à mort des poussins des lignées de l’espèce Gallus gallus destinées à la production d’œufs de consommation issus de couvoirs. En clair, ce principe signifiait l’interdiction de broyage des poussins mâles, une pratique qui était appliquée dans la filière pondeuses, les mâles issus des entreprises de sélection-accouvage (appelé « frères » des poules) , n’ayant pas de débouchés économiques, tandis que les femelles sont destinées à être les futures poules pondeuses. Ce décret précisait toutefois qu’une mise à mort des poussins de cette filière restait possible dans le cadre de travaux scientifiques et pour l’alimentation animale. L’arrêté du 7 novembre, vient préciser les modalités de mise à mort pour les poussins utilisés pour l’alimentation animale : « elle ne peut être réalisée que par gazage », dit l'arrêté. Par ailleurs, il précise aussi que les poussins concernés sont ceux « de souches dont le sexe de l’embryon ne peut pas être déterminé selon une méthode basée sur la différence de couleur des plumes », en clair les souches de poules blanches.
Pas de sexage des souches blanches à ce stadeContacté par nos soins, Maxime Quentin, directeur scientifique de l’Institut technique des filières avicoles, cunicole et piscicole, l’Itavi, explique que les œufs issus des souches blanches, sont utilisés essentiellement pour le marché des ovoproduits. Les œufs blancs sont très peu consommés sous la forme d’œufs coquilles. En France, les souches blanches représentent un peu plus de 5 millions de femelles sur les 48 millions de poules de la filière pondeuse, soit environ 10 à 15 % des poules pondeuses de la filière. Le nombre de poussins mâles de souches blanches, qui naissent chaque année, est du même ordre de grandeur.
En pratique, pour ces souches blanches, il n’y aura pas besoin d’en passer par un sexage in-ovo (sauf exceptions pour certains marchés) : à l’éclosion, les femelles iront dans la filière ponte (pour alimenter le marché des ovoproduits), et les mâles seraient euthanasiés par gazage (caisson à CO2), puis surgelés, pour l’alimentation animale. Ce procédé de mise à mort était, en réalité, déjà mis en œuvre pour les animaux destinés à l’alimentation animale : en effet, ce débouché correspond surtout à l’alimentation des prédateurs carnivores type rapaces, reptiles…des parcs zoologiques notamment. Leur nourrissage implique forcément de disposer d’un corps en entier.
A contrario, les œufs issus des souches brunes, dont les poules pondeuses représentent environ 85 % du cheptel de ponte, passeront pas le sexage in-ovo. Les cinq couvoirs alimentant la filière ponte se sont déjà tous équipés de technologies de sexage.
Des textes pouvant évoluer avec l’amélioration des techniquesAvant la réglementation sur l’arrêt du broyage, le marché de l’alimentation animale utilisait essentiellement des souches brunes (mâles « bruns », « frères » des poules), et la France fournissait une quinzaine de millions de poussins sur les 35 millions poussins fournis à l’échelle européenne, souligne Maxime Quentin. De base, ce marché n’est pas à forte valeur ajoutée pour les opérateurs, eu égard les investissements pour le matériel de gazage et surgélation. Avec l’évolution de la réglementation, le marché de l’alimentation animale va donc se tarir côté France, avec une valorisation possible d’environ 5 millions de poussins de souche blanche. Sachant que ce marché était déjà déficitaire, notamment avec l’arrêt du broyage des poussins mâles en Allemagne.
A terme, ce marché pourrait totalement disparaître pour la France ? En effet, au moment de la rédaction des textes réglementaires, les technologies de sexage in-ovo applicables sur le terrain, ne permettaient pas de sexer les souches blanches. Depuis, il y a eu des évolutions techniques : à terme, toutes les souches pourraient donc être sexées, laissant la porte ouverte à une évolution des stratégies des filières et de la réglementation, réduisant de facto encore plus une mise à mort de poussins à la naissance.